Contextes

Pierre Michon, les Onze, 2009, couverture

Il est jadis arrivé à un étudiant de l’Oreille tendue, au moment de soutenir sa thèse de doctorat, de se faire reprocher d’avoir utilisé — en toute connaissance de cause, pourtant — l’expression «“has been” de la sociabilité». Il n’aurait pas fallu parler ainsi de la décadence de Paris.

Cet étudiant, qui n’en est plus un, se consolera peut-être en lisant ceci, sous la plume du Pierre Michon des Onze : au moment de la Révolution française, le peintre David, «s’il avait évincé, emprisonné et exilé tous ses rivaux directs, ceux de sa génération, les quarantenaires, il avait gardé les vieilles mains des hasbeens, Fragonard, Greuze, Corentin» (p. 88).

Il faut croire que le contexte fait tout.

 

[Complément du 24 octobre 2010]

Lise Bissonnette, ex-directrice du Devoir et ex-présidente-directrice générale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, a récemment prononcé un discours sur l’utilisation journalistique des réseaux sociaux. Elle a fait des vagues. Comment l’a-t-on appelée ? «Has been Lise.» Voir le récit d’Antoine Robitaille (le Devoir, 24-25 avril 2010, p. C2).

 

Référence

Michon, Pierre, les Onze, Lagrasse, Verdier, 2009, 136 p.

Cassures

Stéphanie Kaufmann, Ici et là. Récits, 2009, couverture

 

Stéphanie Kaufmann, l’auteure d’Ici et là (2009), aime les maisons. Certaines expressions doivent la heurter, dont celle-ci : «Ils voulaient casser maison — enfin, ils y songeaient» (p. 30).

Casser maison ? Qu’on se rassure : il ne s’agit pas de vandalisme, du moins pas au sens strict. Mais alors ?

Qui casse maison abandonne un type de vie pour un autre. Cette personne met fin à une forme d’expérience domestique, elle se défait de (presque) tout. Cela se dit surtout de ceux qui quittent la vie active pour la (maison de) retraite.

La perte n’est pas moins grande.

 

Référence

Kaufmann, Stéphanie, Ici et là. Récits, Québec, L’instant même, 2009, 110 p.