Saturation de la bande passante

Il y a quelques années, l’Oreille tendue s’était amusée à préparer un bref florilège de citations d’écrivains influencés linguistiquement par le numérique. Il n’y a évidemment pas que les écrivains.

Prenez la série télévisée états-unienne The Good Wife (septième saison, neuvième épisode, «Discovery»). L’héroïne de la série, Alicia Florrick, y est débordée et elle n’a guère le temps de parler avec son conseiller politique, Eli Gold. Comment le lui annonce-t-elle ? «I do not have the bandwidth for any campaign talk.» Il y a de ces moments où la bande passante (bandwidth) est saturée. Cela raccourcit les conversations, même politiques.

Chronique pédagogique du samedi après-midi

L’Oreille tendue étant professeure d’université, il lui arrive d’enseigner. À une époque, et pendant plusieurs années, ce fut souvent à des étudiants de première année (il en est question ici). Plus tard, et pendant plusieurs années, ce fut à tous les nouveaux doctorants de son département (Littératures de langue française).

Dans l’enseignement donné à ces doctorants, il était continuellement question de numérique, sous toutes sortes de formes. Cela lui est revenu à l’esprit tout à l’heure à la lecture de deux tweets d’Olivier Ritz :

Sur ces questions, l’Oreille a ses petites idées (et foucades). Elle les a souvent transmises à ses étudiants de doctorat, mais après avoir entendu ceux-ci. Explication.

À la deuxième séance du cours, les étudiants étaient tenus de présenter oralement leur environnement de travail (ordinateur, tablette), leur système d’exploitation et, surtout, leurs outils. La forme de cette présentation était libre. Il n’y avait que deux contraintes : la brièveté et la lecture d’un texte de François Bon, «et vous, votre Mac, il carbure à quoi ?», et des commentaires qui le suivent (cela donnait une assez bonne idée de la nature de ce qui était attendu).

L’exercice, du moins pour la professeure, marchait fort bien : tout le monde avait quelque chose à dire, les questions étaient nombreuses, de même que les comparaisons (pourquoi ceci au lieu de cela ?). Elle insistait sur l’absolue nécessité des logiciels de gestion bibliographique et des copies de sauvegarde; les étudiants répondaient Scrivener, LaTeX, Crisco, Diigo, Prezi, MindNote, MindMapper — outils dont l’Oreille n’aurait pas spontanément parlé. C’est également dans le cadre de ce travail collectif qu’elle a découvert que certains étudiants ont besoin, pour écrire, de logiciels qui les empêchent d’avoir accès à Internet (SelfControl) ou d’outils pour les obliger à pondre du texte (WriteOrDie).

Après la séance, la discussion pouvait continuer sur le blogue (privé, sous WordPress) du séminaire.

Si elle redonne un enseignement de cette nature, l’Oreille reprendra l’expérience : c’est utile et fascinant.

Accouplements 74

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Plus tôt aujourd’hui, l’excellente @LIndeprimeuse twittait ceci : «Je n’ai pas encore écrit de livre mais j’ai déjà écrit ma dédicace.» La voici.

L’Indéprimeuse et Twitter, 31 octobre 2016

Le plus récent livre de l’Oreille tendue arrive en librairie aujourd’hui. Twitter n’y est pas en dédicace, mais dans les remerciements.

L’Oreille tendue, remerciements, 2016

 

Référence

Melançon, Benoît, l’Oreille tendue, Montréal, Del Busso éditeur, 2016, 411 p.

Parler Twitter

Vous voulez faire connaître une chose, mais sans la commenter directement ? Vous pouvez simplement la poser là.

http://twitter.com/confessdecrushx/status/787576626032873472

Vous voulez faire circuler une information sans vous contenter d’un retweet ? Demandez qu’on la déroule, à l’infinitif ou à l’impératif.

À votre service.