L’oreille tendue de… Simenon

Simenon, le Suspect, éd. de 1938, couverture

«Marie Chave repassait des chemises, dans la cuisine. Elle pensait sans penser, comme quand on repasse, et le temps étant scandé par les coups de fer sur la table. Parfois elle s’arrêtait, prenait un autre fer sur le feu, l’approchait de sa joue puis, machinalement, tendait l’oreille à la respiration du gamin qui dormait dans la chambre voisine.»

Georges Simenon, le Suspect, dans Tout Simenon 21, Paris et Montréal, Presses de la Cité et Libre expression, coll. «Omnibus», 1992, p. 89-174, p. 96. Édition originale : 1938.

Les zeugmes du dimanche matin et de Simenon

Simenon, les Sœurs Lacroix, édition néerlandaise, couverture

«Tel était le nouvel événement, qui venait de se dérouler par un des rares matins de soleil, à l’heure où la maison, d’habitude, faisait, avec sa toilette, relâche de méchanceté» (p. 214-215).

«C’était tout. Le Féroce ne pouvait pas comprendre. Il mâchait toujours du vide — ou sa mauvaise humeur —, se levait, poussait un soupir et allait rejoindre les deux autres, le docteur Jules et un médecin du Havre, dans le bureau de tante Poldine qu’on avait mis à leur disposition pour la consultation» (p. 243).

Georges Simenon, les Sœurs Lacroix, dans Tout Simenon 21, Paris et Montréal, Presses de la Cité et Libre expression, coll. «Omnibus», 1992, p. 175-271. Édition originale : 1938.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Accouplements 207

Patrice Desbiens, Fa que, 2023, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Patrice Desbiens, «Canicule», dans Fa que, Montréal, Mains libres, 2023, 69 p., p. 25.

les longs reculons
des camions de livraison
résonnent et tonnent
dans la chaleur cruelle
de la ruelle

Paul Verlaine, «Chanson d’automne», dans Poèmes saturniens, 1866.

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone

 

P.-S.—Le recueil de Desbiens contient un poème intitulé «Verlaine» (p. 49).

L’oreille tendue de… Simenon

Tasse reproduisant la couverture du roman Chez Krull de Georges Simenon

«Comment Maria Krull avait-elle senti que ces pas-là n’étaient pas d’honnêtes pas de clients mais qu’ils apportaient une menace ? Il avait suffi de quelques heurts de sabots sur le sol et déjà elle abandonnait un drame pour un autre auquel elle tendait l’oreille. Son regard devenait plus aigu, elle oubliait Hans, elle courait, en esprit, vers la boutique et le corps suivait l’esprit. Hans ne devait jamais oublier cette image d’elle, aussi lourde, aussi définitive que les portraits d’album : elle avait atteint la cuisine et elle se tenait debout contre un des battants de la porte vitrée. Cette porte était tendue d’un fin rideau et la lumière auréolait les cheveux gris cependant que le visage, à contre-jour, était plus modelé et plus ferme.»

Simenon, Chez Krull, dans Tout Simenon 21, Montréal et Paris, Presses de la Cité et Libre expression, coll. «Omnibus», 1992, p. 877-1010, p. 964. Édition originale : 1939.

Les zeugmes du dimanche matin et de Philibert Humm

Philibert Humm, Roman fleuve, 2022, couverture

«Quand le tire-bouchon eut rempli son office, et le sang de la vigne nos verres, nous parlâmes des manquements de la Banque centrale européenne en matière de politique agricole commune et de la délicate recette de la poule au pot à la béarnaise.»

«Sur cette dernière assertion de la tante, nous tombâmes tous les cinq d’accord et de sommeil. Au matin, mon allergie avait disparu. Il avait suffi d’une ellipse

Philibert Humm, Roman fleuve, Paris, Éditions des Équateurs, coll. «Littérature», 2022, 288 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)