Chantons le hockey avec Boby Lapointe

Publicité pour le fromage Jockey

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Boby Lapointe, «Jockey, c’est pas mauvais», 1970

 

Jockey,
C’est pas mauvais ! Hé.
«Ah ! mes amis, dit la baronne,
Restez dîner, je vous l’ordonne,
Avec notre ami le jockey.»
Et elle ajoute en souriant :
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hum.»
«Ah ! Cornebleu, dit l’amiral,
Si j’pars en mer mon amie râle.
En ce cas resterai-je au quai ?»
Et moi j’ajoute en souriant :
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hein.»
«Moi, dit l’joueur de hockey sur glace,
Je vais rester, mais c’est dég’lasse,
Comme entraîneur ai-je au hockey.»
Et moi j’ajoute en souriant :
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hein.»
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hé.»
Comme nous nous levions de table,
M’sieur La Fontaine qui est affable
S’exclama : «Darling, suis-je okay ?»
J’ai dit «Jockey,
C’est pas mauvais. Hé.»
Après avoir un bon moment
Cherché moi-même un compliment
Entre la poire et le jockey,
J’ai dit «Jockey,
C’est pas mauvais. Hé.»
«Mon cher, rétorqua la baronne,
Vos plaisanteries sont très bonnes
Mais ici elles pourraient choquer.»
J’ai dit «Jockey ?
C’est pas mauvais. Hé.»

 

N.B. Il s’agissait d’une publicité pour le fromage blanc Jockey.

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Accouplements 252

Alfred Hitchcock, North by Northwest, 1959, affiche

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Depuis le 1er septembre 2024, l’excellent Patrick Boucheron est à la barre de l’émission Allons-y voir, «Un rendez-vous pour analyser les images qui nous entourent et nourrir nos imaginaires», sur France Culture. L’épisode du 24 novembre, «Au théâtre des valeurs de l’art», portait sur le marché de l’art. La commissaire-priseuse Chloé Collin y réfléchissait à son métier. On y entendait, sur les ventes aux enchères, un extrait du film le Tableau volé (2024) de Pascal Bonitzer et la chanson Drouot (1970) de Barbara.

C’est à cette émission que l’Oreille tendue a repensé en revoyant North by Northwest / la Mort aux trousses (1959) d’Alfred Hitchcock. Cary Grant y est particulièrement habile à bousiller le déroulement d’une vente aux enchères, en misant soit trop bas, soit trop haut. La scène est particulièrement drôle.

Allez-y voir.

 

[Complément du 18 décembre 2024]

Lisons Charles Dickens : «Si l’on considère, suivant l’opinion généralement répandue, l’âne comme le type même de la stupidité contente de soi-même, ce qui est peut-être beaucoup plus conventionnel que juste, alors le plus grand âne de Cloisterham est Mr. Thomas Sapsea, le commissaire-priseur» (éd. de 1991, p. 70). Suit un portrait bien peu flatteur (p. 70-80, p. 233, p. 253, p. 273-274, p. 321-326, p. 412).

 

[Complément du 16 février 2025]

La chose est connue : depuis sa jeunesse, l’Oreille tendue collectionne les scènes de fornication dans les moyens de transport.

Elle en découvre une nouvelle dans le plus récent roman de Jean Echenoz, Bristol (2025), mettant en scène un commissaire-priseur :

Le dernier [amant] en date exerce la fonction de commissaire-priseur. Geneviève assurait d’abord ses déplacements professionnels, maintenant elle assouvit également ses pulsions. Il l’appelle, elle arrive, il monte à la place du mort qui est plus pratique pour un rapide rapport au fond d’un parking en sous-sol, il continue de payer ses courses au tarif du compteur (p. 175).

Comme c’est souvent le cas dans ces scènes, la locomotion est brièvement, et heureusement, interrompue.

 

Références

Dickens, Charles, le Mystère d’Edwin Drood (1870, inachevé), dans Dickens, Fruttero & Lucentini, l’Affaire D. ou le crime du faux vagabond, Paris, Seuil, 1991, 473 p. Édition originale : 1989. Traduction de Simone Darses. La traduction du texte de Dickens est de Charles-Bernard Derosne (1874), revue et corrigée par Gérard Hug.

Echenoz, Jean, Bristol. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2025, 205 p.