Familles, je vous hais

Christian Gailly, Dring, 1991, couverture

On connaissait, en matière de décroissance démographique familiale radicale, le matricide, le parricide, l’infanticide, le fratricide. Plus récemment, le Québec a offert au monde les homicides intrafamiliaux.

Dans la même catégorie, mais par anticipation, il ne faudrait oublier ni le spermicide ni le fœticide — «Éduquer pour contrer le fœticide en fonction du sexe», suggère d’ailleurs le Devoir du 23 janvier 2012 (p. A1).

Ajoutons encore l’onclicide, dont parlent Christian Gailly dans Dring (1991, p. 106) et les Guignols de l’info (2011), eux qui proposent aussi, s’agissant de Ratko Mladic, tanticide, belle-mèreicide et grand-pèreicide.

André Gide paraît avoir eu raison.

 

Références

Gailly, Christian, Dring, Paris, Éditions de Minuit, 1991, 153 p.

Citation gastronomique de Noël ?

Marcel Schwob, Vies imaginaires, 2011, couverture

«Les repas étaient composés de choses délicates et inattendues, et les cuisiniers variaient sans cesse l’architecture des victuailles. Il ne fallait point s’étonner, en ouvrant un œuf, d’y trouver un bec-figue, ni craindre de trancher une statuette imitée de Praxitèle et sculptée dans du foie gras. Le gypse qui scellait les amphores était diligemment doré. Des petites boîtes d’ivoire indien renfermaient des parfums ardents destinés aux convives. Les aiguières étaient percées de diverses façons et remplies d’eaux colorées qui surprenaient jaillissant. Toutes les verreries figuraient des monstruosités irisées. En saisissant certaines urnes, les anses se rompaient sous les doigts et les flancs s’épanouissaient pour laisser tomber des fleurs artificiellement peintes. Des oiseaux d’Afrique aux joues écarlates caquetaient dans des cages d’or. Derrière des grillages incrustés, aux riches parois des murailles, hurlaient beaucoup de singes d’Égypte, qui avaient des faces de chien. Dans des réceptacles précieux rampaient des bêtes minces qui avaient de souples écailles rutilantes et des yeux rayonnés d’azur.»

Marcel Schwob, «Pétrone, romancier», dans Vies imaginaires, Saint-Cyr-sur-Loire, publie.net, coll. «Classiques», 2011. Édition numérique. Édition originale : 1896.

Portrait sanguin du jour

Marcel Schwob, Vies imaginaires, 2011, couverture

«[…] Guillemette, la plus heureuse, saucissière, ayant un petit visage cramoisi qui reluisait comme s’il eût été frotté avec du sang frais de porc.»

Marcel Schwob, «Katherine la dentellière, fille amoureuse», dans Vies imaginaires, Saint-Cyr-sur-Loire, publie.net, coll. «Classiques», 2011. Édition numérique. Édition originale : 1896.

Treizième article d’un dictionnaire personnel de rhétorique

Anagramme

Définition

«Mot obtenu par transposition des lettres d’un autre mot» (ex. Marie – aimer) (le Petit Robert, édition numérique de 2010).

Exemples

Chez Rimbaud : «alchimie du verbe» / «levé Rimbaud chie» (Pierre Popovic, 1993, p. 116).

Sur Twitter : «Avez-vous remarqué que “Marine Le Pen” est l’anagramme de “Amène le pire” ou “La Mere Pine” ? Au choix.»

Remarque

L’anagramme n’est pas sans lien avec le palindrome.

 

Référence

Popovic, Pierre, «L’argent dans la lettre-vie d’Arthur Rimbaud», dans Benoît Melançon et Pierre Popovic (édit.), les Facultés des lettres. Recherches récentes sur l’épistolaire français et québécois, Montréal, Université de Montréal, Département d’études françaises, Centre universitaire pour la sociopoétique de l’épistolaire et des correspondances (CULSEC), février 1993, p. 95-117.