«Il s’arrête aussitôt, sur une phrase incertaine, bouclée à la hâte dans une direction que le début n’annonçait guère, et dont le caractère interrogatif est si peu net que la femme conserve la possibilité de s’abstenir d’y répondre» (p. 72).
«Aussitôt le soldat confirme par des explications plus détaillées; mais, à peine lancé, un doute le prend, si bien qu’il préfère se limiter, par prudence, à une succession de phrases décousues, c’est-à-dire sans lien apparent, pour la plupart inachevées, et de toute façon très obscures pour son interlocuteur, où lui-même d’ailleurs s’embrouille davantage à chaque mot. L’autre ne bronche pas, prêtant l’oreille d’un air d’intérêt poli, les yeux légèrement plissés, la tête inclinée sur le côté gauche, ne manifestant pas plus de compréhension que d’étonnement» (p. 150-151).
Alain Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1963, 221 p. Édition originale : 1959.