Portrait et autoportrait : leur art, chez Julia Deck

Julia Deck, Viviane Élisabeth Fauville, 2014, couverture

Les autres : «L’entreprise Biron gagne beaucoup d’argent, elle occupe un immeuble de huit étages rue de Ponthieu, à deux pas des Champs-Élysées. Dans le hall, des hôtesses d’accueil souples et collantes comme les lanières en plastique des anciens rideaux de cuisine font patienter les visiteurs avec des trivialités équivoques» (p. 16-17).

Soi (en quelque sorte) : «Élevée dans l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, la gamme de vos affects s’en est trouvée considérablement réduite et vous n’y voyez aucun inconvénient» (p. 120).

Julia Deck, Viviane Élisabeth Fauville, Paris, Éditions de Minuit, coll. «Double», 99, 2014, 166 p. Édition originale : 2012.

Mais bien sûr !

Maxime Raymond Bock, Des lames de pierre, 2015, couverture

Si les choses peuvent refluer, c’est évidemment qu’elles peuvent fluer. Exemple, tiré d’un roman de Julia Deck : «La rame entre dans la station. Les usagers s’écrasent contre les vitres jusqu’à l’ouverture des portes, fluent sur le quai, refluent docilement à l’intérieur sous l’injonction du signal sonore, et les nouveaux venus jouent des coudes pour s’immiscer dans le wagon» (p. 27-28).

Si un animal s’appelle le paon, il y a nécessairement le verbe paonner. Exemple, tiré d’une novella de Maxime Raymond Bock : «Don Alejandro fêterait sa renaissance, paonnant dans son costume d’insupportable charro, invitant sans doute les mariachis de la ville» (p. 58).

Il suffisait de prêter attention.

 

Références

Deck, Julia, Viviane Élisabeth Fauville, Paris, Éditions de Minuit, coll. «Double», 99, 2014, 166 p. Édition originale : 2012.

Raymond Bock, Maxime, Des lames de pierre. Novella, Montréal, Le Cheval d’août, 2015, 104 p.

Huit verbes pour un vendredi matin

Pour les hommes, les vrais : mecspliquer — «Today I learned that the word for “mansplain” in French is mecspliquer thanks to @GretchenAMcC» (@heatherfro).

Pour les amateurs de café et de procrastination : procraféiner — «Mon nouveau mot préféré : procraféiner» (@sylvie_gagnon).

Pour les gens (trop polis) — se courtoiser : «Maître Rabutin et maître Bronlard se courtoisent à la porte de ma cellule. Et que je te m’efface pour te mieux m’avancer. Finalement l’un sort, l’autre entre, la porte se referme et nous voici entre Bronlard et moi» (Monsieur Malaussène, p. 416).

Pour les non-sentimentaux — défleurbleuiser : «Doyon artiste des transitions. Son ton caustique défleurbleuise le propos. #tedxdrummond» (@profenhistoire).

Pour les amateurs de tam-tam — djember : «La sortie du métro avait des airs de Centre Bell. Ça chante, ça djembe, ça fait du bruit… #Manif22mars» (@OursAvecNous).

Pour les craintifs de l’assiette — éco-rassurer : «merci de préciser la sorte de poisson pour nous éco-rassurer» (la Presse, 23 mai 2015, cahier Gourmand, p. 5).

Pour les cyclistes et les automobilistes — emportiérer.

 

Emportiérage (laPresse+, 6 avril 2014)

Pour les amateurs de télé — mcgilliser : «Merci à @Ant_Robitaille d’avoir inventé l’espression “mcgillisé” dans le débat @thereseparisien vs @PhDesrosiers à #BazzoTv :)» (@mcgilles).

 

Référence

Pennac, Daniel, Monsieur Malaussène. Roman, Paris, Gallimard, 1995, 545 p.

Les zeugmes de Faïza Guène et du dimanche matin

Faïza Guène, Un homme, ça ne pleure pas, 2014, couverture

«Julie avait aussi des chaussures compensées, un petit copain, un chat, une chambre qu’elle ne partageait avec personne, et elle avait même même le droit d’organiser des fêtes dans le garage de son père pour ses anniversaires» (p. 16).

«Dounia, qui est tout de même une femme intelligente, malgré ses certitudes et un morceau de câpre entre les dents, l’a senti et a dit […]» (p. 171-172)

«Le premier inspecteur qui transpirait le magnésium, la vitamine C et l’enthousiasme, a pris la parole en premier» (p. 179).

«Claude a repris la main, et un peu de vin au passage» (p. 260).

Faïza Guène, Un homme, ça ne pleure pas, Paris, Fayard, 2014, 314 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)