L’oreille tendue de… Kev Lambert

Kev Lambert, les Sentiers de neige, 2024, couverture

«Avec les néons du plafond allumés, l’eau de l’aquarium paraît encore plus verte. La douillette d’Olivier git éventrée sur le sofa. Personne en vue. On s’approche prudemment des chambres du fond et on tend l’oreille. Geneviève et Oli sont en haut, dans le salon, on les a vus avant de descendre. Damien doit être aux toilettes, ça lui prend toujours une heure avant de sortir. La chambre rose de Geneviève est vide.»

Kev Lambert, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p., p. 217.

Que faire de sa connaissance ?

La Dame aux camélias, 1912

Perdre connaissance est à la portée de tout le monde.

Perdre sans connaissance ou venir sans connaissance ne semble guère se pratiquer que dans le français populaire du Québec.

«J’me sus promenée dans le quartier, j’ai été faire ma commande chez Provost. Monsieur Provost a failli perdre sans connaissance quand y m’a vue arriver !» (Survivre ! Survivre !, p. 1204)

«elle venait sans connaissance quand il se paquetait de même» (la Bête creuse, p. 652).

Dans certains cas, la perte de connaissance peut aller jusqu’à l’inconscience. Dans d’autres, comme dans la citation de la Bête creuse, sans connaissance n’est là que marquer l’ébahissement. Autre exemple :

«Quelque chose s’écroule. On est le 25 décembre. Zoey a oublié que c’est le jour où ses parents se l’échangent, le jour où il passe d’une famille à l’autre. Émie est sans connaissance, Zoey est distrait, toujours mêlé dans son horaire. Ils avaient des plans pour l’après-midi, pour la soirée, pour le lendemain…» (les Sentiers de neige, p. 224)

À votre service.

P.-S.—On ne confondra pas cette connaissance-là avec cette connaissance-ci.

 

Illustration : Sarah Bernhardt dans la Dame aux camélias (1912). Source : imdb.

 

Références

Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.

Lambert, Kev, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p.

Tremblay, Michel, Survivre ! Survivre !, dans la Diaspora des Desrosiers, Montréal et Arles, Leméac et Actes sud, coll. «Thesaurus», 2017, 1393 p., p. 1101-1251. Préface de Pierre Filion. Édition originale : 2014.

Qu’elle durcisse !

Moustache molle

L’adolescence masculine peut être pilairement éprouvante.

Soit les deux phrases suivantes :

«Il pensait à la connerie de cet humain devant lui en particulier, qui devenait un archétype, qui devenait une typologie en soi, qui portait des souliers de toile en plein hiver, et des skinny jeans, et une moustache molle» (Malgré tout on rit à Saint-Henri, p. 214).

«Un adolescent à moustache molle, portant une casquette sur ses cheveux noirs retroussés sourit béatement» (les Sentiers de neige, p. 183).

Souhaitons à ces ados que leur moustache molle durcisse !

 

Références

Grenier, Daniel, Malgré tout on rit à Saint-Henri. Nouvelles, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 07, 2012, 253 p.

Lambert, Kev, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p.

Le zeugme du dimanche matin et de Sébastien Dulude

Sébastien Dulude, Amiante, 2024, couverture

«Je m’étais exécuté en prenant soin de ne pas passer dans le champ de vision de mon père; j’en avais profité pour aller faire pipi question d’écouler le contenu de ma vessie et un peu plus de temps, craignant que la suite du film [John Carpenter, Christine, 1983] me soit dorénavant interdite, et j’étais revenu avec mon lait dans un verre de plastique blanc.»

Sébastien Dulude, Amiante, Saguenay, La Peuplade, 2024, 209 p., p. 74.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)