Portrait préfunéraire du jour

Germaine Guèvremont, le Survenant, éd. de 1954, couverture

«Un soir, Angélina Desmarais se joignit à la compagnie. Un teint cireux et une allure efflanquée la faisaient ressembler à un cierge rangé dans la commode depuis des années. Sans cesse ses cheveux morts s’échappaient du peigne par longues mèches sur la nuque. Seuls ses yeux vifs et noirs, brillants comme deux étoiles, vivaient sous le front bombé.»

Germaine Guèvremont, le Survenant. Roman, suivi d’un «Vocabulaire», Paris, Plon, 1954, 246 p., p. 41. Édition originale : 1945.

Déficit de tonus

Germaine Guèvremont, le Survenant, éd. de 1954, couverture

Soit la phrase suivante, tirée du roman le Survenant (1945), de Germaine Guèvremont : «Le flanc-mou ! Va-t-il encore s’éreinter, quoi ?» (éd. de 1954, p. 23)

Ce «flanc-mou» (avec trait d’union), dans le français familier du Québec, désigne une personne sans tonus. Définition du dictionnaire numérique Usito : «Personne paresseuse, qui manque d’énergie, de courage.» Chez Pierre DesRuisseaux : «Être (faire le) paresseux, nonchalant» (p. 152).

Les mélomanes se souviendront évidemment du «Rock’n’roll du grand flanc mou», la chanson de Plume Latraverse.

 

Références

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.

Guèvremont, Germaine, le Survenant. Roman, Paris, Plon, 1954, 246 p. Suivi d’un «Vocabulaire». Édition originale : 1945.

Le zeugme du dimanche matin et de Valérie Perrin

Valérie Perrin, Changer l’eau des fleurs, 2018, couverture

«J’avais les automatismes de la sonnerie de la barrière dans la tête. Je l’entendais avant même avant qu’elle retentisse. Cette cadence infernale, on aurait dû la partager, la faire par roulement. Mais la seule chose que Philippe Toussaint faisait rouler, c’était sa moto et le corps de ses maîtresses.»

Valérie Perrin, Changer l’eau des fleurs. Roman, Paris, Albin Michel, 2018. Édition numérique.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Pierre Nepveu

Pierre Nepveu, la Dureté des matières et de l’eau, 2015, couverture

«Tout cela rassemblé par le même impératif caniculaire et la hantise des poisons modernes qui font oublier la courbe du temps. On cherche raison dans les nouvelles télévisées, on rajeunit son angoisse dans les romans qui tendent l’oreille à l’époque. Les vies se brisent et se renouent. On ne part pas

Pierre Nepveu, la Dureté des matières et de l’eau, avec des photographies de Karine Prévost-Nepveu, Montréal, Éditions du Noroît, 2015, 107 p., p. 14.