Vingtième article d’un dictionnaire personnel de rhétorique

Homonyme

Définition

«Se dit des mots de prononciation identique (=> homophone) et de sens différents, qu’ils soient de même orthographe (=> homographe) ou non» (le Petit Robert, édition numérique de 2010).

Exemple

«Le Festival du cochon de Sainte-Perpétue, c’est comme nulle “porc” ailleurs !»

P.-S. — Que l’on n’accuse pas l’Oreille d’invention; on trouve mieux, donc pire, ici.

À tu et à vous et à toi et à vous et à tu, bis

Brigitte, Et vous, tu m’aimes, 2011, pochette

La chanson est interprétée par le duo Brigitte sur son album Et vous, tu m’aimes (2011) et s’appelle «Monsieur je t’aime».

Monsieur je t’aime
Monsieur je t’aime
Rendez-vous au cinéma
Impatiente, infidèle
Je ne vous résiste pas

C’est moins radical que «Rendez-vous courtois» de Jérémie Kisling, sur le Ours (2005), mais ça permet de rappeler que les pronoms personnels de la deuxième personne en français offrent de jolies occasions de jeux linguistico-amoureux.

Et l’automne dans tout ça ?

Le Devoir, 19 février 2008, p. B7 : «Montée de lait hivernale.»

Le Devoir, 5 mai 2009, p. B7 : «Admettons que c’est une montée de lait printanière…»

La Presse, 13 juillet 2012, cahier Arts, p. 4 : «Montée de lait estivale.»

Qu’est-ce que cette montée de lait qui frappe en hiver et au printemps comme durant l’été, mais pas à l’automne ? Brève explication ici.

Crise linguistique de l’emploi ?

Le Devoir du 12 juillet 2012 publiait le manifeste de la Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), «Nous sommes avenir» (p. A7).

Ce prêchi-prêcha, à plusieurs moments, fait appel à une rhétorique venue directement des années 1960-1970. Il est cependant un aspect du texte qui marque bien son appartenance au XXIe siècle : sa féminisation mécanique.

Il y a donc «les travailleurs et les travailleuses», «ceux et celles» (et «celles et ceux»), «tous et toutes» (et «toutes et tous»), «ils et elles» (mais pas «elles et ils»), et des phrases comme «Pour nous, les décisions démocratiques doivent être le fruit d’un espace de partage au sein duquel chaque femme et chaque homme est valorisé-e. Égaux et égales dans ces espaces, ils et elles peuvent, ensemble, construire le bien commun.»

L’Oreille tendue n’est pas très portée sur ce genre de jargon, mais cela ne regarde qu’elle.

En revanche, elle s’interroge quand elle lit la phrase suivante : «Cette force a animé étudiantes et étudiants, parents, grands-parents, enfants, travailleuses et chômeurs.» Il n’y a donc ni travailleurs ni chômeuses ?

Ça fait désordre.