Daphnée est une «actrice sans contrat ni envergure».
Jean-Simon DesRochers, la Canicule des pauvres. Roman, Montréal, Les Herbes rouges, 2009, 671 p., p. 52.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
Daphnée est une «actrice sans contrat ni envergure».
Jean-Simon DesRochers, la Canicule des pauvres. Roman, Montréal, Les Herbes rouges, 2009, 671 p., p. 52.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«Avant le concerto, Mme Faliero-Dalcroze avait chanté de la musique italienne avec une voix fraîche et une robe rose.»
Colette, Au concert, Le Castor Astral, coll. «Les inattendus», 15, 1992, 155 p., p. 21. Édition établie et présentée par Alain Galliari.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«The New Yorker is one of the three great contributions the United States has made to world civilization. The other two are, of course, Some Like It Hot and the iPhone.»
Nicholson Baker, «David Remnick», Port, 2011; repris dans The Way the World Works. Essays, New York, Simon & Schuster, 2013, p. 94-102, p. 95.
En 2004, dans son Dictionnaire québécois instantané (p. 80-81), l’Oreille tendue codéfinissait ainsi l’expression équipé pour veiller tard :
À l’origine, évoquait une poitrine généreuse.
1. Il eut été plus juste alors de dire Équipée pour faire veiller tard.
2. Au sens strict, ne s’emploie qu’au féminin, sauf dans les régions. On ne peut pas dire Robert était équipé pour veiller tard.
3. Expression dorénavant apprêtée à toutes les sauces. «Maax équipée pour surfer tard» (la Presse, 6 juillet 2000). «Sampras était équipé pour veiller tard» (la Presse, 20 janvier 2002). «Financièrement, Guy A. Lepage est équipé pour chômer longtemps» (la Presse, 6 septembre 2002).
4. A contrario : «Équipés pour veiller de bonne heure» (la Presse, 19 septembre 2000).
Pourquoi parler de cela aujourd’hui ? À cause de ce titre dans le Devoir du 29 janvier 2014 : «Patrick Norman, équipé pour durer» (p. B9). Le équipé pour a attiré l’oreille de l’Oreille. C’est comme ça.
P.-S. — Cela dit, elle reconnaît sans mal que toutes les occurrences de équipé pour n’ont pas équipé pour veiller tard comme substrat.
[Complément du 22 juin 2016]
Le sport vous intéresse ? «Équipé pour courir tard», titre la Presse+ du jour.
[Complément du 19 juin 2017]
L’expression est commune. La preuve ? Les publicitaires s’en servent.
[Complément du 12 juin 2020]
Glanes plus ou moins récentes :
«Équipez-vous pour confiner fort» (publicité, la Presse+, 5 juin 2020).
«Équipé pour veiller dehors» (publicité de la compagnie Trévi, juin 2020).
«SaguenayLacSaintJean.ca / équipé pour jouer dehors !» (la Presse, 21 janvier 2009, p. A19).
[Complément du 15 novembre 2021]
Greyé peut être synonyme d’équipé, comme chez le Michel Tremblay d’Offrandes musicales : «En montrant l’entre-jambe de Luis [Mariano] : “En tout cas, y a l’air greyé pour veiller tard…”» (p. 68)
Référence
Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.
Tremblay, Michel, Offrandes musicales. Récits, Montréal et Arles, Leméac et Actes Sud, 2021, 165 p.
Lire le passage suivant, de Je m’en vais (1999) :
Mais les paroles, une fois émises, sonnaient trop brièvement avant de se solidifier : comme elles restaient un instant gelées au milieu de l’air, il suffisait de tendre ensuite une main pour qu’y retombent, en vrac, des mots qui venaient doucement fondre entre vos doigts avant de s’éteindre en chuchotant (p. 54).
Entendre ceci, du cinquante-sixième chapitre du Quart-Livre de Rabelais (éd. de 1552) :
Lors nous iecta sus le tillac plènes mains de parolles gelées, & sembloient dragée perlée de diverses couleurs. Nous y veismes des motz de gueule, des motz de sinople, des motz de azur, des motz de sable, des motz dorez. Les quelz estre quelque peu eschauffez entre nos mains fondoient, comme neiges, & les oyons realement. Mais ne les entendions. Car c’estoit languaige Barbare. Exceptez un assez grosset, lequel ayant frère Ian eschauffé entre ses mains feist un son tel que font les chastaignes iectées en la braze sans estre entonmées lors que s’esclatent, & nous feist tous de paour tressaillir. […] Ce nonobstant il en iecta sus le tillac troys ou quatre poignées. Et y veids des parolles bien picquantes, des parolles sanglantes, lesquelles li pilot nous disoit quelques foys retourner on lieu duquel estoient proferées, mais c’estoit la guorge couppée, des parolles horrificques, & aultres assez mal plaisantes à veoir. Les quelles ensemblement fondues ouysmes, hin, hin, hin, hin, his, ticque torche, lorgne, brededin, brededac, frr, frrr, frrr, bou, bou, bou, bou, bou, bou, bou, bou, traccc, trac, trr, trr, trr, trrr, trrrrrr, On, on, on, on ououououon: goth, mathagoth, & ne sçay quels aultres motz barbares, & disoyt que c’estoient vocables du hourt & hannissement des chevaulx à l’heure qu’on chocque, puys en ouysmez d’aultres grosses & rendoient son en degelent, les unes comme de tabours, & fifres, les aultres comme de clerons & trompettes.
Remercier François Bon d’avoir, il y a jadis naguère, chez les Helvètes, saisi et déposé le texte de Rabelais (ici).
Références
Echenoz, Jean, Je m’en vais. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1999, 252 p.
Rabelais, François, le Quart-Livre, édition Michel Fezandat de 1552, disponible sur le Athena de l’Université de Genève.