Les zeugmes du dimanche matin et d’Éric Vuillard

Éric Vuillard, l’Ordre du jour, 2017, couverture

«Il a l’air triste et inquiet; il tourne machinalement entre ses doigts un bel anneau d’or, à travers le brouillard de ses espoirs et de ses calculs — et il se peut que, pour lui, ces mots aient une seule signification, comme s’ils avaient été lentement aimantés l’un vers l’autre.»

«Ce sont des admirateurs de Bruckner, et, ensemble, ils évoquent parfois son langage musical, dans les bureaux de la chancellerie, là où s’est déroulé le congrès de Vienne, le long des couloirs où Talleyrand traîna ses brodequins pointus et sa langue de vipère.»

«C’est là-bas, dans cette Californie industrieuse, entre quelques boulevards au carré, à l’angle d’un donut et d’une pompe à essence, que la densité de nos existences adopte le ton des certitudes collectives.»

Éric Vuillard, l’Ordre du jour. Récit, Arles, Actes sud, 2017, 160 p. Édition numérique.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Le passé de la langue, son présent

«Ça fera», titre de la Presse+, 26 avril 2019

L’Oreille tendue n’est plus de la première jeunesse. Il lui arrive d’entendre ou de lire des mots et de se dire «Tiens, ça se dit encore».

En 2009, elle s’étonnait de la persistance de poche. La semaine dernière, à la radio, elle s’étonnait plus encore de celle Rhodésien.

Autre exemple récent, tiré de la Presse+, en titre : «Ça fera

Traduction libre : «Ça va bien faire», «Assez, c’est assez».

Il y a bien quelques décennies que l’Oreille n’avait pas entendu l’expression. Cela n’engage qu’elle, bien évidemment.

 

[Complément du 31 décembre 2021]

Exemples livresques :

«j’suis parti / heille / ça fera» (Trouve-toi une vie, p. 36).

«Ben là ça fera OK, je veux que tu respectes mon choix» (Je suis un produit, p. 121).

 

Références

Boudreault, Simon, Je suis un produit, Montréal, Dramaturges éditeurs, 2021, 157 p.

Cloutier, Fabien, Trouve-toi une vie. Chroniques et sautes d’humeur, Montréal, Lux éditeur, 2016, 140 p. Dessins de Samuel Cantin.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 29 février 2016.

Le zeugme du dimanche matin et d’Yves Ravey

Yves Ravey, Pas dupe, 2019, couverture«Et je me suis creusé la tête pour reprendre, point par point, le déroulement de notre soirée, somme toute très habituel, à l’image de tous ces samedis soirs qui se terminaient à quatre heures du matin, le dimanche avant l’aube, avec de l’alcool dans le sang et des embardées sur la route.»

Yves Ravey, Pas dupe. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2019, 139 p., p. 64-65.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Autopromotion 422

Blason de la Rhodésie

Aujourd’hui, vers 13 h 30, l’Oreille tendue sera à l’émission Là-haut sur la colline d’Antoine Robitaille, sur Qub radio, pour parler de langue et de politique. Au menu : Rhodésiens, catholaïcité, Georges-Émile Lapalme.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

La chanson dont un extrait a été diffusé en ondes est «A Westmount Rhodesian» (1990), de Bowser & Blue.

 

[Complément du 5 mai 2019]

La catholaïcité en une image.

 

Illustration : armes de la Rhodésie, 1924-1981, image déposée sur Wikimedia Commons