Pour la suite du monde, ou pas ?

«Pour la suite du monde», meme, 2022

Au début des années 1960, le cinéaste Pierre Perrault lance Pour la suite du monde. C’est un titre apprécié au Québec (et ailleurs).

Exemples récents :

«Une invitation à marcher pour la suite du monde» (la Presse+, 4 mai 2022).

«Pour la suite du monde» (la Presse+, 2 mai 2022).

«Relance de la culture. Pour la suite du monde» (le Devoir, 12 avril 2022, p. A6).

«Pour la suite du monde» (la Presse+, 8 avril 2022).

«Pour la suite du monde de l’information» (la Presse+, 28 août 2019).

Suivons Nicolas Krief (à qui l’Oreille tendue doit l’illustration ci-dessus; merci) et demandons-nous s’il n’y a pas lieu de laisser tomber ce genre de titre, au moins pour les articles sur le cinéma documentaire.

P.S.—Contre-exemple : le spectacle théâtral Contre la suite du monde.

 

[Complément du 24 mars]

L’expression ne se trouve pas que dans les titres de presse. Que crie le narrateur trop imbibé du roman La soif que j’ai (2024) dans un bar de Sherbrooke ? «Pour la suite du monde !» (p. 105)

 

Référence

Dufour-Labbé, Marc-André, La soif que j’ai. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2024, 139 p.

Il fait chaud, vous ne trouvez pas ?

Simone de Beauvoir, Faut-il brûler Sade ?, éd. de 2011, couverture

Moratoire en vue…

1955 : Faut-il brûler Sade ?

1959 : Faut-il brûler Teilhard de Chardin ?

1978 : Faut-il brûler les nouveaux philosophes ?

1978 : Faut-il brûler Sardou ?

1980 : Faut-il brûler la science ?

1981 : Faut-il brûler Piaget ?

1984 : Faut-il brûler la Suisse ?

1985 : Faut-il brûler le structuralisme ?

1986 : Faut-il brûler les homosexuels ?

1986 : Faut-il brûler la République ?

1991 : Faut-il brûler Marx ?

1991 : Faut-il brûler Descartes ?

1992 : Faut-il brûler Dumézil ?

1994 : Faut-il brûler les journalistes ?

1995 : Faut-il brûler les Arabes de France ?

1995 : Faut-il brûler Darwin ?

1997 : Faut-il brûler les mangas ?

1998 : Faut-il brûler Taylor ?

1999 : Faut-il brûler Régis Debray ?

2000 : Faut-il brûler les Rose-Croix ?

2001 : Faut-il brûler la science ? (bis)

2001 : Faut-il brûler Lénine ?

2002 : Faut-il brûler la dentelle mécanique ?

2004 : Faut-il brûler les technocrates ?

2004 : Faut-il brûler l’ONU ?

2006 : Faut-il brûler la Galigaï ?

2006 : Faut-il brûler le Code du travail ?

2006 : Faut-il brûler la gestion des compétences ?

2006 : Faut-il brûler le modèle social français ?

2007 : Faut-il brûler les rites ?

2008 : Faut-il brûler les HLM ?

2008 : Faut-il brûler Calvin ?

2009 : Faut-il brûler les banquiers ?

2010 : Faut-il brûler Freud ?

2010 : Faut-il brûler la contre-insurrection ?

2010 : Faut-il brûler ce livre ?

2012 : Faut-il brûler l’art contemporain ?

2013 : Faut-il brûler les humanités et les sciences humaines et sociales ?

2014 : Faut-il brûler Babylone ?

2014 : Faut-il brûler les institutions ?

2021 : Faut-il brûler les postmodernes ?

P.-S.—Cette liste est constituée uniquement de titres de livres présents dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France, sauf pour le plus récent.

Marivaudage du samedi matin

Portrait de Marivaux, 1743

Sur une île déserte, s’il ne fallait prendre qu’un seul dramaturge du XVIIIe siècle, ce serait évidemment Marivaux. Au Siècle des lumières, personne ne lui arrive à la cheville.

Lui, pourtant si grand, est ramené aujourd’hui, au Québec, à une seule formule (à un seul titre) :

«Le jeu de l’épargne et du hasard» (la Presse, 6 juin 2015, cahier «Affaires», p. 6);

«Le jeu de l’humour et du hasard» (la Presse+, 10 octobre 2015);

«Je connaissais son penchant [celui de Denise Bombardier] pour les jeux de l’amour et du hasard, un pied dans l’eau bénite, l’autre dans le Cream Soda de son enfance» (le Devoir, 30 octobre 2015, p. B10).

Pauvre Marivaux.

 

[Complément du 26 mars 2016]

Livraison du jour :

Madeleine Ouellette-Michalska, Jeux de hasard et de désir, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Romanichels», 2015, 224 p.

«Jeux de l’amour et de la férocité», le Devoir, 26-27 mars 2016, p. E9.

 

[Complément du 20 juin 2019]

Encore une fois, réjouissons-nous, en quelque sorte, de la fortune de Marivaux, qui n’est pas que québécoise.

«Les jeux de hasard et d’argent», site Fabula, 2016.

«L’économie du jeu et du hasard», France Culture, 2017.

«Le jeu de l’amour et du hasard», le Devoir, 1er-2 décembre 2018.

Marie-France Bru et Bernard Bru, les Jeux de l’infini et du hasard, 2019.

Laurent Pujo-Menjouet, le Jeu de l’amour sans le hasard. Mathématiques du couple, 2019.

 

[Complément du 31 mai 2021]

Triplé du jour :

«Dépendance aux jeux de hasard et d’argent» (le Devoir, publireportage, 2-3 novembre 2019, p. A6).

«Loteries royales, les jeux de l’État et du hasard», France Culture, 14 décembre 2020.

«2Fik. Le jeu de l’amour et des avatars» (la Presse+, 31 mai 2021).

Du moratoire

L’Oreille tendue est volontiers donneuse de leçons. C’est là son moindre défaut.

Elle rêve, par exemple, d’imposer des moratoires. Elle vient de les regrouper dans une nouvelle catégorie; c’est .