Autopromotion 678

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Depuis des temps immémoriaux, l’Oreille tendue collabore aux Cahiers Voltaire.

Elle a mis en ligne quatre de ses contributions en format PDF:

«Pot-pourri. Barney’s Version», Cahiers Voltaire, 6, 2007, p. 243-244; repris, sous le titre «Les Lumières de Mordecai Richler», dans Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, p. 55-57.

«Pot-pourri. Le Numéro 6 cultive-t-il son jardin ?», Cahiers Voltaire, 12, 2013, p. 303-304; repris dans Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, p. 78-79.

«Pot-pourri. Un chroniqueur voltairien ?», Cahiers Voltaire, 14, 2015, p. 284-285; repris, sous le titre «Pierre Foglia, chroniqueur voltairien ?», dans Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, p. 97-99.

«Pot-pourri. Voltaire, Paris 2019», Cahiers Voltaire, 18, 2019, p. 298-300; repris, sous le titre «Voltaire et Charlie hebdo (II)», dans Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, p. 125-130.

Ce sera tout pour l’instant.

La clinique des phrases (qqqq)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Ceci concerne un joueur de hockey :

Choix de premier tour des Flames de Calgary au repêchage de 2013, [Émile] Poirier a connu de bons débuts professionnels avant d’être rattrapé par ses problèmes de consommation d’alcool en 2017. Il a quitté le club-école des Flames pour des «raisons personnelles» en mars de cette année-là. L’automne suivant, il dévoilait ses problèmes de dépendance aux médias.

Il est légitime de penser que ce joueur ne souffre pas de «dépendance aux médias».

Donc :

L’automne suivant, il dévoilait aux médias ses problèmes de dépendance.

À votre service.

La langue de puck en 1958

René de Chantal, «Défense et illustration de la langue française. Gouret ou hockey», le Droit, 1er mai 1958, titre

René de Chantal (1923-1998) a été professeur de littérature, administrateur universitaire, diplomate et chroniqueur de langue. En 1958, dans le Droit (Ottawa), il consacre trois textes à la langue de puck.

Dans sa première chronique, le 1er mai, il cite longuement une lettre du père X, «professeur de français dans un collège de la province de Québec», qui s’interroge sur les mots du sport en français, sur leur rapport à l’anglais, sur la façon de les construire. Comment faire pour que, «chez la jeunesse trépidante de vie», on accepte un lexique français fait «de termes exacts, précis, vifs pour répondre au besoin de l’action» ?

Dans sa réponse initiale, se reconnaissant «un peu profane en la matière», le chroniqueur reprend les propos du commentateur sportif Michel Normandin dans un texte de 1957 («Il est […] impérieux que nous soyons plus français que les Français […]»), lui-même citant Étienne Blanchard. Le texte s’achève sur une question : qui doit-on suivre, les professeurs, comme René de Chantal, ou les rédacteurs et commentateurs, comme Normandin ?

Le 8 mai, le professeur donne ses choix. Il apprécie «mise en échec» (pour «body-checking»), «se replier» et «repli» (pour «back-checking» — mais pas «replié», et plutôt que «retraite»), et «garder le but» (mais ni «gauler» ni «gauleur», mentionnés par le père X). Il ne connaît pas d’équivalent à «cross-checking» («arrêt croisé» est «peut-être la moins mauvaise» solution). Il propose «tir envolé» pour «slap shot», alors que son correspondant retenait «lancer frappé», voire, tout simplement, «frappé».

La troisième chronique est destinée à comparer le vocabulaire québécois et le vocabulaire français du hockey : défenses / arrières, bâton / crosse (canne, en Suisse), rondelle (disque, caoutchouc) / palet, mise au jeu / engagement (citation de Beaumarchais à l’appui), tricoter / dribbler, lancer / shooter, lancer / tir (ou shoot), retour / rebond, compter un but / marquer un but, couvrir un joueur / marquer un joueur, tour (ou truc) du chapeau / coup du chapeau, punition / pénalité, égaler / égaliser, semi-finales / demi-finales, période supplémentaire / prolongation. Pour la période, les choix ne manquent pas, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique : engagement, strophe (!), stance (!!), tiers-temps, reprise. On dit aujourd’hui punition pour mauvaise conduite; René de Chantal trouvait que punition de méconduite rendait «admirablement» misconduct penalty.

René de Chantal s’appuie sur des travaux de linguistique ou de lexicographie (Georges et Robert Le Bidois, Ferdinand Brunot, Jacques Pignon, «qui fut mon professeur de vocabulaire en Sorbonne»), sur des dictionnaires (Robert, Larousse, Harrap, Quillet, Bénac), sur des vocabulaires français (le Rugby, l’Encyclopédie des sports modernes, le Hockey sur gazon, l’Art et la pratique du hockey [sur gazon]) et sur «le programme d’un match de hockey auquel [il a] assisté dernièrement au Palais des sports de Paris» ! Écrivant de Paris, il a même interrogé un «jeune joueur de hockey français» et «quelques Canadiens qui ont l’occasion de jouer au hockey ici».

Conclusion ?

Si les mêmes expressions ne coïncident pas toujours des deux côtés de l’Atlantique, le vocabulaire canadien-français est, règle générale, fort honnête […]. Il faudrait faire profiter les sportifs français de nos trouvailles. […] Si ce n’est déjà fait,  le Canadien qui rédigerait, dans une langue correcte, un petit ouvrage sur notre sport national, rendrait service, non seulement à ses compatriotes, mais aussi aux Français qui s’intéressent de plus en plus à ce magnifique sport.

Dont acte.

P.-S.—Il est même question du détail.

P.-P.-S.—René de Chantal a beau être «profane», le 15 mai, il évoque «le sensationnel Doug Harvey» et Maurice Richard.

 

Références

Chantal, René de, «Défense et illustration de la langue française. Gouret ou hockey», le Droit, 1er mai 1958, p. 2.

Chantal, René de, «Défense et illustration de la langue française. “Back-checking” et “slap shot”», le Droit, 8 mai 1958, p. 2.

Chantal, René de, «Défense et illustration de la langue française. Termes de hockey. En France, on shoote», le Droit, 15 mai 1958, p. 2.

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Normandin, Michel, «La langue des sports», Vie française, 12, 1-2, septembre-octobre 1957, p. 34-46.

Benoît Melançon, Langue de puck. Abécédaire du hockey, 2014, couverture

Autopromotion 644

Portrait de lord Durham par Thomas Phillips

Dans le Devoir du jour, l’Oreille tendue parle de politique québécoise. Il n’est pas impossible que son texte, «Les assiégés», ait une dimension polémique.

Extrait :

Beaucoup tiennent à dire que les Québécois sont moins intolérants que les autres Canadiens, qu’on mourait moins dans leurs pensionnats pour autochtones, que leur racisme n’est pas systémique, qu’ils traitent mieux leurs minorités linguistiques qu’ailleurs au pays, comme si la vie sociale était un concours de vertu. Être moins raciste que les autres n’est peut-être pas le projet de société le plus emballant qui soit en 2022.

Illustration : portrait de lord Durham par Thomas Phillips, National Portrait Gallery (Londres), déposé sur WikiMedia Commons

Pour la suite du monde, ou pas ?

«Pour la suite du monde», meme, 2022

Au début des années 1960, le cinéaste Pierre Perrault lance Pour la suite du monde. C’est un titre apprécié au Québec (et ailleurs).

Exemples récents :

«Une invitation à marcher pour la suite du monde» (la Presse+, 4 mai 2022).

«Pour la suite du monde» (la Presse+, 2 mai 2022).

«Relance de la culture. Pour la suite du monde» (le Devoir, 12 avril 2022, p. A6).

«Pour la suite du monde» (la Presse+, 8 avril 2022).

«Pour la suite du monde de l’information» (la Presse+, 28 août 2019).

Suivons Nicolas Krief (à qui l’Oreille tendue doit l’illustration ci-dessus; merci) et demandons-nous s’il n’y a pas lieu de laisser tomber ce genre de titre, au moins pour les articles sur le cinéma documentaire.

P.S.—Contre-exemple : le spectacle théâtral Contre la suite du monde.

 

[Complément du 24 mars]

L’expression ne se trouve pas que dans les titres de presse. Que crie le narrateur trop imbibé du roman La soif que j’ai (2024) dans un bar de Sherbrooke ? «Pour la suite du monde !» (p. 105)

 

Référence

Dufour-Labbé, Marc-André, La soif que j’ai. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2024, 139 p.