Chantons la langue avec En Bref

En Bref, Silence radio, 2014, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

En Bref, «Grande histoire d’amour», Silence radio, 2014

 

Le temps s’arrête et le temps file
À pleine vitesse ou immobile
Je ferme les yeux je me sens bien
Je trouve ma force et mon chemin

Pas de début ni de fin
Le temps est venu rien ne m’retient
Le coup d’envoi le coup de cœur
Je risque le tout j’irai jusqu’au bout

Grande histoire d’amour

Je suis entouré de mes âmes sœurs
Liés par le sang et par le cœur
Dans nos luttes par nos désirs
Nourris par le feu des choses à v’nir

Grande histoire d’amour

Où que nous soyons nous racontons
L’écho de nos dépits le récit d’aujourd’hui
Dans la langue de chez nous
Nous traçons le parcours ensemble nous chantons

Grande histoire d’amour
Grande histoire d’amour

Je suis ton air t’es ma chanson
Je rêve et nous accomplissons
Je tenterai nous réussirons
Je marche seul ensemble nous courons

Grande histoire d’amour

Grande histoire d’amour

Grande histoire d’amour

Grande histoire d’amour

Grande histoire d’amour

Grande histoire d’amou

Fil de presse 053

Charles Malo Melançon, logo, mars 2021

 

Parutions linguistiques chaudes, pour temps froid.

Bergounioux, Gabriel, les Origines de la sémantique de Franz Bopp à Michel Bréal, Limoges, Éditions Lambert-Lucas, coll. «Linguistique et sociolinguistique», 2024, 168 p.

Cahiers de lexicologie, 125, 2025, 249 p. Dossier «La connotation et la dénotation en terminologie», sous la direction de Rute Costa et Federica Vezzani.

Durand, Jacques et Chantal S. Lyche, Paul Passy, un linguiste révolutionnaire. Réforme de l’orthographe, didactique des langues, alphabet phonétique international, Limoges, Éditions Lambert-Lucas, coll. «Linguistique et sociolinguistique», 2024, 368 p.

Études de linguistique appliquée, 212, octobre-décembre 2023, 126 p. Dossier «Aux origines de la lexicographie. Pierre Richelet».

Etudes de linguistique appliquée, 214, 2024, 128 p. Dossier «Les interjections dans les dictionnaires monolingues, bilingues, spéciaux et de spécialité», sous la direction de Valerio Emanuele, Francesco Paolo, Alexandre Madonia et Danguole Melnikien.

Etudes de linguistique appliquée, 215, 2024, 128 p. Dossier «Langue française et F/francophonie : vecteurs d’employabilité et de développement ? Regards sur l’Afrique et l’Asie», sous la ditrection dIsabelle Bokhari et Danh-Thành Do-Hurinville.

European Journal of Language Policy, 16, 2, 2024.

Fàbregas i Alegret, Immaculada et Mercè Pujol Berché (édit.), Antoni Badia i Margarit. La llengua per damunt de tot. La langue par-dessus tout, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, coll. «Joan Lluís Vives», 2024, 120 p.

Finegan, Edward et Michael Adams (édit.), The Cambridge Handbook of the Dictionary, Cambridge, Cambridge University Press, 2024.

Le Français préclassique, 26, 2024, 190 p. Dossier «La terminologie à la Renaissance».

Garner, Bryan A. et Jack Lynch, Hardly Harmless Drudgery. A 500-Year Pictorial History of the Lexicographic Geniuses, Sciolists, Plagiarists, and Obsessives Who Defined the English Language, Jaffrey, David R. Godine, Publisher, 2024, 520 p.

GLAD ! Revue sur le langage, le genre, les sexualités, 17, 2024. Dossier «Langues de vipères ! Genre, animalité et langage», sous la direction de Perrine Beltran, Jeanne Mousnier-Lompré, Clara Lyonnais-Voutaz et Joséphine Guichard.

Journal of English Lexicology, special issue, 3, 2024. Dossier «The Impact of Multilingualism on the Vocabulary and Stylistics of Medieval English».

Khanh Dang, Hong (édit.), Variations francophones. Vers une Francophonie renouvelée, Paris, Éditions du Félin, 2024, 416 p.

Král, Françoise, la Colère des langues. Imaginaires polyglottes à l’ère de la mondialisation, Paris, Classiques Garnier, coll. «Littérature, histoire, politique», 61, 2024, 205 p.

Le Pipec, Erwan, Quel breton parle-t-on à l’école ? Enquête dans une classe bilingue de cycle 3, Paris, L’Harmattan, coll. «Enfance éducation et société», 2024, 330 p.

Meney, Lionel, la Sociolinguistique entre science et idéologie, Limoges, Éditions Lambert-Lucas, coll. «Linguistique et sociolinguistique», 2024, 128 p.

Mise au point, 19, 2024. Dossier «Langues minoritaires à l’écran : mémoires et revendications», sous la direction de Patricia Caillé et Florence Martin.

Mots. Les langages du politique, 136, 2024. Dossier «Les mots des “guerres culturelles”. Entre enjeux discursifs et visées argumentatives», sous la direction de Alma-Pierre Bonnet, Denis Jamet-Coupé et Cédric Passard.

Pruvost, Jean, 100 mots latins pour bien écrire 1000 mots français, Paris, Les Belles Lettres, coll. «Les petits latins», 19, 2024, 168 p. Illustrations de Djohr.

Ratcliff, Marc J., le Tournant linguistique du XVIIIe siècle. Études d’histoire de la langue scientifique, Genève, Droz, coll. «Travaux d’histoire éthico-politique (Bibliothèque des Lumières)», 2024, 496 p.

Salazar, Philippe-Joseph, Contre la rhétorique. Comment les mots des démagogues prennent le pouvoir, Paris, Éditions du Cerf, 2024, 192 p.

Schang, Béatrice, Enseigner la grammaire au collège. De la préparation de la séance de langue à sa mise en œuvre, Paris, Dunod, 2024, 240 p.

Siouffi, Gilles, Paris-Babel. Histoire linguistique d’une ville-monde, Arles, Actes Sud, 2025, 368 p.

Sprenger-Charolles, Liliane, Anne Abeillé et Bernard Cerquiglini, Rationaliser l’orthographe du français pour mieux l’enseigner. Synthèse de la recherche et recommandations, Paris, ministère de l’Éducation nationale et de la jeunette, Conseil scientifique de l’éducation nationale, juin 2024, 38 p.

Chantons la langue avec Shawn Jobin

Shawn Jobin, Tu m’auras pas, 2013, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Shawn Jobin, «Au nom d’une nation (Tu m’auras pas)», Tu m’auras pas, 2013

 

Quand j’y pense
Chus seulement une fleur de lys
Qui pousse au pied d’l’érable
Mais on couche dans l’même lit
Comme si on pointe l’Arabe
Lorsqu’un triche sur l’autre
On lui serre la main en disant
C’est pas d’ma faute
C’est pas d’la faute
C’est vouloir le contrôle
Sur la langue du futur
Bref l’anglais
Le français reste bien dans l’angle mort
Du rétroviseur de l’assimilation
Parmi la nation du peuple francophone
Quand on s’parle
C’t’une culture qui résonne
Dans les couloirs des châteaux de l’Angleterre
J’veux un pays libre et non un presbytère
J’veux pas qu’on s’sépare
J’veux juste parler français
Dans toute le Canada
Bref dans mon pays
C’est l’tien aussi
Donc enlève ton étiquette de minorité
Pis nous l’avons bâti aussi
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
J’ai mal au cœur
Lorsque j’vois l’ignorance des anglophones
Qui rêvent de not’ retour en France
Des Maritimes jusqu’en Colombie-Britannique
Y compris les Territoires
On s’serre les coudes lorsqu’y fait noir
Les Fransaskois
Les Franco-Manitobains
Louis Riel Gabriel Dumont se sont battus pour le bien
Pour une cause
Pour que les gens comprennent
Que la fleur de lys peut aussi pousser sur les plaines
Pas les plaines d’Abraham
Les plaines remplies d’avoine
À vrai dire elle pousse partout
Jusque dans les montagnes
Mon cadavre a perdu du sang ô grand méchant loup
Donc la culture laissant une larme sur sa joue
Mais si tu comprends mes mots dans cette chanson
Tu fais partie des remparts qui protègent la nation
Tu tiens dans tes mains le pouvoir de semer des graines
De lys pour l’amour de la francophonie
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation

 

Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation

 

Insécurité linguistique 101

Annette Boudreau, Insécurité linguistique dans la francophonie, 2023, couverture

«l’insécurité linguistique n’est pas une tare»

Qu’est-ce que l’insécurité linguistique ? Dans un court ouvrage de vulgarisation, Insécurité linguistique dans la francophonie (2023), la sociolinguiste acadienne Annette Boudreau propose plusieurs approches de cette question.

Parmi les définitions avancées, reprenons la première :

L’insécurité linguistique peut se caractériser comme une forme de malaise, plus ou moins accentué selon les personnes, lié à la crainte de ne pas parler sa langue comme il se doit ou selon la norme prescrite dans certaines situations. Elle est donc rattachée aux représentations qu’un groupe de gens ou que l’individu entretient à l’égard de sa/ses langues et celles des autres. Ces représentations sont fluctuantes chez un même individu qui peut se représenter sa langue positivement ou négativement selon les situations d’interactions dans lesquelles il se trouve. En même temps, ces représentations peuvent être partagées, inégalement, par les membres de sa communauté linguistique qui ont grosso modo les mêmes idées sur les langues qui les entourent, y compris la leur. Ces images mentales sont marquées par le milieu dans lequel elles apparaissent et sont traversées par les histoires des individus et de leurs collectivités, ce qui leur confère un certain degré de stabilité, stabilité qui sera plus forte dans les milieux plus homogènes, dans les milieux sociaux où les liens sont plus serrés, comparativement aux milieux urbains, par exemple, où se trouve une plus grande diversité de langues et de personnes aux doubles ou triples appartenances. Les représentations nourries à l’égard des langues sont tributaires des idéologies politiques et sociales qui circulent sur les langues, idéologies qui se traduisent par la cimentation de certains jugements sur la langue qui paraissent comme vrais et naturels. Par ailleurs, l’insécurité linguistique est fortement liée aux discriminations tenues sur les manières de parler des gens, procédé nommé «glottophobie» par Philippe Blanchet (2016); elle en est souvent la conséquence […] (p. 1-2).

Cette insécurité renvoie à des relations de pouvoir et à des interrogations identitaires, et, pour cette raison, elle peut se manifester dans toutes les langues, mais elle est particulièrement active en français. Cette langue est plus centralisée que d’autres et les relations du centre et de la périphérie sont déterminantes pour comprendre les formes de l’insécurité linguistique.

Boudreau trace l’historique du concept depuis les années 1970. Elle présente les travaux des principaux chercheurs à l’avoir exploré : William Labov, Pierre Bourdieu, Michel Francard, Philippe Blanchet, Charles Ferguson (malheureusement rebaptisé Fergusson…), Robert Lafont, Jean-Marie Klinkenberg, Louis-Jean Calvet, Françoise Gadet. Son approche est pédagogique : les chapitres sont courts, les sous-titres nombreux, les définitions précises («pratiques langagières», «répertoire linguistique», «langue standard», «langue légitime», «hypercorrection» et «hypocorrection», «marchés linguistiques», «glottophobie», «diglossie», «non-langue», etc.). Certaines de ses formules font mouche : «la stigmatisation produit une auto-stigmatisation» (p. 1); «Pratiquer le silence est une manière de dire sans dire […]» (p. 7); l’accent est «le premier lieu de la rencontre avec la différence» (p. 45). Elle aborde aussi bien les représentations que les comportements linguistiques. Ses exemples sont bien choisis.

Contre l’«idéologie du standard» (passim), «la vision monolithique du français» (p. 8), la «vision hégémonique de la langue» (p. 45), la «vision essentialiste et unitariste du français» (p. 51), l’autrice défend une position ferme :

S’il est essentiel de travailler sur les idées reçues pour réduire l’insécurité linguistique, il est tout aussi important de donner aux personnes les outils linguistiques nécessaires pour acquérir les divers registres exigés pour naviguer sur les marchés linguistiques régionaux, nationaux et internationaux, outils qui, conjugués avec une attitude acceptant les formes différenciées du français, permettront d’atténuer l’insécurité linguistique (p. 63).

Suivons-la.

P.-S.—L’Oreille tendue, on le sait, est volontiers pointilleuse. Il lui faut ici déplorer une syntaxe trop souvent raboteuse, quelques coquilles, une erreur de date (le rapport de l’abbé Grégoire date de la fin du XVIIIe siècle, pas du XIXe, p. 50), un nom propre écorché. Ce n’est pas la fin du monde, mais ça nuit à l’efficacité de ce livre par ailleurs si utile.

P.-P.-S.—Annette Boudreau a aussi écrit d’autres ouvrages sur le même sujet : Dire le silence (2021) et Parler comme du monde (2024).

P.-P.-P.S.—En effet, ce n’est pas la première fois que l’Oreille aborde la question de l’insécurité linguistique. Voyez ici et .

 

Références

Boudreau, Annette, Dire le silence. Insécurité linguistique en Acadie 1867-1970, Sudbury, Prise de parole, coll. «Agora», 2021, 228 p.

Boudreau, Annette, Insécurité linguistique dans la francophonie, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, coll. «101», 2023, vii/76 p.

Boudreau, Annette, Parler comme du monde, Sudbury, Prise de parole, coll. «Essai», 2024, 177 p.

Fil de presse 046

Charles Malo Melançon, logo, mars 2021

Lire linguistique ? Allez-y !

Betz, Simon, Bogdan Ludusan et Petra Wagner (édit.), Disfluency in Spontaneous Speech, Bielefeld, Germany. 28-30 August 2023, 2023.

Cassin, Barbara, le Livre d’une langue, Paris, Éditions du patrimoine, 2023, 312 p.

Fouché, Pierre, Traité de prononciation française, Paris, Klincksieck, coll. «Linguistique», 2023, 592 p. Réimpression de l’édition de 1988.

Fridland, Valerie, Like, Literally, Dude. Arguing for the Good in Bad English, Viking, 2023, 336 p.

Gaudin, François (édit.), Alain Rey. Lumières sur la langue, Paris, Honoré Champion, coll. «Lexica — Mots et dictionnaires», 43, 2023, 282 p.

Gauvin, Lise, Des littératures de l’intranquillité, Paris, Karthala, coll. «Lettres du Sud», 2023, 236 p.

Giguère, Frédéric, «Et si Lord Durham avait raison ? L’hétérolinguisme au cœur du rap québécois contemporain», Waterloo, Université de Waterloo, mémoire de maîtrise, 2020, vii/111 p. Dir. : Nicole Nolette.

Gilbert, Muriel et Jean-Christophe Establet, Joyeuses fautes. Le premier roman-photo de l’orthographe, Paris, Le Robert, 2023.

Glottopol. Revue de sociolinguistique en ligne, 38, 2023. Dossier «Les langues dans la famille».

Glottopol. Revue de sociolinguistique en ligne, 39, 2023. Dossier «Altera lingua ou la construction sociale de l’altérité linguistique».

Gougenheim, Georges, la Langue populaire dans le premier quart du XIXe siècle d’après le Petit dictionnaire du peuple de J.-C.-L.-P. Desgranges (1821), Orléans, Corsaire éditions, 2022, 254 p. Préface de Fabrice Jejcic.

Jaubert, Anna, la Stylisation du discours, Paris, Classiques Garnier, coll. «Investigations stylistiques», 15, 2023, 290 p.

Lecherbonnier, Bernard, Philippe Rossillon, l’inventeur de la Francophonie, Paris, Descartes & cie, 2023, 200 p.

Makan, Abdeltif (édit.), Migrations de langues et des cultures dans la littérature et dans l’art, Université Sultan Moulay Slimane (Maroc), 2023, 228 p.

Merlo, Jonathan-Olivier, Par monts et par mots. Pour un itinéraire sociolinguistique de la francophonie, Bruxelles, Berlin, Berne, New York, Oxford, Vrasovie et Vienne, Peter Lang, coll. «Champs didactiques plurilingues : données pour des politiques stratégiques», 16, 2023, 122 p. Ill.

Mustill, Tom, Comment parler baleine. L’incroyable avenir de la communication animale, Paris, Albin Michel, 2023, 416 p. Traduction de Marina Boraso.

Ozoux, Mireille, Jonathan Swift linguiste. La norme et le jeu, Paris, Honoré Champion, coll. «Littérature étrangère», 37, série «Littérature anglaise», 2023, 458 p. Préface de Jean Viviès.

Pouvoirs, 186, 2023, 192 p. Dossier «La langue française».