Les joies de la poste

Gilles Duceppe n’est plus chef du Bloc québécois, le parti souverainiste du Québec qui siège au gouvernement fédéral du Canada (ce serait un peu long à expliquer). Maria Mourani veut l’être à sa place.

Pour des raisons que l’Oreille tendue ne s’explique pas, Mme Mourani vient de lui écrire pour lui annoncer la nouvelle.

Courriel de Maria Mourani, 2011

Les destinataires de ce courriel sont invités à lire sa déclaration de candidature. Malheureusement, il n’y est pas question du statut de la langue française dans le monde numérique. Il y a un «mailman», celui de quebec-hebergement.com, qui s’en tire à bon compte.

Neuvième article d’un dictionnaire personnel de rhétorique

Pléonasme

Définition

«Répétition non nécessaire d’un élément de sens déjà contenu dans les mots précédents, soit intentionnellement, pour renforcer l’expression (“Je l’ai vu, de mes yeux vu !”), soit par inadvertance ou ignorance. Dans le second cas, le pléonasme est considéré comme une faute à proscrire; la tradition classique française lui a d’ailleurs fait une chasse parfois forcenée» (Dictionnaire des termes littéraires, p. 369).

Exemples

Presse. «Télérama signale cette semaine l’édition d’un Micro-guide, document édité par Radio France à l’usage de ses journalistes et destiné à signaler les “euphémismes, approximations, lieux communs, fautes de français, mauvaises liaisons, pléonasmes, facilités de langage” dont ils émaillent leurs interventions. Les quatre auteurs, nous dit-on, “ont fait du tri sélectif dans le grand flux de l’expression orale”. Apparemment, Télérama, pour sa part, ne traque pas encore le pléonasme» (Notules, n° 294, 11 février 2007).

Radio. «Thúy, Janovjak et leur correspondance épistolaire» (site de Radio-Canada, 7 septembre 2011).

«Thúy, Janovjak et leur correspondance épistolaire», site de Radio-Canada, 7 septembre 2011

 

Risques liés à son utilisation

«J’ai vu que l’orateur allait être froid et ennuyeux, qu’il parlerait par catachrèse, sans métaphore et avec pléonasme, que son texte était mal pris et son épigraphe impropre, que chaque membre serait uniforme, sans grâce et dénué de ce sel et de ces nuances si nécessaires à l’âme du discours et si recommandées par Cicéron; que d’ailleurs la matière, assez sèche par elle-même, était totalement étrangère à mon existence et au genre d’art que je cultive. Moyennant quoi, j’ai congédié l’orateur» (Sade, lettre à sa femme, 17 septembre 1780, p. 176).

 

[Complément du 19 décembre 2015]

L’adjectif construit à partir de pléonasme est pléonastique. Exemple, chez Jean-Philippe Toussaint, dans Football (2015) : «J’ai connu des stades combles et des cafés déserts. J’ai vu des matchs dans des bouis-bouis à nouilles aux murs décorés de photos pléonastiques des plats qu’on mange […]» (p. 65).

 

[Complément du 17 novembre 2018]

Description d’une bagarre de rue dans Tout savoir sur Juliette (2018), le roman que vient de publier Érik Vigneault : «deux habitués de la rixe (j’ai d’abord écrit rixe publique avant de constater après avoir vérifié qu’il se fût agi d’un pléonasme, les pléonasmes sont partout, ils se reproduisent comme des lapins comme les clichés)» (p. 131-132). Sous rixe, le Petit Robert (édition numérique de 2014) corrobore : «Querelle violente accompagnée de coups, parfois avec des armes blanches, dans un lieu public.»

 

[Complément du 15 décembre 2020]

Soit la phrase suivante, tirée d’un quotidien montréalais : «Et Malka a poursuivi dans une défense passionnée de “ces fameuses valeurs républicaines ébranlées” (ses mots), au premier rang desquelles figure la liberté d’expression.»

Les guillemets servant à indiquer que l’on rapporte des paroles, pourquoi indiquer qu’il s’agit de «ses mots» ? Cela est clair. Faudrait-il parler de pléonasme typographique ?

 

Références

Didion, Philippe, Notules dominicales de culture domestique, Saint-Cyr sur Loire, publie.net, coll. «Temps réel», 2008, 355 p. Édition numérique.

Sade, Lettres à sa femme, Arles, Actes Sud, coll. «Babel», série «Les épistolaires», 249, 1997, 459 p. Choix, préface et notes de Marc Buffat.

Toussaint, Jean-Philippe, Football, Paris, Éditions de Minuit, 2015, 122 p.

Van Gorp, Hendrik, Dirk Delabastita, Lieven D’hulst, Rita Ghesquiere, Rainier Grutman et Georges Legros, Dictionnaire des termes littéraires, Paris, Honoré Champion, coll. «Dictionnaires & références», 6, 2001, 533 p.

Vigneault, Érik, Tout savoir sur Juliette. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2018, 177 p.

Autopromotion 010

À la radio de Radio-Canada, ce soir, le 28 août, entre 20 h et 21 h, l’Oreille tendue parlera épistolaire avec Serge Bouchard, à son émission les Chemins de travers. Elle y abordera plusieurs des thèmes de Sevigne@Internet. Remarques sur le courrier électronique et la lettre suivies d’une postface inédite (édition numérique, 2011) et de Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires (à paraître à la fin septembre chez Del Busso éditeur). En deuxième heure, il sera question des correspondances de Louis-Joseph Papineau. En troisième heure, des lettres seront lues, notamment une de Diderot, que l’Oreille commentait longuement dans Diderot épistolier (1996).

 

[Complément du 31 août 2011]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture

Autopromotion 009

Le prochain livre de l’Oreille tendue paraîtra en septembre chez Del Busso éditeur. En avant-première, trois choses.

La couverture

Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture

La table des matières

Écrire au pape [PDF]

Attendre, attendre, attendre

Bouteilles à la mer (première version ici, HTML)

Du pigeon voyageur

Tintin (non-)épistolier

Cher Père Noël (HTML)

Dites-le avec des timbres-poste (PDF)

L’odeur de la lettre

Des chiffres et des lettres

Sportifs épistolaires

La lettre chantée

L’économie de la confiance

L’art du pourriel (première version ici, HTML)

L’enchaînement épistolaire

Crimes épistolaires

Lettres d’outre-tombe (PDF)

Postface. L’imaginaire épistolaire

La quatrième de couverture

Vous recevez des lettres ? Le pape, Tintin et le Père Noël aussi. On vous inonde de pourriels et de chaînes de lettres ? Mademoiselle Nitouche ne vous sera malheureusement d’aucun secours; sa spécialité, c’est le langage des timbres-poste. Vous préférez utiliser le pigeon voyageur ou la bouteille à la mer, voire la lettre chantée ? Vous ne seriez pas le premier. Attendre une lettre pendant des décennies, vous enivrer de son parfum ou payer une fortune pour une missive ne vous semble pas relever du délire ? Les lettres de recommandation vous paraissent dignes d’intérêt ? Vous aimeriez mieux connaître la correspondance des sportifs et celle des tueurs en série ? Vous n’avez pas peur de recevoir des nouvelles d’outre-tombe ? Les curiosités épistolaires ici rassemblées sont pour vous.

 

[Complément du 22 septembre 2011]

ISBN : 978-2-923792-08-8

En librairie le 7 octobre 2011

19,95 $

Entendre un extrait ici.

Lire un extrait .

 

[Complément du 20 octobre 2011]

Le livre est aussi disponible en format numérique chez Numerik:)ivres.

 

[Complément du 17 janvier 2024]

Le livre, au format PDF, est désormais disponible en libre accès ici.

 

[Dans les médias]

«Un magnifique petit bouquin qui ravira les amateurs de bizarreries et d’inventivités» (Christian Vachon, site de la Librairie Pantoute, 21 octobre 2011).

«C’est un livre de fine fleur élégante où vous serez nettement plus intelligent en fin de lecture qu’à l’arrivée» (Culturehebdo.com, octobre 2011).

«L’essayiste divertit pour faire réfléchir» (Michel Lapierre, le Devoir, 12 novembre 2011, p. H4).

«a lu Écrire au pape et au Père Noël http://bit.ly/u7y1ZS par @benoitmelancon | en veut encore et espère d’autres cabinets de curiosités !» (bibliomancienne, sur Twitter, 20 novembre 2011).

«À l’ère de la communication instantanée, ces “curiosités” semblent porter un cachet nouveau. Êtes-vous allé à la malle, hier ?» (Daniel Lemay, la Presse en ligne, 21 novembre 2011).

«Dans tous ces domaines, on le suit avec plaisir […]» (Philippe Didion, Notules dominicales de culture domestique, 27 novembre 2011).

«Agréable lecture qui donne le goût de se remettre à la lettre» (AmelieGaudreau, sur Twitter, 28 novembre 2011).

«Tout en étant un livre grand public – sans notes de bas de page, imaginez ! –, Écrire au pape et au Père Noël contient une réflexion originale sur cette forme de communication. […] En tout cas, son “cabinet de curiosités épistolaires” regorge de trésors qu’il a patiemment déterrés pour nous en consultant autant Hergé que Diderot» (Mathieu-Robert Sauvé, Forum, Université de Montréal, 28 novembre 2011).

«Le résultat est une célébration de l’intelligence et de l’érudition, des bonheurs d’écriture, des histoires surprenantes qui raviront les amateurs de bizarreries et d’inventivité» (Christian Vachon, le Libraire, hors série, décembre 2011, p. 30).

«Je me suis délectée à la lecture de votre ouvrage comme un enfant qui découvre les surprises et les friandises cachées dans son bas le jour de Noël» (Marie D. Martel, blogue Bibliomancienne, 23 décembre 2011).

«Un des chapitres les plus étoffés porte sur les procédés de communication dans les albums Tintin. En tintinologue averti, Melançon recense les divers albums où il est question de lettres, de télégrammes ou de billets, tout en soulignant qu’on ne trouve nulle part trace de carte postale, ce qui est une absence pour le moins curieuse chez un artiste visuel. […] D’autres textes portent sur la place de la lettre dans la chanson, sur le pourriel, les chaînes de lettres, les lettres d’outre-tombe, etc. L’ouvrage est entrelardé de citations judicieusement choisies et se termine par quelques pages sur l’imaginaire épistolaire» (Christian Vandendorpe, @nalyses. Revue de critique et de théorie littéraire, 2012).

«Rédigé avec un mélange bien équilibré d’érudition et d’éclectisme, ce Cabinet de curiosités, fidèle à son nom, offre aux lecteurs un panorama des formes multiples et hétéroclites sous lesquelles se présentent les correspondances» (Ben Huberman, Canadian Literature, 19 juin 2012).

«Benoît Melançon entremêle les références érudites, ordinaires et populaires dans un style qui nous entraîne, tambour battant, de découvertes en redécouvertes, et de surprises en surprises» (Sonia Anton, Épistolaire, 38, 2012, p. 277).

 

Référence

Melançon, Benoît, Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires, Montréal, Del Busso éditeur, 2011, 165 p.