Extrême un jour, extrême toujours

Trampoline extrême (titre de la la Presse+)

Il y a longtemps que l’Oreille tendue a à l’œil le mot extrême (voir ici, par exemple). Il y a même une catégorie à lui réservée (c’est par là).

À l’occasion, l’Oreille se demande si le mot est toujours aussi populaire. C’est généralement à ce genre de moment qu’elle tombe sur des titres comme ceux-ci.

«Perquisition extrême : les policiers récupèrent le cellulaire qu’un détenu avait avalé» (@beaudoinsop, 21 novembre 2017).

«Ceci est la plus longue et la plus extrême rampe de mise à l’eau au monde !» (la Presse+, 30 septembre 2017)

«Un PDG adepte de vélo extrême» (la Presse+, 25 juillet 2017).

«Finances personnelles extrêmes» (la Presse+, 22 avril 2017).

«À cet égard, je salue l’ouverture d’esprit de Denys Arcand qui a accepté de complètement abandonner son œuvre afin qu’elle subisse une transformation extrême. Ce ne sont pas tous les auteurs qui accepteraient cela» (la Presse+, 4 mars 2017).

Cela rassure l’Oreille, en quelque perverse sorte.

«Veggie burger extrêmes», publicité

L’oreille tendue de… Christophe Huss

«Si vous voulez néanmoins tendre l’oreille à ce nouveau genre et vous faire une idée par vous-même, la compilation Expo 1, qui va de Chilly Gonzales à John Cage (!) vous permet de faire le tri» (Christophe Huss, «“Modern classical” ou pop instrumentale ?», le Devoir, 31 octobre 2017, p. B7).

Entrée à saveur de mardi matin

«À saveur économique»

À l’occasion (2009, 2010, 2011, 2013, 2014, 2015, 2017), l’Oreille tendue pratique un tri sélectif dans sa corbeille de à saveur, ce fléau québécois. Rebelote.

«Des histoires à saveur autochtone» (le Devoir, 28-29 octobre 2017, p. D5).

«Des casiers à saveur littéraire à l’école St-Viateur d’Amos» (l’Écho abitibien, 27 août 2017).

«Une bière à saveur “militante” créée par des microbrasseurs québécois» (Radio-Canada, 1er mars 2017).

«une nouvelle campagne [publicitaire] à saveur humoristique» (la Presse+, 9 octobre 2016).

«une murale à saveur patriotique» (la Presse+, 9 mars 2016).

«Méditation à saveur techno» (la Presse+, 10 octobre 2015).

«Quelques activités à saveur BD annoncées pour Québec en toutes lettres 2015» (Voir, 16 juin 2015).

«Une nulle à saveur de victoire, c’est comme un végéburger savoureux. C’est rare, mais bon. #WWC2015 #CAN» (@ballecourbe).

«Critique de Fin Finaud. Nouveau jeu-questionnaire à saveur culinaire… et prophétique» (@cathygo40).

«Pique-nique à saveur anglo-saxonne» (la Presse, 20 avril 2013, cahier Maison, p. 2).

À votre service.

(Merci à @machinaecrire pour la photo.)

P.-S.—Les contre-exemples sont rares. Citons celui-ci : «à teneur féministe» (la Presse+, 25 juillet 2017).

Le zeugme du dimanche matin et de Christian Desmeules

«N’étant jamais retourné depuis dix ans à La Frayère, François Bouge, petit-fils de Monti, sentant l’urgence et une migraine “lui monter dans les sinus comme de la chair à saucisse”, décide de quitter précipitamment Montréal pour rendre visite à sa famille en Gaspésie.»

Christian Desmeules, «Un premier roman magistral de Christophe Bernard», le Devoir, 14-15 octobre 2017, p. F2.

 

[Complément du 29 mars 2023]

Le Christophe Bernard dont parle Christian Desmeules est, il est vrai, fort friand de zeugmes. Voir un relevé bien partiel ici.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)