À 50 % ?

Il y a de plus en plus d’utilisateurs d’Internet qui se branchent au réseau à partir de leur téléphone mobile. L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion de dire un mot de ces mobigoinfres.

La Presse du 20 avril décrit les mobinautes (cahier Arts et spectacles, p. 1 et 4).

Le Petit Robert (édition numérique de 2007) parle d’appareil nomade («objet de taille réduite qui permet la consultation, l’échange d’informations sans être relié à une installation fixe [téléphones, ordinateurs portables, agendas, répertoires électroniques…]») et de travailleur nomade («qui utilise ce type de technologie pour travailler en toute circonstance, lors de ses déplacements»).

Jusque-là, l’Oreille suit. (Et elle en est.)

Comble de raffinement : l’arrivée du iPad d’Apple lui permet d’apprendre l’existence d’une nouvelle catégorie, ni uniquement devant son ordinateur (internaute), ni seulement son cellulaire à la main (mobigoinfre, mobinaute, travailleur nomade), mais un mélange des deux, le half-nomad.

On pourrait donc être nomade à moitié ?

Exercice de traduction

L’informatique nous a donné nombre de mots en –ware.

On fait tourner du software (logiciel) sur son hardware (matériel). Un logiciel truffé de fonctionnalités inutiles pour la plupart de ses utilisateurs est un bloatware (boufficiel). Le logiciel annoncé mais pas encore livré ? Du vaporware (fumiciel).

Pedro Rafael Rosado consacre sa chronique du 14 avril du podcast Tech Talk à un terme utile : le crapware, le logiciel de merde.

De quoi s’agit-il ? Rosado emprunte la définition suivante à about.com :

Crapware is software that is bundled with a new PC or other software package that the user is not fully aware that they are installing. It usually consists of poor quality utilities, games, toolbars and other useless software. Crapware authors will present confusing or cluttered installation screens that have the unwanted software scheduled to be installed by default or installed automatically. Crapware is usually not malicious and therefore not considered malware.

Adaptation libre : sans vous demander votre avis, on essaie de vous fourguer des logiciels de piètre qualité. Ils ne sont pas dangereux (malware), mais ils vous emmerdent.

Traduction ?

P.-S. — C’est évidemment plus fréquent sur Windows que sur Mac.

J’cours les concours, bis

Une traduction pour unfriend ? Il en était question aujourd’hui, sur les ondes de Radio-Canada, à l’émission de Christiane Charette. Guy Bertrand proposait élaminer (sur le modèle d’éliminer), excaminier (excommunier) et amicider (trucider). Marie-Éva de Villers y allait d’amiradier (et elle citait l’amizapper de l’Oreille tendue). Pour d’autres suggestions, on peut voir les commentaires des auditeurs : désamister, désamilister, radiamier, désamiller, dénami. Débat ouvert.

J’cours les concours

Dans certaines aires linguistiques, l’attention à la vie de la langue prend la forme de concours annuels.

En Allemagne, cela existe depuis 1971, sous l’égide de la Société pour la langue allemande (Gesellschaft für die deutsche Sprache). Francesca Predazzi et Vanna Vannuccini, dans leur Petit voyage dans l’âme allemande (2007, p. 221-225), sont allées fureter de ce côté-là. (L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion de parler de leur livre ici.)

Dans le monde anglo-saxon, les concours sont nombreux.

Les éditeurs du Merriam-Webster choisissent leur mot de l’année en fonction des fréquences de recherche sur la version en ligne de leur dictionnaire. Le gagnant pour 2009 ? To admonish (admonester), devant inaugurate, pandemic, furlough et rogue. Pourquoi ? «Le mot, qui remonte au XIVe siècle, a connu un regain de popularité quand le Congrès américain a “admonesté” le représentant Joe Wilson pour avoir publiquement traité le président Barack Obama de menteur lors de son discours au Congrès» (le Devoir, 21-22 novembre 2009, p. A4).

Chez Oxford University Press USA, on a retenu le verbe unfriend, soit l’action de retirer un nom de sa liste d’«amis» dans un site de réseautage social (Facebook, MySpace, etc.).

Sur Twitter, la semaine dernière, à l’instigation de Michel Dumais (@mdumais), plusieurs y sont allés de suggestions pour trouver un équivalent français à unfriend. Les résultats ?

Buter (@karlpro)

Couper (@karlpro)

Décamarader (@mcken)

Déchumer (de chum, ami, mais aussi copain ou compagnon) et donc déblonder (de blonde, amoureuse) (@patrickplante)

Décopiner (@mcken)

Se délier (@nivunicconu)

Délister, «Comme délester» (@nicolasdickner)

Dépoter (@mcken)

Désamifier (@embruns) — Attention : le mot «pourrait prêter à confusion avec désâmifier» (@slyberu). (Libération a consacré un article à cette proposition.)

Détaler (@EducationMedias)

Enlever (un ami) (@vervilleguy)

Flusher (@benoitmelancon) — On va même plus loin : «À certains, on pourrait réserver la flush royale !» (@Hortensia68)

Foutre la paix (@karlpro)

Nettoyer (@Crispicrunch)

Rompre (@karlpro)

Saquer (@embruns)

Soustraire (un ami) (@vervilleguy)

Tourner les talons ou détalonner — «Vu qu’on propose talonneurs pour followers» (@Hortensia68).

Virer (@karlpro)

Ailleurs, on a vu désamicaliser.

Quel mot gagnera ce concours improvisé ?

 

Référence

Predazzi, Francesca et Vanna Vannuccini, Petit voyage dans l’âme allemande, Paris, Grasset, 2007, 239 p. Traduction de Nathalie Bauer. Édition originale : 2004.

Francesca Predazzi et Vanna Vannuccini, Petit voyage dans l’âme allemande, 2007, couverture