Énormément de rien

L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion de signaler la fortune, au Québec, de full. En France, bien avant, il y a eu celle de trop. Le Petit Robert en donne la définition suivante dans son édition numérique de 2007 :

Définition de trop dans le Petit Robert de 2007

 

Il y a maintenant mieux.

Comment marquer le comble du manque ? En employant trop pas ou full pas.

Les extrêmes peuvent parfois se toucher.

Ludolinguistique

Vocabulax, logo

Vocabulax est un site consacré à la langue, dans une perspective ludique : Étymotest, Cure termale, Définition in vitro, Jargonite, quiz divers (prononciation, grammaire, orthographe, argot, etc.).

On peut consulter le site ou en suivre les activités sur Twitter.

Adoptez-les !

Sur le site Save the Words, la filiale des dictionnaires d’Oxford University Press vous propose d’adopter un mot menacé de disparition. Explication :

Save the Words, explication

 

Le site est spectaculaire, drôle, plein de conseils utiles. Pour l’instant, ça n’existe qu’en anglais.

Merci à Jean-François Pitet d’avoir signalé cela sur son blogue.

Citation géographique du jour

Jean Echenoz, Je m'en vais, 1999, couverture

«Vous allez sur Toulouse ? lui demande Baumgartner.

La jeune femme ne répond pas tout de suite, son visage n’est pas bien distinct dans la pénombre. Puis elle articule d’une voix monocorde et récitative, un peu mécanique et vaguement inquiétante, qu’elle ne va pas sur Toulouse mais à Toulouse, qu’il est regrettable et curieux que l’on confonde ces prépositions de plus en plus souvent, que rien ne justifie cela qui s’inscrit en tout cas dans un mouvement général de maltraitance de la langue contre lequel on ne peut que s’insurger, qu’elle en tout cas s’insurge vivement contre, puis elle tourne ses cheveux trempés sur le repose-tête du siège et s’endort aussitôt. Elle a l’air complètement cinglée.»

Jean Echenoz, Je m’en vais. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1999, 252 p., p. 194.

 

[Complément du 29 mars 2018]

Lecture du jour : «Ce site web prend la forme d’archives ouvertes traitant des sciences de l’ingénieur et regroupant divers articles, chapitres d’ouvrages, comptes-rendus [sic] de conférences ainsi que des sujets de thèse traités dans ce domaine sur Toulouse» (source).

Rebondir

Expression prisée en rhétorique universitaire : Je vais rebondir sur ce que mon collègue vient de dire. Signe supposé d’une pensée cabriolante. A l’avantage de dispenser d’une argumentation logique.

 

[Complément du 22 avril 2015]

Il y un équivalent dans la langue de Shakespeare : to riff off. Le mot viendrait du vocabulaire du jazz.

 

[Complément du 4 mai 2015]

On peut y aller avec tout son corps : on rebondit soi-même.

On peut être plus économe de ses mouvements et se contenter de prendre la balle au bond.

 

[Complément du 28 mai 2015]

On dirait bien que rechercheisidirore.fr a trouvé le bouton parfait pour l’Oreille tendue.

Le bouton Rebondir du site rechercheisidore.fr

 

[Complément du 31 janvier 2018]

Le 16 mars 2011, Jean Echenoz présentait l’œuvre de Raymond Roussel au public de la Bibliothèque nationale de France. Vers la 31e minute de la captation vidéo de son intervention, il déclare «J’aime pas le verbe rebondir.» Merci.

 

[Complément du 11 novembre 2020]

Ne dites plus : «Synthèse des thèmes de la journée.» Dites plutôt : «Rebonds sur les thèmes de la journée.»

«Rebonds» dans un programme de colloque, 2020