Précisions démolinguistiques

Selon des sources filiales proches de l’Oreille tendue, on pourrait vedger dans la solitude, mais il faudrait être au moins deux pour chiller. (Attention : il serait aussi possible de vedger à plusieurs.)

Dans un cas comme dans l’autre, on glandouille — on fait le légume (vegetable, dans la langue de Julia Child), on relaxe (to chill) —, mais l’un se pratique seul, alors que l’autre, jamais.

Exercice

Quand Grand Corps Malade chante «j’ai chillé sur Sainte-Catherine» («À Montréal», 3ème temps, 2010), veut-il dire qu’il n’était pas seul ou commet-il une faute d’usage (il était seul, donc il ne pouvait pas chiller) ?

N.B. Chiller est un verbe, mais l’adjectif chill est attesté : «“Full Chill”…» (la Presse, 17 avril 2004, p. S5); «full pas chill» (le Devoir, 13 janvier 2004, p. B6). Son sens ? Bien, cool, gentil, planant : «Papa, ça dépend du contexte…» Ah ! le fossé des générations !

Résolument «résolument» ?

Soit le tweet suivant, de @RemiMathis : «De même qu’un esquif est toujours “frêle”, ce qui est contemporain l’est toujours “résolument” #Galeries #Communicants.»

Laissons voguer le frêle esquif — non sans citer la définition que donne le Petit Robert (édition numérique de 2010) de ce substantif : «Littér. Petite embarcation légère. Un frêle esquif» — et attachons-nous à résolument.

Résolument contemporain est en effet fort populaire. Résolument moderne ne l’est pas moins, ainsi que l’attestent ces jours-ci les pages sportives du quotidien la Presse : «Le style de Bergevin est résolument […] moderne» (14 juin 2012, p. 1); «Sylvain Lefebvre sera un entraîneur-chef résolument moderne» (15 juin 2012, p. 3).

On sera sensible aussi au résolument urbain, qui n’est peut-être, en définitive, qu’un synonyme de résolument contemporain et de résolument moderne : «un restaurant résolument urbain, aux allures branchées et décontractées» (le Devoir, 3 juillet 2009, p. B7).

On ne saurait être résolument contre cet adverbe, même si l’on rappellera qu’il ne devrait s’appliquer qu’à des personnes, dans la mesure où sa définition est la suivante : «D’une manière résolue, décidée; sans hésitation»; «Avec une résolution qui dénote du courage, de l’intrépidité» (le Petit Robert, bis).

 

[Complément du 7 octobre 2018]

Image du jour, tirée de Twitter.

 

[Complément du 15 octobre 2018]

En France aussi.

Autopromotion 034

Premier et seconds voyages de mylord de *** à Paris, 1777, page de titre

Jean-Jacques Rousseau est né en 1712. Il allait de soi que sa ville de naissance, Genève, souligne le 300e anniversaire de cette naissance.

Du 13 au 16 juin s’y tiendra, entre autres activités, un colloque intitulé «Amis et ennemis de Jean-Jacques Rousseau».

L’Oreille tendue y sera, pour causer de deux JJR, Jean-Jacques Rousseau et Jean-Jacques Rutlidge.

Elle ne cessera pas de bloguer pour autant.

 

[Complément du 22 avril 2014]

En attendant de lire «Les deux JJR», la communication de l’Oreille à ce colloque (Actes à paraître dans les Annales Jean-Jacques Rousseau), on peut l’entendre sur YouTube :

 

[Conplément du 17 octobre 2017]

Le texte a paru :

Melançon, Benoît, «Secourir le Philosophe. Ménilmontant, 24 octobre 1776», Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, tome cinquante-deuxième, 2014 (2016), p. 137-154. Suivi d’une «Discussion», p. 167-174. https://doi.org/1866/28779