Les mécontents urbains, bis

Le friforâll, publicité syndicale, 2010

L’Oreille tendue le disait le 3 mai : les membres du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal ne sont pas contents, d’où une première campagne de publicité (négative) sur le thème «Montréal, fais une ville de toi !».

Rebelote, avec des panneaux-réclames et un encart dans la Presse du 9 juin. «Quesséçâ ?», «çapâdallure» et «brochafoin» y sont toujours, mais ils sont rejoints par «friforâll» — comme dans «20 administrations municipales, c’est le friforâll».

«Friforâll» ? De l’anglais free for all : un laisser-faire extrême, genre, voire le bordel. Pour les syndiqués, ce ne serait pas une bonne chose (c’est le moins qu’on puisse dire).

Ma mère, le pape et Ronald King

Dans la Presse du 9 juin, ceci, sous la plume de Ronald King : «le petit carton qu’on m’accrochera au cou est rare comme de la marde de pape» (cahier Sports, p. 11).

L’Oreille tendue n’avait entendu cette expression que dans la bouche de sa mère. Elle se réjouit de la trouver à l’écrit et elle lui souhaite longue vie.

 

[Complément du 3 octobre 2016]

Sur Twitter, des sources sûres indiquent à l’Oreille tendue l’existence, en Wallonie, de l’expression «râre come do stron [étron] d’pape». Francophones du monde entier, unissez-vous !

 

[Complément du 19 décembre 2017]

Exemple littéraire, tiré d’un Roman canadien-français, de Jean-Philippe Chabot (2017), le Livre de bois : «D’un coup, avec l’odeur, le curé se réveille. C’est pas sans me donner l’envie, qu’il pense. Un si bon tas. Mais il se dit ben, lui aussi, qu’il est pas pour aller se geler le goupillon. Et pis si les autres le voyaient ! Y a des expressions, il pense, qu’on a pas pour rien dire. De la marde de pape, il pense, c’est rare pour une raison. Et pis là, il continue de penser : je suis le pape, le pape c’est le bon yeu, ça doit être ça la Saint’-Trinité. Faut pas je seye vu en train d’aller, il conclut» (p. 100).

 

[Complément du 14 juin 2018]

Importante variante dans un roman récent de Claude La Charité, le Meilleur Dernier Roman : «Mais peut-être était-ce tout simplement la manière dont la séduction se manifestait chez lui, manifestation qui, il faut bien le dire, était aussi rare que la merde de pape» (2018, p. 115).

 

[Complément du 26 janvier 2024]

Reconnaissons à Claude La Charité qu’il a de la suite dans les idées : dans l’Œil de l’ermite (2023), c’est toujours de la merde (p. 89).

 

Références

Chabot, Jean-Philippe, le Livre de bois. Roman canadien-français, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 114, 2017, 135 p.

La Charité, Claude, le Meilleur Dernier Roman, Longueuil, L’instant même, 2018, 177 p. Ill.

La Charité, Claude, l’Œil de l’ermite. Fiction en pièces détachées, Longueuil, L’instant même, 2023, 237 p. Ill.

Jean-Philippe Chabot, le Livre de bois, 2017, couverture

Trafic d’enfants ?

Indigo, Laval, 2010, publicité

Publicité de la chaîne Indigo, découverte à Laval, en banlieue de Montréal, l’autre jour : «Livres • Cadeaux • Enfants.»

Ils sont combien, vos petits ? Je vais prendre le dernier Janette Bertrand, deux garçons et trois filles. Vous pouvez me faire un paquet cadeau ?

 

[Complément du 18 mars 2020]

Il y a les enfants qui sont comme des livres ou des cadeaux. Mais il a pire : ceux qui sont comme des maladies (selon la Presse du 17 mars 2020).

Enfants et rougeoles selon La Presse

 

Parfaite intégration

Cédric Joqueviel, défenseur pour l’Impact de Montréal — c’est du soccer, donc du football —, rentre chez lui, à Montpellier, pour des «raisons familiales». C’est malheureux, car il était parfaitement intégré au Québec.

La preuve ? Pour expliquer son départ, il déclare ceci dans un communiqué : «Bien que je quitte sans regret, je ne ferme pas la porte à un retour à Montréal, mais pour le moment j’ai d’autres préoccupations.» Quitter utilisé sans complément, voilà bien la preuve qu’il parlait comme tout le monde autour de lui.