(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
Gravel, François, le Match des étoiles, Montréal, Québec/Amérique jeunesse, coll. «Gulliver», 66, 1996, 93 p. Préface de Maurice Richard.
«S’il avait eu cinquante ans de moins, Maurice Richard aurait fait à ces jeunes blancs-becs de retentissantes mises en échec, il se serait ensuite emparé de la rondelle et personne n’aurait pu la lui enlever. Il aurait filé tout droit vers le but, comme une locomotive…» (p. 9-10).
L’ancien arbitre Red Storey déclare au réseau de télévision CTV, le 15 mars 1996, que Maurice Richard était «a runaway train with black headlights» (un train fou avec des phares noirs).
(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
Mes Aïeux, «Le fantôme du Forum», la Ligne orange, 2008
[Bruit de glas]
Le mois de janvier 1937
Marqua la fin d’une grande carrière Howie Morenz le fameux numéro sept
Quitta le match sur une civière
Consternation dans les gradins
Branle-bas d’combat dans la chambre des joueurs
«C’est une fracture», dit le médecin
«App’lez l’ambulance», dit le ramancheur
À l’hôpital Saint-Luc
Un peu avant minuit
La jambe dans l’plâtre
L’œil un peu triste
Le Lightning Man déclare aux journalistes
«I will be back for the series»
Mais la vie réservait un autre sort
À la superstar du tricolore
Une embolie cérébrale fatale
Mort d’un héros deuil national
Un cercueil au centre de la glace
Le Forum converti en cathédrale
Tous les éléments étaient en place
Pour un phénomène paranormal
L’esprit de Morenz en son tombeau glorieux
Sentait l’odeur reconnaissait les lieux
Il entendait dans un lointain écho
Comme une clameur qui criait «Go Habs go»
Go Habs go
Go Habs go-o-o-o-o
Go Habs go
Go Habs go-o-o-o-o
Le spectre revêtit l’uniforme
Et sauta par-dessus la bande
Planta ses lames dans la légende Celle du fantôme du Forum
Howie ! On a un septième homme su’a glace
Howie ! Un vrai de vrai d’l’époque pas d’casque
Howie ! L’adversaire shake dans ces culottes
Howie ! Tout le monde a peur de sa méchante garnotte
De coupe Stanley en dynastie
Le fantôme a bien su jouer son rôle
Le cœur gros comme la Zamboni
Il transportait l’équipe sur ses épaules
Le bras de Morenz et le flambeau glorieux
Guidaient les joueurs investissaient les lieux
Motivé par sa [sic] lointain écho
Toujours cette clameur qui criait «Go Habs go»
Go Habs go
Go Habs go-o-o-o-o
Go Habs go
Go Habs go-o-o-o-o
Le feu dans les yeux du Rocket
Les feintes savantes du Gros Bill
Toute la fougue du Pocket Rocket Jacques Plante et son p’tit nez fragile
La grâce artistique de Ti-Guy Dryden, le gardien du Barreau
La force tranquille du Big Three Casseau qui jase avec ses poteaux
Les mauvais bonds, les buts chanceux
Quand la puck roulait pour nous autres
Pis quand l’arbitre fermait les yeux
C’était Howie Morenz qui d’autre
Howie ! On a un septième homme su’a glace
Howie ! Un vrai de vrai d’l’époque pas d’casque
C’t’un gros facteur parapsychologique
De jouer en avantage ésotérique
Au nom du dollar tout-puissant
Au nom de la modernité Le deuxième étage tramait des plans
Pour déménager le temple du hockey
Puis vint la descente aux enfers
Mais peut-on blâmer la malchance
Quand du vieux Forum au Centre Bell
Pour un fantôme c’est un longue-distance
Combien de temps sera-t-il condamné
À hanter le Cinéplex Pepsi AMC
How many season [sic] before it ends
The curse of the Lightning Man, Howie Morenz
Howie Morenz
Howie ! Y a une rumeur qui flotte dans l’air
Howie ! Il aurait quitté son repaire
Paraît qu’y’aurait erré une couple d’hiver
Avant de trouver la rue de la Gauchetière
Howie ! Le hockey c’est not’religion
Howie ! Prions allumons des lampions
Howie ! Peuple à genoux dans nos salons
Pour que le Saint-Graal revienne à la maison
À l’occasion, il arrive à l’Oreille tendue d’écrire de petites choses sur Maurice Richard, le plus célèbre joueur des Canadiens de Montréal — c’est du hockey.
Rebelote dans le quotidien montréalais le Devoir du jour (merci à Dave Noël pour l’invitation). Sous le titre «Maurice Richard n’est pas mort», l’Oreille réfléchit à la place du Rocket dans la société québécoise aujourd’hui.
Pourquoi ce texte ? Le 27 mai, il y aura 25 ans que Richard est mort.
(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
Alain-François, «C’est pour quand la coupe Stanley ?», album Alain-François, 2007
Maurice c’est un gars d’Montréal
Un joueur d’hockey phénoménal
Y a faitte 500 buts en carrière
Y’s’foutait d’son salaire
Serguei c’t’un gars d’la Russie
Qui passe son temps sur la galerie
Qui mange la puck qui vire en rond
Pour 3 point 5 millions
C’est pour quand la coupe Stanley
Sûrement pas cette année
On part en lion on finit en poisson
Y a un problème dans’cage ou de repêchage
C’t’un gros bateau qui prend l’eau
Depuis qu’on a perdu Casseau
Lafleur un des plus grands marqueurs
Y avait du chien y avait du cœur
Y en a gagné des coupes Stanley
Pour 30 000 par année
Alex un aut’gars d’la Russie
Un Canadien ben endormi
Qui dort s’a’glace pis qui score pas
À 400 000 par mois
C’est pour quand la coupe Stanley
Sûrement pas cette année
On part en lion on finit en poisson
Y a un problème dans’cage ou de repêchage
C’t’un gros bateau qui prend l’eau
Depuis qu’on a perdu Casseau
[Voix off]
La punition au numéro 66
Alain-François
Deux minutes pour langue sale
Les fans sont pas mal écœurés
Des millionnaires du hockey
Y ont pas l’CH à’bonne place
Quand l’équipe saute s’a’glace
À chaque année c’est a’même histoire
En fin d’saison c’est l’désespoir
Pour éviter la catastrophe et pis faire les playoffs
C’est pour quand la coupe Stanley
Sûrement pas cette année
On part en lion on finit en poisson
Y a un problème dans’cage ou de repêchage
C’t’un gros bateau qui prend l’eau
Depuis qu’on a perdu Casseau
C’est pour quand la coupe Stanley
Sûrement pas cette année
On part en lion on finit en poisson
Y a un problème dans’cage ou de repêchage
C’t’un gros bateau qui prend l’eau
Depuis qu’on a perdu Casseau
[Voix off]
Heye penses-tu qu’on va les faire ’es playoffs c’t’année ?
(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
Les lèvres scorbut de Jacques Cartier
Les lèvres envahies de Donnacona
Les lèvres barbecue de Jean de Brébeuf
Les lèvres tonitruantes de Frontenac
Les lèvres auréolées de Marguerite Bourgeoys
Les lèvres dévouées de madame de Peltrie
Les lèvres citadines de Paul de Chomedey de Maisonneuve
Les lèvres rôties de Gabriel Lalemant
Les lèvres aventureuses de Pierre Radisson
Les lèvres hospitalières de Jeanne Mance
Les lèvres puritaines de la reine Victoria
Les lèvres épiques de Louis Fréchette
Les lèvres vénérées du frère André
Les lèvres joualisantes de Jean Narrache
Les lèvres métissées de Louis Riel
Les lèvres black-out de Maurice Duplessis
Les lèvres mégalomanes de Jean Drapeau
Les lèvres méprisantes de Pierre Elliott Trudeau
Les lèvres en tabarnak de Michel Chartrand
Les lèvres polémiques de Pierre Bourgault
Les lèvres nicotine de René Lévesque
Les lèvres FLQ de Jacques Lanctôt
Les lèvres blanches de Michèle Lalonde
Les lèvres rapaillées de Gaston Miron
Les lèvres cantouque de Gérald Godin
Les lèvres kamikazes de Josée Yvon
Les lèvres tatouées de Denis Vanier
Les lèvres cajuns de Zachary Richard
Les lèvres allumées de Robert Lepage
Les lèvres magnétiques de Gérald Leblanc
Les lèvres peintes de Roméo Savoie
Les lèvres absentes de Réjean Ducharme
Les lèvres écologistes de Pierre Dansereau
Les lèvres kabuki de Diane Dufresne
Les lèvres highway de Jack Kerouac
Les lèvres géniales d?Émile Nelligan
Les lèvres exploréennes de Claude Gauvreau
Les lèvres carreautées de Félix Leclerc
Les lèvres familiales de Michel Tremblay
Les lèvres québécoises de Gaëtan Lévesque
Les lèvres incendiées de Paul-Marie Lapointe
Les lèvres monologuistes de Yvon Deschamps
Les lèvres autochtones de Florent Vollant
Les lèvres souriantes de Anne Hébert
Les lèvres boréales de Richard Desjardins
Les lèvres passionaras de Pauline Julien
Les lèvres Appalaches de Richard Séguin
Les lèvres western de Willie Lamothe
Les lèvres alchimiques de Paul Chamberland
Les lèvres amérindianistes de Serge Bouchard
Les lèvres innues de Joséphine Bacon
Les lèvres archivistes de Gaëtan Dostie
Les lèvres combatives de Lise Payette
Les lèvres tam ti dedam tam de Gilles Vigneault
Les lèvres pampamlinkquetinkquetonktonk de Raymond Lévesque
Les lèvres party de Pierre Falardeau
Les lèvres comètes de Guy Lafleur
Les lèvres herculéennes de Louis Cyr
Les lèvres nationales de Maurice Richard
Les lèvres ouvertes de Jean-Paul Daoust
Les lèvres inachevées de l’Amérique
P.-S.—Cette chanson est un hommage au poème «Les lèvres ouvertes», paru dans le recueil du même titre (2001), de Jean-Paul Daoust.