Dictionnaire des séries 05

Max Pacioretty, blessé, étendu sur la glace du Centre Bell

L’amateur de hockey se souvient de Max Pacioretty inconscient sur la glace à la suite d’un coup à la tête, de Clint Malarchuk baignant dans son sang, victime d’une lame de patin, de Trent McCleary à l’article de la mort après avoir reçu une rondelle dans la gorge, de Lars Eller étendu dents en moins. Le hockey est un sport dangereux.

Comme si ce n’était pas assez, il peut arriver que votre entraîneur, confiant en vos talents défensifs, vous envoie sur la glace pendant une pénalité à votre équipe, quand vous jouez à court d’un joueur. Votre mission ? Tuer la punition.

Vous commettez l’erreur de faire à un coéquipier une passe qui le place dans une position vulnérable ? Vous vous rendez coupable d’une passe suicide. (La formule est étrange : c’est celui qui reçoit la passe suicide qui est en danger, pas celui qui la fait.)

Il n’est pas toujours nécessaire d’aller aussi loin : un but, un tout petit but, marqué au bon moment, peut parfois couper les jambes de l’adversaire et lui faire baisser les bras.

Les victimes, au hockey, sont parfois réelles, parfois imaginaires.

 

[Complément du 26 juillet 2022]

Plutôt que de parler de «passe suicide», l’excellent Frédéric Lord, durant la diffusion du match du CF Montréal — c’est du soccer — du 23 juillet, a parlé de «cadeau empoisonné». Bien vu.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Comparaison sportive du jour

Le New York Times du 22 mai 2011 consacre un long article (cahier Sports Sunday, p. 1 et 6-7) à Lionel Messi, l’Argentin qui porte le numéro 10 de Barcelone. (C’est du foot.)

Description d’une des phases du premier de ses deux buts lors du match opposant son équipe au Real Madrid le 27 avril dernier : «Madrid’s defense engulfed him like white blood cells trying to fight off infection» (p. 6).

Messi réussira à se défaire des globules blancs (défensifs) qui l’enserrent. Bon sang ne saurait mentir.

Parfaite intégration

Cédric Joqueviel, défenseur pour l’Impact de Montréal — c’est du soccer, donc du football —, rentre chez lui, à Montpellier, pour des «raisons familiales». C’est malheureux, car il était parfaitement intégré au Québec.

La preuve ? Pour expliquer son départ, il déclare ceci dans un communiqué : «Bien que je quitte sans regret, je ne ferme pas la porte à un retour à Montréal, mais pour le moment j’ai d’autres préoccupations.» Quitter utilisé sans complément, voilà bien la preuve qu’il parlait comme tout le monde autour de lui.

Attention aux pharmaciens

Pharmacienne dans son officine

Il existerait, au Québec, un lieu obscur où se prendraient les vraies décisions : les officines (toujours au pluriel).

Il y en aurait dans le monde du sport, au baseball (la Presse, 3 octobre 2004, p. S5) comme au football (Montréal football, p. 178).

Les plus importantes seraient cependant gouvernementales (le Devoir, 12 mai 2005, p. A3). Ce n’est jamais aussi clair que chez le romancier Robert Barberis, qui évoque, dans la Rencontre, «l’ambiance calfeutrée des officines gouvernementales de la Vieille Capitale» (p. 17).

Un Français serait étonné de cette vie de l’ombre, lui qui s’attend à trouver dans une officine, d’abord et avant tout, un pharmacien.

 

Références

Barberis, Robert, la Rencontre, Montréal, Éditions du fleuve, 1988, 89 p.

Lemay, Daniel, Montréal football. Un siècle et des poussières…, Montréal, Éditions La Presse, 2006, 240 p.