«avoir tendu une oreille apeurée pour écouter depuis son lit les propos de maquisards venus se ravitailler à la ferme tard dans la nuit»
Françoise Héritier, Au gré des jours, Paris, Odile Jacob, 2017, 151 p., p. 47.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«avoir tendu une oreille apeurée pour écouter depuis son lit les propos de maquisards venus se ravitailler à la ferme tard dans la nuit»
Françoise Héritier, Au gré des jours, Paris, Odile Jacob, 2017, 151 p., p. 47.
Dans la Ligue nationale de hockey, il fut un temps où les séries éliminatoires — le détail, disent certains — ne se rendaient pas jusqu’au mois de juin. C’était le bon vieux temps.
En 1979, on l’a vu, Dominique Michel déplorait leur longueur indue : «Chez nous l’hiver c’comme le hockey / Y a des finales jusqu’au mois d’mai.»
Chez Renald Bérubé (les Caprices du sport, 2010), une autre chronologie se donne à lire :
Le but de Leswick en prolongation en 1954 : il l’avait braillé sans retenue aucune, il avait le rouge de la peine au front en se rendant ce printemps-là, servant de messe, aux cérémonies de la semaine sainte — car les éliminatoires de la coupe Stanley et ladite semaine advenaient alors au même moment, à peu près toujours, à son grand dam. Fallait participer aux cérémonies, il ratait donc les matches diffusés à la radio. Entre le cierge pascal et le hockey, ses croyances n’hésitaient même pas, sinon pour les apparences nécessaires du qu’en-dira-t’on de la rectitude religieuse d’alors (p. 68).
Hockey et semaine sainte (mars-avril) : il est vrai qu’au Québec hockey et religion ont souvent partie liée.
Illustration : «Cierge pascal», 2011, photo déposée sur Wikimedia Commons
Référence
Bérubé, Renald, les Caprices du sport. Roman fragmenté, Montréal, Lévesque éditeur, coll. «Réverbération», 2010, 159 p.
Cela semble se confirmer : il y aurait un nouveau pape.
L’ami Jean-François Nadeau aborde cette nomination dans sa chronique du Devoir le 12 mai. Qui convoque-t-il ?
Il en faut beaucoup pour que l’ordre du monde chavire. Celui de l’Église, en particulier, a su se maintenir à flot. Ce mécréant de Voltaire aimait raconter l’histoire de la puissante dynastie des Borgia. Le philosophe narrait leurs orgies et leurs crimes.
Le site Tout Voltaire regorge d’exemples sur cette famille — et de compliments : assassin, scélérat, corrupteur et corrompu, empoisonneur, barbare, tyran, perfide, cruel, sanguinaire, voleur, méchant, fourbe, incestueux, infâme, débauché, etc. Que du beau monde, cette dynastie, selon l’auteur de l’Anti-Machiavel (1739) ! (Tout le monde n’est pas d’accord avec lui.)
Voltaire est toujours bien vivant.
Illustration : blason de la famille Borgia, photo déposée sur Wikimedia Commons
«“Je vaux mieux que vous tous”, répétaient à longueur de journée sa parure, ses exigences sans cesse renouvelées, jusqu’à la démarche hautaine qu’il adoptait en parcourant l’été venu les jardins du château» (p. 32).
«Dévots pendant le jour, les Vénitiens sont sacrilèges sous le couvert d’un masque ou des ténèbres» (p. 71).
«J’avais fini [c’est Casanova qui parle] par réviser mon premier avis à son égard en jugeant que si un homme avait les ressources intérieures pour se porter à pied au bout de l’Amérique, en gravissant les monts Appalachiens puis les montagnes Rocheuses, en se nourrissant d’herbes et de visions, en remplissant l’espace immense de chimères, pour l’aiguillonner jusqu’aux déserts gelés où le passage du Nord-Ouest attend son découvreur, c’était bien cet inlassable Français [Chateaubriand]» (p. 189).
Benjamin Hoffmann, les Minuscules. Roman, Paris, Gallimard, coll. «NRF», 2024, 285 p.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«Odile, d’habitude, dormait comme un plomb et jamais elle n’entendait rentrer les bateaux qui, pourtant, faisaient assez de bruit avec leur sirène pour demander l’ouverture du pont.
Une fois, pourtant, qu’elle avait mangé de la morue à la crème et qu’elle ne digérait pas, elle se réveilla au milieu de la nuit. Elle avait envie de se relever pour boire un verre d’eau. Elle hésitait, à cause du froid.
Soudain, il lui sembla qu’elle entendait un murmure et elle tendit l’oreille, troublée. Elle entendait et elle n’entendait pas. C’était curieux. Elle avait le corps chaud de la Marie à côté d’elle et elle cherchait à percevoir sa respiration, constatait quelque chose d’anormal.»
Simenon, la Marie du Port. Roman, dans Tout Simenon 21, Paris et Montréal, Presses de la Cité et Libre expression, coll. « Omnibus », 1992, p. 483-566, p. 561. Édition originale : 1938.