Angle masculin

La footballeuse norvégienne Ada Hegerberg remporte le Ballon d’or 2018. Un certain Martin Solveig lui demande si elle sait twerker.

Réaction, sur Twitter, de @rafov74 :

Qu’est-ce que cette fourche ? Sollicitons l’aide du Petit Robert, de Rébecca Deraspe et de Léandre Bergeron.

Le Petit Robert, édition numérique de 2014 : «Angle formé par les jambes.»

Rébecca Deraspe, Gamètes, 2017 : «Ça va être beau, cette vie-là ! David va se gratter la fourche en buvant du gin pendant que toi, tu vas crever dans le vomi de ton handicapée» (p. 36).

Léandre Bergeron, Dictionnaire de la langue québécoise, 1980 : «Partie du corps qui, avec les deux jambes, forme une fourche. Ex. : Recevoir un coup de pied dans la fourche. — Pénis» (p. 233).

Dans le cas qui nous occupe, la fourche et la bêtise sont clairement masculines.

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Deraspe, Rébecca, Gamètes, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 12, 2017, 117 p. Ill. Suivi de «Contrepoint. Ce qui nous cimente» par Annick Lefebvre.

Interrogation argumentative

Christiane Bailey et Jean-François Labonté, la Philosophie à l’abattoir, 2018, couverture

L’Oreille tendue, certains le savent, est lectrice des collections «Documents» et «Pièces» de la maison Atelier 10. Ceux-là ne s’étonneront pas qu’elle vienne de lire la Philosophie à l’abattoir. Réflexions sur le bacon, l’empathie et l’éthique animale, de Christiane Bailey et Jean-François Labonté.

Les sujets abordés sont d’actualité : le rapport aux animaux (d’élevage, de compagnie, sauvages), l’alimentation, les questions environnementales. L’information est à jour — plusieurs titres cités sont très récents —, même si des auteurs classiques sont convoqués, d’Aristote à Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. Le rythme est rapide. Certaines formules sont inattendues : «animaux non humains» (p. 48), «citoyenneté animale» (p. 52), «droit à l’autodétermination» des animaux (p. 57), «justice interespèce» (p. 93). Le ton est engagé.

Cela étant, voilà encore un ouvrage qui n’est pas fait pour l’Oreille. D’une part, elle est omnivore; or cela paraît inconcevable pour les auteurs, qui fustigent l’«omnivorisme», fût-il «consciencieux» (p. 71). D’autre part, et surtout, elle n’aime pas se faire donner des leçons.

Prenons deux phrases de la page 26 : «Nous pouvons résoudre ce “paradoxe de la viande” en modifiant nos comportements, comme le font les véganes qui cessent d’en manger. Si cela semble l’option la plus juste envers les animaux, la plus rationnelle et la plus saine d’un point de vue psychologique, c’est aussi la moins couramment choisie» (p. 26). Le verbe «sembler» n’est là que pour faire croire que la position avancée serait nuancée; oublions-le. Vous mangez de la viande ? Votre choix, affirment les auteurs, est injuste envers les animaux, irrationnel et malsain du «point de vue psychologique».

Sur le plan de l’argumentation, c’est une façon de procéder dont on peut imaginer qu’elle ne portera guère de fruits. Tout le monde n’aime pas se faire dire qu’il est injuste, irrationnel et malsain — mais peut-être les auteurs veulent-ils prendre position plus que convaincre ceux qui ne partagent pas leurs croyances.

P.-S.—Sur cette question, on lira les publications de Renan Larue, par exemple celles-ci.

 

Référence

Bailey, Christiane et Jean-François Labonté, la Philosophie à l’abattoir. Réflexions sur le bacon, l’empathie et l’éthique animale, Montréal, Atelier 10, coll. «Documents», 14, 2018, 96 p. Ill.

Le zeugme du dimanche matin et de Maylis de Kerangal

Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main, 2018, couverture

«Dans l’ébranlement du train et du jour qui se lève, son visage s’éclaire, et ce qui était encore imperceptible lorsqu’elle s’est assise dans le wagon, dérobé, se révèle maintenant qu’elle a tourné la tête vers la vitre : quelque chose de rêveur et d’aride, quelque chose de solitaire.»

Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main, Paris, Gallimard, coll. «Verticales», 2018, 288 p. Édition numérique.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

HC en CH

Quatre personnalités politiques avec le chandail des Canadiens

L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion de montrer quelques pièces de sa collection (inutile) de chanteurs / musiciens portant le chandail des Canadiens de Montréal — c’est du hockey. Ils ne sont bien sûr pas les seuls.

C’est aussi le cas de l’ancienne mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, d’un premier ministre de Chine, Li Keqiang, et, cette semaine à Montréal, des Clinton, Bill et Hillary.

Les politiques aussi voient les avantages de revêtir la sainte flanelle.

 

[Complément du 25 août 2021]

Pythagore aussi, Pythagore déjà (en 1972).

Jacques Languirand, De Mc Luhan à Pythagore, 1972, couverture