Divergences transatlantiques 011

Sundae

Question existentielle : où poser la cerise ? Là : sur la gâteau. Ici : sur le sundae.

Exemples : «Bruyants, ils buvaient comme des trous et, cerise sur le gâteau : ils avaient applaudi au moment où l’avion s’était posé dans la grande ville», écrit Éric Boury, traduisant Arnaldur Indridason (p. 89-90); «Le design, c’est la cerise sur le sundae», sous-titre la Presse en 2006.

Tous les (dé)goûts alimentaires sont dans la nature.

 

[Complément du 21 février 2016]

D’où ce titre de presse, du 19 février 2016, dans le Journal de Montréal, sous la signature de Michel Girard :

Michel Girard, «La CSeries sur le sundae». le Journal de Montréal, 19 février 2016

 

[Complément du 26 février 2016]

Rebelote.

 

[Complément du 10 juin 2016]

Dans le même ordre d’idées, ceci, dans Fatigues (2014), de Pierre Peuchmaurd : «La cerise sur la charrue, le gâteau avant les bœufs !» (p. 154)

 

Références

Indridason, Arnaldur, Hypothermie, Paris, Métailié, coll. «Bibliothèque nordique», 2010, 294 p. Traduction d’Éric Boury. Édition originale : 2007.

Pierre Peuchmaurd, Fatigues. Aphorismes complets, Montréal, L’Oie de Cravan, 2014, 221 p. Avec quatre dessins de Jean Terrossian.

 

La Presse+ (Montréal), 30 avril 2015

 

Littérature concrète

François Bon, Bob Dylan, 2007, couverture

Après tout le monde, l’Oreille tendue vient de lire Bob Dylan. Une biographie de François Bon (2007).

Parmi toutes les choses à retenir de ce livre, un mot : gravier, et ses trois occurrences.

«Dans The Times They Are a-Changin’, cette déconstruction de la syntaxe, traitée comme du gravier, passe pour la première fois à l’avant-plan, devient la matière même de la voix […]» (p. 240).

«Des textes qu’il appelle, comme nous-mêmes écrivains ne l’oserions jamais, des “objets rythme”, just rhythm things : si on se lance dans une biographie, c’est aussi pour y recueillir, à suffisant grossissement de microscope, ces graviers qu’on garde, et qui nous déplacent dans notre propre rapport au langage» (p. 392-393).

«L’immense gravité des chansons de 1963 : pas seulement les paroles, mais l’enregistrement musical (Rocks And Gravel, Moonshiner) et le gandin de vingt-deux ans qui s’agite, rit, fume et boit plus qu’il ne faudrait, fait la fête et écrit dans les bistrots» (p. 465-466).

Syntaxe, rapport au langage, paroles — et gravier : les mots sont des choses dures.

P.-S. — FB aime le mot gravier.

P.-P.-S. — Dans ce cas-là, garnotte ferait moins bien l’affaire.

 

Référence

Bon, François, Bob Dylan. Une biographie, Paris, Le grand livre du mois, 2007, 485 p.

L’art du portrait : et de cinq

Jean-Philippe Toussaint, l’Appareil-photo, 1988, couverture«Elle joua du klaxon et zigzagua avec aisance parmi ces albatros, avant de s’arrêter à la hauteur d’un type d’une quarantaine d’années en parka boutonnée, qui fumait sur le bas-côté en se caressant la joue sans concession ni complaisance.»

Jean-Philippe Toussaint, l’Appareil-photo. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1988, 126 p., p. 26.

L’art du portrait, prise quatre

Jean-Philippe Toussaint, Autoportrait (à l’étranger), 2000, couverture«À l’arrière de la motocyclette, dont le pot d’échappement continuait à pétarader et à expédier dans nos jambes un malodorant petit nuage de fumée maigrelet et noirâtre, se tenait une Japonaise vêtue d’un large débardeur blanc qui laissait deviner la courbe dénudée de ses seins, Japonaise qui, sans paraître vouloir le moins du monde descendre de sa monture, toujours assise de profil à l’arrière du scooter avec des allures de créature mythologique non répertoriée (ni sirène ni hippocampe : le haut, une Japonaise, et le bas, un scooter), portait précieusement sous son bras une planche de surf jaune vif.»

Jean-Philippe Toussaint, Autoportrait (à l’étranger), Paris, Éditions de Minuit, 2000, 119 p., p. 33-34.