Le zeugme du dimanche matin et de Bertrand Leclair

Surveillances, recueil collectif, 2016, couverture

«Un spectre sans identité ? Le parfait inconnu, je suis bien placé pour savoir que ça n’existe pas, un parfait inconnu — mais c’est une autre histoire, ça, on verra plus tard si j’ai le courage et encore de la mine, je n’ai plus l’habitude aussi, je finis par avoir des crampes à l’index.»

Bertrand Leclair, «Dimenticator», dans Surveillances, publie.net, 1996, 166 p., p. 83-97, p. 89.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Le baptême qui ne saurait attendre

Marc-André Dufour-Labbé, La soif que j’ai, 2024, couverture

Soit la phrase suivante, tirée du roman La soif que j’ai (2024) : «Accouche, qu’on le baptise» (p. 125).

Dans le français populaire du Québec, cette expression marque l’impatience : quelqu’un prend trop de temps pour arriver à l’essentiel; cette personne devrait se dépêcher.

À votre service.

P.-S.—À vue d’Oreille, la forme «Accouche, qu’on baptise» (sans «le») paraît plus courante, voire, plus sobrement encore, «Accouche».

 

Référence

Dufour-Labbé, Marc-André, La soif que j’ai. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2024, 139 p.

Le zeugme du dimanche matin et de François Hébert

François Hébert, Histoire de l’impossible pays, 1984, couverture

«On rapporta ses propos, ainsi que ses bras et ses jambes au roi. On enterra l’Ouaaa, son tronc dans un cercueil ordinaire, ses membres dans quatre petits coffres faits sur mesure et disposés de part et d’autre du plus grand.»

François Hébert, Histoire de l’impossible pays. Nommé Kzergptatl, de son roi Kztatzk premier et dernier et de l’ennemi de celui-ci le sinistre Hiccope 13 empereur du Hiccopiland. Roman, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, 187 p., p. 83.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Pierre Roberge

Pierre Roberge, le Dernier Rayon sur la gauche, 2024, couverture

«La bibliothèque est à peu près vide en ce début d’après-midi. L’animation reprendra de plus belle à la fin des classes. C’est sans doute la raison pour laquelle, dans ce silence relatif, l’ouverture de la porte principale attire notre attention. Sa fermeture feutrée est suivie d’un bruit lancinant de roues mal huilées et d’un amas de ferraille qui s’approche. Winnie et Tigrou tendent immédiatement l’oreille. J’ai l’impression qu’ils blêmissent tous les deux.»

«Le conseiller Landry plisse les yeux et tend l’oreille pour tenter de capter au moins quelques mots, mais c’est peine perdue. J’essaie de faire cesser la prestation de l’harmonie, mais le maître de musique n’a manifestement pas l’intention de s’interrompre avant la fin de la pièce et, comme il reste encore plusieurs pages à la partition devant lui, j’en déduis que nous devrons passer à l’intérieur de la bibliothèque si nous voulons nous entendre. En revenant vers le conseiller, je remarque que son garde du corps et lui ont levé les yeux au ciel et semblent observer attentivement quelque chose. Le drone du directeur !»

Pierre Roberge, le Dernier Rayon sur la gauche, Lanoraie, Les Éditions de l’Apothéose, 2024, 196 p. Édition numérique.

 

On trouve un compte rendu du roman ici.

L’oreille tendue de… François Hébert

François Hébert, Holyoke, 1978, couverture

«Avouez qu’il n’est pas facile pour un homme respectable qui se souvient d’avoir été un curé respectable d’avouer en public, un public il est vrai restreint à quatre personnes, mais tout de même : Qa pianote des doigts sur le comptoir, Aq tend une oreille distraite aux propos de Couillard, Luc Larivière se cache derrière les grandes feuilles du journal, qu’il lit à l’envers / Marie Dupont pensait aux bras de Pierre qui l’avait enlacée la veille / d’avouer que l’église, ç’avait commencé dans le presbytère et c’était sans doute venu de la boulangerie voisine, que l’église était infestée de blattes […].»

François Hébert, Holyoke. Les ongles noirs de Pierre. Roman, Montréal, Quinze, coll. «Prose entière», 1978, 300 p., p. 125.