La 286e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.
Mises à jour du vendredi matin
De l’article André Belleau (bibliographie)
De l’article Arthur Buies
De l’article L’édition savante en vidéos
De l’article Jean-François Rameau
De l’article Mission impossible
De l’article Neige
Éloge d’un Rameau
Ceux qui connaissent Jean-François Rameau (1716-1777) ne le connaissent généralement que par le Neveu de Rameau de Diderot. André Magnan lui a pourtant consacré un livre en 1993, Rameau le neveu, fruit d’une longue traque érudite pour (r)établir les faits le concernant. Le personnage était-il connu de ses contemporains ? Assez pour que le célèbre Jean-Philippe Rameau, «le grand compositeur et célèbre théoricien de l’harmonie» (p. 9), soit désigné de l’expression «RAMEAU, l’oncle» (p. 96) en 1760.
Jean-François Rameau étant né le 30 janvier 1716, André Magnan signait un nouveau texte sur lui il y a deux jours, «30 janvier 1716 – 30 janvier 2016 : Jean-François Rameau à la fête».
Ceux qui connaissent ce Rameau-là en pensent rarement du bien : un parasite, croient-ils. Pas André Magnan :
J’ai aimé ton tour d’esprit, ta dégaine, tes naïvetés, tes innocences, tes vagabondages, tes dévergondages, tes désarrois, tes faiblesses, tes peurs de vieil enfant. J’ai aimé tes inspirations subites, tes pitreries, les ruptures de logique, tes sautes de voix, tes improvisations à plusieurs personnages, tes pantomimes, tout ce happening de ton propre corps. J’ai aimé lire, relire et citer le portrait qu’a tracé de toi ce vieux cabot de Piron à la mort de l’Oncle. Tu étais fou égaré, tu te rappelles, plus rien n’avait de sens. Tu te laissais aller, tu ne voulais plus rien faire, le ne-veux de Rameau, un grand n’importe quoi […]. J’aurais peut-être pourtant quelques petites choses à te reprocher, si j’osais, du côté de la rigueur morale, du désintéressement, de la gratitude, de l’honneur des filles, et tu m’entends bien.
Cela change agréablement la perspective.
[Complément du 3 février 2016]
André Magnan ajoute aujourd’hui un copieux P.-S. à son texte.
Références
Magnan, André, Rameau le neveu. Textes et documents, Paris et Saint-Étienne, CNRS éditions et Publications de l’Université de Saint-Étienne, coll. «Lire le XVIIIe siècle», 11, 1993, 246 p. Ill.
Magnan, André, «30 janvier 1716 – 30 janvier 2016 : Jean-François Rameau à la fête», site Profession spectacle, 30 janvier 2016. http://www.profession-spectacle.com/30-janvier-1716-30-janvier-2016-jean-francois-rameau-a-la-fete/
Autopromotion 217
Perplexité matinale
L’Oreille tendue est en train de lire la traduction de Unkindest Cuts. An Inside History of Censorship de Robert Darnton.
Son traducteur parle à un moment de «communication digitale» (p. 8). Comme il ne s’agit manifestement pas de communication avec les doigts, on se serait attendu à «communication numérique». Jean-François Sené a choisi le calque de l’anglais plutôt que le terme français parfaitement équivalent.
Quelques pages plus loin, il est question de «mercatique», avec, à l’appui, la définition du mot par le Journal officiel (p. 17). Ici, Sené a privilégié le terme français rare plutôt que le commun marketing, venu directement de l’anglais.
Ça fait désordre.
P.-S. — Depuis le 1er janvier 2016, le Journal officiel n’est plus disponible qu’en numérique. On ne pourra plus le tenir entre ses doigts.
P.-P.-S. — «Faire sens» (p. 146 et p. 149) ? Non.
Référence
Darnton, Robert, De la censure. Essai d’histoire comparée, Paris, Gallimard, coll. «NRF Essais», 2014, 391 p. Ill. Traduction de Jean-François Sené.