Citation caniculaire du jour

Jo Nesbø, les Cafards, éd. de 2015, couverture

L’Oreille tendue n’aime pas avoir chaud. En voyage à Bangkok, elle a souffert. Jo Nesbø, au début de son roman les Cafards, rend parfaitement le climat de la mégapole thaïlandaise :

Fichue circulation ! Elle était paralysée aujourd’hui aussi, et Dim fit signe au chauffeur qu’elle voulait descendre, même si cela signifiait qu’elle devrait traverser six files de voitures pour parvenir au motel, de l’autre côté de la route. L’air s’enroula autour d’elle comme une serviette chaude et mouillée lorsqu’elle descendit du taxi (p. 404).

Collant mais juste.

 

[Complément du 25 mars 2019]

Ça ne se rafraîchit pas au fil des pages.

Harry Hole rajusta ses lunettes de soleil et parcourut du regard la file de taxis qui attendaient devant Don Muang International Airport. Il avait la sensation d’être entré dans une salle de bains où quelqu’un aurait tout juste achevé de prendre une douche bouillante (p. 432).

La chaleur n’avait pas dit son dernier mot, même si le soleil s’était couché; bien au contraire, le vent était totalement tombé et [Harry] avait l’impression que l’humidité jaillissait du sol sous leurs pieds pour épaissir l’air jusqu’à le rendre pratiquement buvable (p. 447).

Harry descendit de voiture. La chaleur et l’humidité l’atteignirent en pleine poire, et il eut l’impression de soulever le couvercle d’une casserole d’eau bouillante (p. 614).

 

Référence

Nesbø, Jo, les Cafards, dans l’Inspecteur Harry Hole. L’intégrale I, traduction d’Alex Fouillet, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 770, 2015, p. 397-795. Édition originale : 2003.

L’oreille tendue de… Jo Nesbø

Jo Nesbø, le Bonhomme de neige, 2008, couverture

«Sylvia courait vers le cœur de la forêt. L’obscurité gagnait.

[…]

Elle s’arrêta et tendit l’oreille. Sa respiration haletante et rauque égratignait le calme, produisait le même son que lorsqu’elle déchirait le papier destiné à emballer les casse-croûte que les filles emporteraient à l’école. Elle parvint à modérer sa respiration. Tout ce qu’elle entendait, c’était le sang qui battait dans ses oreilles, et le clapotis bas d’un ruisseau.»

Jo Nesbø, le Bonhomme de neige. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, traduction d’Alex Fouillet, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 575, 2008, 583 p., p. 106. Édition originale : 2007.

Accouplements 132

Jo Nesbø, le Bonhomme de neige, 2008, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

L’accouplement du jour est une gracieuseté de Luc Jodoin.

Son tweet du 5 janvier 2019 : «“Il était sept heures et demie et trois cafés” Sérotonine, Houellebecq.»

Sa lecture du Bonhomme de neige de Jo Nesbø : «Gaspar Hagen s’était arrêté à la porte du restaurant Schrøder, et regardait autour de lui. Il était parti de chez lui exactement trente-deux minutes et trois conversations téléphoniques après le générique de Bosse» (éd. de 2008, p. 359).

Oui, ce sont des zeugmes. Ce ne sont pas les seuls de ce roman (voir ici et ).

Merci, Luc.

 

Référence

Nesbø, Jo, le Bonhomme de neige. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, traduction d’Alex Fouillet, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 575, 2008, 583 p. Édition originale : 2007.

L’oreille tendue de… Jo Nesbø

Jo Nesbø, Pølice, 2014, couverture

«Il attendit, mais personne ne vint. Il commença alors à avancer lentement dans le couloir. Il vérifia toutes les portes en chemin, mais elles étaient toutes fermées à clef comme il le fallait. Il arriva au coin, le couloir continuait. Éclairé jusqu’au bout. Et il n’y avait personne. Il s’arrêta à nouveau, tendit l’oreille. Rien. Il n’y avait personne. Il rangea le pistolet dans son holster.»

Jo Nesbø, Police. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, traduction d’Alain Gnaedig, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 762, 2014, 670 p., p. 146. Édition originale : 2013.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 19 février 2019.

Lectrice faillible

Jo Nesbø, Pølice, 2014, couverture

L’Oreille tendue est une lectrice sage, voire scolaire. Quand elle lit un livre, même un roman policier, elle lit tous les mots, dans l’ordre, sans jamais aller voir à la fin comment l’intrigue sera résolue. Ces derniers jours, elle a failli.

Jusque-là, elle avait lu sans déplaisir, mais sans enthousiasme, cinq romans de Jo Nesbø. Elle sort tout juste d’un sixième, Police : elle a lu tous les mots, dans l’ordre, mais en allant constamment voir comment les intrigues seraient résolues.

La narration de Nesbø est du grand art : mystères lentement éclaircis, croisement d’intrigues — meurtres en série et viols dans la Norvège d’aujourd’hui —, fausses pistes, vraies pistes abandonnées puis reprises, scènes à double entente, fin ouverte.

De la très belle ouvrage.

 

Référence

Nesbø, Jo, Police. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, traduction d’Alain Gnaedig, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 762, 2014, 670 p. Édition originale : 2013.