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Les libraires, numéro 151, octobre-novembre 2025, couverture

La revue les Libraires vient de publier un dossier intitulé «Le français au Québec : se délier la langue». L’Oreille tendue y cause.

Le numéro complet est disponible ici en PDF.

Table des matières du dossier :

Isabelle Beaulieu, «Anne-Marie Beaudoin-Bégin. Pour en finir avec les complexes», p. 44-45. https://revue.leslibraires.ca/entrevues/essai-quebecois/anne-marie-beaudoin-begin-pour-en-finir-avec-les-complexes/

Benoît Melançon, «Le français, oui, mais quel français ?», p. 46-47. https://revue.leslibraires.ca/articles/sur-le-livre/le-francais-oui-mais-quel-francais/

Équipe de la Vitrine linguistique de l’Office québécois de la langue française, «Naissances, vies et renaissances langagières», p. 48-49. https://revue.leslibraires.ca/articles/sur-le-livre/naissances-vies-et-renaissances-langagieres/

Vicky Sanfaçon, «Entrevue. Guy Bertrand. Une langue en direct», p. 52-53. https://revue.leslibraires.ca/entrevues/essai-quebecois/guy-bertrand-une-langue-en-direct/

Vicky Sanfaçon, «Entrevue. Daniel Brouillette. Une langue qui a de la gueule», p. 54-55. https://revue.leslibraires.ca/entrevues/litterature-jeunesse/daniel-brouillette-une-langue-qui-a-de-la-gueule/

«Questions de langue», p. 57-59. https://revue.leslibraires.ca/articles/sur-le-livre/question-de-langue/

Isabelle Beaulieu, «Parlez-vous l’ado ? Faites le test !», p. 61-62. https://revue.leslibraires.ca/articles/sur-le-livre/parlez-vous-lado-faites-le-test/

Ne pas visualiser svp, ter

Marie-Hélène Voyer, Précieux sang, 2025, couverture

Le 23 juillet 2025, l’Oreille tendue participait à une discussion radiophonique sur les régionalismes québécois. (Deux mois plus tard, malgré des demandes répétées, elle n’a toujours pas été payée pour cette intervention de plus de vingt minutes. Ça vous paraît normal, Radio-Canada ?)

Elle connaît plusieurs expressions avec le mot marde, mais, ce jour-là, elle a entendu pour la première fois en onde avoir le cordon du cœur qui traîne dans la marde.

Elle la retrouve dans un excellent recueil de poésie de Marie-Hélène Voyer, Précieux sang (2025).

hier Flanc-Mou a menacé
de se pendre à un crochet
écœuré de se faire traiter
de pas vite-vite
de traîne-savate
de tarlais
plus capable
de se faire dire
que le cordon du cœur
lui traîne dans la marde

le boss l’a remercié

une manière polie
d’abattre un homme (p. 123)

Son sens ? Paresser.

Dans Comme des sentinelles (2012), Jean-Philippe Martel offrait autre chose, en parlant de corde au lieu de cordon : «ce qui signifie à peu près qu’une personne est assez lâche et dépourvue d’humanité pour ne pas assister aux funérailles de sa grand-mère» (p. 55).

À votre service.

P.-S.—«Ter» ? À cause de ceci et de cela.

 

Références

Martel, Jean-Philippe, Comme des sentinelles. Roman, Montréal, La mèche, 2012, 177 p.

Voyer, Marie-Hélène, Précieux sang suivi de Voir avec des yeux de chair, Saguenay, La Peuplade, coll. «Poésie», 2022, 196 p.

L’autre fanal

Photo d’Olivier Rioux

Nous avons déjà croisé un fanal accompagné de sa brique.

Dans le français populaire du Québec, il est cependant un autre fanal, la personne de haute taille.

Exemple : «Après celles de Connor Clifton et de Robby Fabbri lundi, c’était au tour de Cade Webber, un grand fanal de 6 pi 7 po, de frapper avec force le joyau du Canadien» (la Presse+, 26 septembre 2025).

À votre service.

P.-S.—En effet, le grand fanal peut aussi être un grand jack, tel Olivier Rioux.

Égalitarisme animal

Panneau «Attention chien bizarre», avenue Oxford, Montréal, 2013

Au Québec, dans la langue populaire, le pitou est un chien. (La pitoune, c’est une autre affaire.) Comme ailleurs, le minou est un chat. (La minoune, c’est une autre affaire.)

Certains préfèrent le canidé au félin, et vice versa.

Il est cependant des situations où l’un et l’autre ne doivent pas être distingués. Un proverbe de souche le dit clairement : «Ce qui vaut pour pitou vaut pour minou.» Ne l’oubliez jamais.

À votre service.

P.-S.—L’Oreille tendue a redécouvert récemment cette expression chez Yves-François Blanchet.

Nature morte

Benoit Bordeleau, Rosettes, 2025, couverture

Soit cette «nature morte» (p. 130), tirée de Rosettes (2025), de Benoit Bordeleau :

Une fois le seuil franchi, nous déposons les trouvailles dans un tas de brindilles lâchement assemblé sur le plancher de la cuisine pour former une sorte de nid : des fleurs de tapis, des pattes d’oie, un tout petit flacon de sang de cochon et un autre rempli d’huile de coude. J’observe Pomme qui se tient, perplexe, dans la lumière crue. Elle ouvre les bras et j’y vois deux mains pleines de pouces, au moins un pouce vert et des doigts croches. Elle a les pieds de celles ayant perdu pied (p. 129).

Certaines expressions, en français de référence, n’ont pas besoin d’explication : «pattes d’oie», «huile de coude», «ayant perdu pied».

D’autres, familières au Québec, demandent peut-être à être définies.

Nous avons déjà croisé les «fleurs de tapis», le «sang de cochon» et le «pouce vert». Les «mains pleines de pouces» désignent la maladresse : un par main, ce devrait être assez. Les «doigts croches» sont tordus.

À votre service.

P.-S.—«Rosettes» ? Il y a notamment celle-ci.

 

Référence

Bordeleau, Benoit, Rosettes, Montréal, Les éditions de la maison en feu, 2025, 159 p.