Les zeugmes du dimanche matin et de Tristan Saule

Tristan Saule, Et puis on aura vu la mer, 2024, couverture

«Chacune part de son côté, Catherine et Marianne vers leurs voitures, Sabrina vers les tours de Sainte-Thérèse, la place carrée et un paquet de problèmes» (p. 42).

«De l’autre côté des voies, un adolescent, plié sous le poids de l’ennui et d’un énorme sac de sport, attend sans bouger devant les portières ouvertes du wagon» (p. 45).

«Puis, l’année dernière, il y a eu cette balle de .22 Long Rifle qui lui a a traversé le genou et qui a détruit ses ligaments croisés, en même temps que ses rêves de devenir pro» (p. 138).

«Les passants ont le nez sur leur portable ou dans leurs pensées» (p. 289).

Tristan Saule [pseudonyme de Grégoire Courtois], Et puis on aura vu la mer. Roman. Chroniques de la place carrée. IV, Montréal, Le Quartanier, coll. «Parallèle», 05, 2024, 341 p.

P.-S.—L’Oreille tendue apprécie fort le travail de cet auteur. Voir ceci, par exemple.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Sur, pas dans

William S. Messier, le Miraculé, 2024, couverture

Soit les deux phrases suivantes, tirées du récit récent de William S. Messier, le Miraculé :

«Bernard a dit au moins quatre fois Checke la bass en jouant du drum de dash sur du Midnight Oil […]» (p. 17);

«Il n’a pas joué de drum de dash» (p. 73).

Entre ces deux phrases, ceci, qui les explique :

«je l’imagine jouer du drum sur le tableau de bord» (p. 38).

On l’aura compris : en matière de batterie («drum») automobile et de tableau de bord («dash»), il ne faut pas confondre fesser (taper) sur le dash et fesser dans le dash.

 

Référence

Messier, William S., le Miraculé. Récit, Montréal, Le Quartanier, série «QR», 187, 2024, 162 p.

Citation linguistique du jour, à méditer

Michel Lacroix, Cécile et Marx, 2024, couverture

«Quand je suis la courbe du nombre de personnes se déclarant aptes à parler français au Québec, et que je vois qu’elle n’a jamais cessé de croître, qu’année après année il y a toujours davantage de francophones, qu’il n’y en a jamais eu autant dans l’histoire du Québec, les polémiques sur le “Bonjour-Hi”, dont on veut faire le signe prémonitoire de la “louisianisation” du Québec, me paraissent pleines de mauvaise foi et de ressentiment. Je ne peux imaginer que cette société de millions de francophones, riche, pourvue de politiques linguistiques étatiques fortes, d’institutions nombreuses, puisse fondre comme neige au soleil de l’anglais, en quelques générations : rien dans les données démographiques ou dans l’histoire moderne ne permet à ma connaissance un pronostic aussi paranoïaque.»

Michel Lacroix, Cécile et Marx. Héritages de liens et de luttes, Montréal, Varia, coll. «Proses de combat», 2024, 239 p., p. 165.

 

P.-S.—Sur le même thème, ceci.