Vocabulaire non agricole

Marie-Pascale Huglo, Montréal-Mirabel, 2017, couverture

Titre dans le Devoir de la semaine dernière : «Émissions des vaches et des puits de gaz. La ministre serait dans le champ» (19 janvier 2011, p. A4).

Si elle est dans le champ, ce n’est pas que la ministre des Richesses naturelles et de la Faune du Québec, Nathalie Normandeau, se promène à la campagne. Qui est dans le champ se trompe, et complètement.

Quand elle affirme ceci : «Écoutez, une vache émet plus de CO2 dans l’atmosphère qu’un puits. Je veux dire que c’est factuellement prouvé», donc, elle se trompe.

 

[Complément du 25 août 2024]

Les exemples littéraires ne manquent pas.

«Pourrais-tu lire ce que j’ai écrit et me dire si je suis dans le champ ?» (l’Amour des maîtres, p. 106)

«qui suis-je, pauvre romancier généraliste, pour dire aux lecteurs qu’ils sont dans le champ ?» (le Romancier portatif, p. 139)

«L’écriture déplace, elle tire sa force de ce qui nous jette à côté de nous-même. Nous sommes dans le champ tout le temps, nous écrivons pour ça, avec ça. Je le crois depuis le début» (Montréal-Mirabel, p. 100).

 

Références

Dickner, Nicolas, le Romancier portatif. 52 chroniques à emporter, Québec, Alto, 2011, 215 p.

Grégoire, Mélissa, l’Amour des maîtres, Montréal, Leméac, 2011, 245 p.

Huglo, Marie-Pascale, Montréal-Mirabel. Lignes de séparation. Récit, Montréal, Leméac, 2017, 152 p.

Par ici la bonne soupe

On se souviendra que des Américains, il y a quelques années, avaient souhaité modifier, pour des raisons supposées de politique internationale, le nom de leurs frites : plus de French fries, place aux Freedom fries. On se méfiait de ce qui était French.

Existerait-il la même chose chez les francophones ? Comment expliquer la traduction suivante ?

Boîte de soupe à l'oignon

Faut-il voir là un simple refus du mot French ? Y a-t-il plutôt un lien à établir entre French et gratiné(e) ? L’on sait que, selon le Petit Robert (édition numérique de 2010), ce mot a deux sens en français : «Cuit au gratin»; «Extraordinaire, dans l’outrance ou le ridicule.»

L’Oreille est perplexe.

Merde alors !

Le 5 juin dernier, l’Oreille tendue sortait son appareil photo, histoire d’immortaliser un refus montréalais de la déjection canine. Photo ici.

Cette semaine, à quelques rues de l’endroit où a été prise cette photo, une autre, aux mêmes fins, transmise par une fidèle lectrice.

«Pas de poop», affichette, Westmount, 2011

Voilà un nouveau cas d’«alternance codique» (code-switching), avec rime.

Un monde sans frontières ?

À la radio de Radio-Canada, le 10 janvier, un expert expliquait que la nouvelle majorité républicaine aux États-Unis souhaitait favoriser l’indépendance énergétique du pays. Comment ? En construisant un pipeline pour transporter le pétrole de l’Alberta jusqu’au Texas. Le Canada ferait donc partie des États-Unis ?

Mère pressée

Découverte, dans l’émission du 16 janvier 2011 du Masque et la plume, dans la bouche d’Olivia de Lamberterie, d’une nouvelle apocope : «congé mat», pour «congé de maternité». Voilà une mère qui n’a pas de temps à perdre.

P.-S. — Profitons de l’occasion pour inaugurer une nouvelle catégorie, là, à droite, en bas, si si : «Apocop’».