La clinique des phrases (ss)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit le tweet suivant :

Crise des opioïdes aux États-Unis : près de 100.000 décès non recensés. Les overdoses par opiacés sont désormais la première cause de mortalité chez les jeunes, après les décès par armes à feu et les accidents de voitures.

Calculatrice à la main, l’Oreille tendue en arrive à ceci :

Crise des opioïdes aux États-Unis : près de 100 000 décès non recensés. Les overdoses par opiacés sont désormais la troisième cause de mortalité chez les jeunes, après les décès par armes à feu et les accidents de voitures.

À votre service.

La clinique des phrases (rr)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit les deux phrase suivantes, tirées d’un quotidien montréalais :

Même si tout a été fait dans les règles, préciser que Charles Sirois est un ami personnel de M. Legault et le cofondateur de la CAQ pouvait sans doute faire croire à certains qu’Investissement Québec lui avait accordé un traitement de faveur en injectant 5 millions dans une entreprise dont il est le principal actionnaire, mais on aurait crié à la complaisance si cette information avait été omise.

À l’époque où elle était dans l’opposition, la CAQ aurait déchiré sa chemise si l’entreprise avait appartenu à un ami personnel de Jean Charest ou de Philippe Couillard.

L’Oreille a beau se tâter, en tout bien tout honneur, elle ne voit pas comment un ami pourrait ne pas être personnel.

Suggestions :

Même si tout a été fait dans les règles, préciser que Charles Sirois est [au choix : un ami, un proche, un intime, un ami proche, un ami intime] de M. Legault et le cofondateur de la CAQ pouvait sans doute faire croire à certains qu’Investissement Québec lui avait accordé un traitement de faveur en injectant 5 millions dans une entreprise dont il est le principal actionnaire, mais on aurait crié à la complaisance si cette information avait été omise.

À l’époque où elle était dans l’opposition, la CAQ aurait déchiré sa chemise si l’entreprise avait appartenu à [au choix : un ami, un proche, un intime, un ami proche, un ami intime] de Jean Charest ou de Philippe Couillard.

À votre service.

P.-S.—En effet, ce n’est pas la première fois que l’Oreille tape sur ce clou.

P.-P.-S.—L’article s’ouvre sur une citation de Voltaire.

Chronique d’un moratoire annoncé

Gabriel García Márquez, Chronique d’une mort annoncée, 1981, couverture

Ceci, dans le Devoir du jour : «Chronique d’un fiasco annoncé.»

En voyant ce titre, l’Oreille tendue, qui aime assez les moratoires, même non suivis d’effets, s’est souvenue d’une suggestion d’un de ses lecteurs : «Pour un éventuel complément à votre entrée de L’oreille tendue, voici une autre formule toute faite souvent vue et lue dans les titres : “Chronique d’une [quelque chose] annoncée”, d’après García Márquez, cette fois. Celle-là, elle m’agace particulièrement…»

En effet.

«Chronique d’une invasion annoncée en Syrie» (le Devoir, 4 novembre 2019).

«Éducation. Chronique d’une crise annoncée» (le Devoir, 29 août 2019, p A1).

«Baleines. Chronique d’une mort annoncée» (la Presse+, 28 juillet 2019).

«Chronique d’un suicide annoncé» (le Devoir, 2 août 2017, p. B7).

Pitié pour Gabriel García Márquez, svp.

 

[Complément du 5 avril 2022]

Une autre louche ?

«Chronique d’une crise migratoire annoncée» (la Presse+, 4 avril 2022).

«Chronique d’une mort annoncée» (la Presse+, 3 septembre 2021).

«Chronique d’un départ annoncé. “Le party était terminé”» (la Presse+, 24 mai 2020).

«Reportage diffusé ce matin à Désautels le dimanche. Montréal-Nord, chronique d’une tragédie annoncée» (Twitter, 3 mai 2020).

«Covid-19 ou la chronique d’une émergence annoncée» (Collège de France).

 

[Complément du 15 mai 2023]

Avec ce romancier, une extension du domaine du moratoire est à envisager.

Il y a la chronique annoncée, certes.

«Chronique d’une mort annoncée pour une pionnière» (la Presse+, 1er mai 2023).

«Gironde, chronique d’un désastre annoncé» (Paris match, 31 juillet 2022).

«Chronique d’un drame annoncé» (la Presse+, 16 avril 2022).

Mais il y a aussi l’amour au(x) temps du x (comme dans l’Amour aux temps du choléra, 1985).

Anouar Benmalek, l’Amour au temps des scélérats (2023).

Sans oublier x ans de solitude (comme dans Cent ans de solitude, 1967).

«Cuba : soixante ans de solitude» (la Presse+, 15 mai 2023).

Ça commence à faire beaucoup pour un seul homme.

 

[Complément du 28 mai 2024]

Sans surprise, on trouve le même tic en espagnol. (Merci à Luc Jodoin.)

Gaza. Crónica de una Nakba annunciada, couverture

Mise en délibéré

Dans le Devoir des 8-9 février 2020 :

«D’ailleurs, au risque de dire quelque chose qui semblera peut-être incongru, ce film, c’est aussi une lettre d’amour à Montréal» (le D magazine, p. 5).

«Cette série est une lettre d’amour au pouvoir de la télévision» (le D magazine, p. 37).

Déjà en 2015 :

«une vibrante lettre d’amour au cinéma» (24 décembre 2015, p. E4).

Dans la Presse+ :

«Leur auteur les décrit comme une “lettre d’amour à Montréal”, mais c’est surtout l’œuvre d’un érudit qui nous livre une très belle réflexion philosophique» (6 novembre 2019).

«Cet album est une lettre d’amour à l’amour, dans tout ce qu’il a de plus irritant, passionné, excitant, ravissant, horrible, tragique, magnifique, glorieux» (26 août 2019).

«Lettre d’amour à» : moratoire ou pas ? L’Oreille tendue se tâte.

 

[Complément du 13 décembre 2021]

Brassée du jour. Ça ne va pas mieux.

«Une lettre d’amour à Naples» (la Presse+, 3 décembre 2021).

«Une lettre d’amour à l’Eurovision» (la Presse+, 27 juin 2020).

«À travers ses réflexions tissées de métaphores, elle offre aussi, et surtout, une magnifique lettre d’amour aux langues, le français en particulier, et à leur pouvoir transformateur» (la Presse+, 1er mars 2020).

«C’est dommage, parce qu’au fond, mon film est une lettre d’amour à Niagara Falls» (le Devoir, le D Magazine, 22-23 février 2020, p. 15).

«Lettre d’amour à l’Amérique noire» (la Presse+, 17 février 2021).

«Le roman peint aussi un tableau vivant de la Côte-Nord et est une lettre d’amour sentie aux produits de la mer, qui y occupent une place centrale» (la Presse+, 25 avril 2021).

 

[Complément du 3 novembre 2023]

Ça n’arrête pas de continuer.

«Lettre d’amour à une France récalcitrante» (la Presse+, 3 novembre 2023).

«Petite lettre d’amour à Montréal» (la Presse+, 19 août 2023).

Lettre d’amour à la ville (Télé-Québec, mars 2023).

«Une lettre d’amour à la France» (la Presse+, 26 mai 2023).

«Une lettre d’amour à la diversité culturelle» (la Presse+, 20 septembre 2022).

«Lettre d’amour à Montréal» (le Devoir, 2 septembre 2022, p. B3).

«La lettre d’amour de Michel Tremblay aux acteurs» (la Presse+, 10 mai 2022).

«Lettre d’amour à ceux qui n’ont plus de voix» (le Devoir, le D magazine, 19-20 février 2022, p. 32).

 

[Complément du 1er février 2025]

Hop ! Une autre brassée !

«Lettre d’amour à la cuisine haïtienne» (la Presse+, 1er février 2025).

«Lettre d’amour à notre neige» (la Presse+, 24 décembre 2024).

«Lettre d’amour à ceux qui restent» (le Devoir, le D magazine, 5-6 octobre 2024, p. 2).

«“Une lettre d’amour à [insérez le sujet]” revient souvent dans les critiques qu’on voit sur les affiches de film ou dans les bandes-annonces. La formule s’applique réellement à The Fall Guy, une véritable lettre d’amour au cinéma d’action» (la Presse+, 3 mai 2024).

«Les femmes de ma vie. La création S’enjailler est une lettre d’amour à l’amitié et à la sororité» (le Devoir, le D magazine, 20-21 avril 2024, p. 6).

«Nanni Moretti se fait son cinéma. Le réalisateur de Journal intime et de La chambre du fils s’offre avec Vers un avenir radieux son propre 8 1/2, une lettre d’amour au cinéma» (le Devoir, 13 octobre 2023, p. B2).

Accouplements 145

Portrait de Tennessee Williams à 54 ans, Wikipédia

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Pendant les matchs de hockey, le concessionnaire d’automobiles et de camions Paillé aime vanter la puissance de ses véhicules. Un camion, par exemple, tire plusieurs remorques. Sur l’une d’elles, on trouve une embarcation lacustre : «Un ponton nommé Désir.»

Dans le Devoir des 18 et 19 janvier, en titre : «Un sujet nommé désir» (le D Magazine, p. 4).

La postérité de Tennessee Williams est assurée.

 

[Complément du 25 février 2020]

France Culture frappe plus fort, sur Twitter :

 

[Complément du 25 août 2022]

Tous les Québecquois ne s’entendent pas sur la présence d’un tramway dans leur ville. Les préposés aux titres s’en donnent à cœur joie, note @ThomasOSP.

Titres de presse contenant des jeux de mots sur un titre de Tennessee Williams