Divergences transatlantiques 030

Jo Nesbø, le Bonhomme de neige, 2008, couverture

Soit la date de tombée ou l’échéance, appelée parfois deadline.

Un Québécois dira un deadline.

L’Oreille tendue découvre qu’il n’en est pas de même dans l’Hexagone.

«“L’exil, des diasporas à la littérature mondiale”, déjà beaucoup de belles propositions mais la deadline approche !» (@cyrilverlingue)

«Et ils n’étaient rien d’autre, ces soldats de l’information qui occupaient le hall : des prisonniers de guerre immobilisés par une deadline» (le Bonhomme de neige, p. 254).

«Deadline. n.f. — moment auquel quelque chose doit avoir été réalisé (prononcer “dèdelaïne”)» (le Dico des mots qui n’existent pas […], p. 86).

Elle s’en étonne. Elle ne devrait peut-être pas.

 

Références

Nesbø, Jo, le Bonhomme de neige. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 575, 2008, 583 p. Traduction d’Alex Fouillet. Édition originale : 2007.

Talon, Olivier et Gilles Vervisch, le Dico des mots qui n’existent pas et qu’on utilise quand même, Paris, Express Roularta Éditions, 2013, 287 p.

Quelques clichés pour bien commencer la semaine

La famille des clichés est large et accueillante. Elle apprécie particulièrement les associations obligatoires de mots. Des exemples ?

Vous tombez ? C’est toujours lourdement.

Le citoyen est toujours simple. (Merci à @david_turgeon.)

Au hockey, le bombardement est toujours en règle.

Pourquoi l’indifférence est-elle toujours la plus grande ? (Merci à @machinaecrire.)

Le cynisme est toujours aussi ambiant que la vérité est criante. (Merci à @revi_redac pour ceci et pour cela.)

Le cliché donne toujours une vue imprenable sur l’humanité (toujours profonde).

 

[Complément du 10 janvier 2014]

Aux jeux Olympiques, la médaille — quelle qu’en soit la matière (or, argent, bronze) — doit toujours être raflée. (Merci à @iericksen.)

La solidarité vient toujours par vague ou par élan. Y compris aux Olympiques.

 

[Complément du 21 février 2014]

Le rire est toujours rabelaisien.

 

[Complément du 18 juin 2018]

Sur Twitter, grosse récolte du jour, à la suite du premier tweet ci-dessous.

Chez @LeMonde_correct : «Avez-vous remarqué que, dans la presse, les rapports sont toujours “accablants”, les pluies, “diluviennes” et le déficit, “abyssal” ?»

Chez @lheureuxdaniel : la «découverte» est «macabre». Et encore : «Que dire du crime “morbide”, du froid “sibérien”, de la chaleur “torride” et du thé “brûlant” ?»

Chez @kick1972 : la faune est «bigarrée» et le rapport «dévastateur». Ensuite : «Et des arrêts spectaculaires !»

Chez @alexandrepratt : «budget électoraliste» et «dernier tabou».

Chez @hugodumas : «Le “concept” d’une émission est “déjanté”.» Puis : «ambiance “festive”».

Chez @emilieperreault : «Les flammes d’une “rare intensité”.»

Chez @geff25 : «victoires convaincantes» et «défaites amères».

Chez @R0576 : «Ou le classique : une “violente agression”. Car, c’est bien connu, certaines agressions se font avec une douceur remarquable.»

Ce sera tout pour aujourd’hui.

P.-S.—Souvenons-nous aussi, attendris, du «frêle esquif».

Les zeugmes du dimanche matin, de Jean Echenoz et de la page 50

Jean Echenoz, Je m'en vais, 1999, couverture

Jean Echenoz, Je m’en vais. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1999, 252 p., p. 50 :

«Elle se refuse et se débat au point que Ferrer pense un moment que c’est cuit mais, par bonheur et par paliers, l’infirmière finit par se détendre»;

«Mais on allait bientôt atteindre l’objectif de Ferrer, de toute façon, pour ce radiotélégraphiste ce n’était plus qu’une question d’heures avant d’être débarrassé de ce rival qui, l’objectif atteint, fit ses adieux au commandant et à l’état-major sur la passerelle puis, retourné dans sa cabine, ses valises.»

 

(Une définition du zeugme ? Par .)