Quelques ajouts au lexique numérique

Boîte de câbles informatiques

Les GAFAM ne vous plaisent pas ? Tournez-vous vers l’alternumérisme (radical).

Dans quel monde vivons-nous ? Réponse d’Adrien Tallent : «Formé de algo, apocope d’algorithme, et du suffixe -cratie (qui vient du grec kratos, le pouvoir), algocratie est un terme qui émerge depuis quelques années pour désigner le nouveau système politique dans lequel nous serions entrés.»

Vous souhaitez pimenter vos ébats ? Les choix ne manquent pas : érobotique («Agents conversationnels, robots sexuels, réalité virtuelle : l’érobotique se manifeste à travers une variété d’interfaces et de relations, de la simple amitié à l’amour profond», dixit la Presse+ du 14 mai 2023), botsexualité («L’avantage d’une relation “botsexuelle” est qu’elle tient dans la poche de son pantalon et qu’on peut lui donner la forme de son choix», avance coquinement le Devoir du 15 avril 2023), swouple («on nous promet que ce nouveau mot qui est une contraction de “swiping” et “couple” va entrer dans l’imaginaire collectif pour désigner “les couples qui ont fait connaissance par l’intermédiaire d’une application de rencontre”, écrit Olivier Niquet, qui a cependant «des doutes là-dessus»).

Vous voulez que vos enfants, qu’ils le sachent ou non, soient le plus rapidement possible sur le Web ? Vous êtes un adepte du sharenting.

Vous préférez cultiver la terre ? France Culture a repéré, et décrie, les termes ageekulteur et de digiferme.

Internet, au contraire, vous rend malade ? Peut-être êtes-vous seulement cybercondriaque.

Ça se soigne.

Autopromotion 724

Saisie d’écran sur Google Books : des doigts gantés de roseAujourd’hui, entre 10 h et 10 h 30, l’Oreille tendue sera au micro de Pénélope McQuade, à l’émission radiophonique Pénélope (Radio-Canada), pour parler du 25e anniversaire de Google / Alphabet.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

Autopromotion 722

Extrait d’un échange de textos entre l’Oreille tendue et un de ses fils

Aujourd’hui, vers 17 h 45, l’Oreille tendue sera au micro d’Annie Desrochers, à l’émission le 15-18 de la radio de Radio-Canada, pour parler de la ponctuation dans les textos.

Il devrait être notamment question de cet article de Mylene Bertaux : «L’usage des signes de ponctuation dans nos SMS révèle-t-il quelque chose de notre personnalité ? !!? Oui… mais quoi ? !!»

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

Le livre recommandé par l’Oreille est le suivant :

McCulloch, Gretchen, Because Internet. Understanding the New Rules of Language, New York, Riverhead Books (Penguin), 2019, 326 p. Ill.

Chapleau classique

Serge Chapleau, caricature de Bernard Drainville, inspirée par Jacques-Louis David, la Presse+, 23 avril 2023

Serge Chapleau est caricaturiste au quotidien montréalais la Presse depuis 1996, après avoir travaillé pour plusieurs autres publications. La plupart de ses caricatures sont des dessins, mais, depuis quelques années, il s’inspire à l’occasion de la peinture.

Il s’en explique dans son ouvrage Chapleau. Depuis mes débuts (2020).

Je me suis donc servi de cette quincaillerie-là [l’ordinateur, le logiciel Photoshop] pour faire des photomontages, mais aussi pour retravailler mes dessins en repositionnant ou en ajoutant des éléments.
Mais le plus beau, c’est que ça m’a permis de réunir deux passions : la caricature, bien sûr, et la peinture classique, héritage de mon passage à l’École des beaux-arts.
Je me suis donc fait un malin plaisir à insérer nos politiciens dans des tableaux de grands maîtres comme Hyacinthe Rigaud, Jacques-Louis David, Philippe de Champaigne, Jean-Auguste-Dominique Ingres (p. 198).

Parmi ces «grands maîtres», Chapleau se sert à l’occasion de peintres d’une période chère au cœur de l’Oreille tendue, le XVIIIe siècle.

En 2017, Michaëlle Jean, alors secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, apparaît dans un décor emprunté à François Boucher (Chapleau 2017, p. 114). Goya est mis à contribution pour une réunion du Parti québécois (Depuis mes débuts, p. 205) et pour la relation entre Donald Trump et Steve Bannon (Depuis mes débuts, p. 207).

Le peintre des Lumières vers lequel Chapleau se tourne le plus volontiers dans la Presse est Jacques-Louis David. Il s’en inspire pour le couronnement de Pauline Marois (Depuis mes débuts, p. 204) et pour les interventions du président de l’Assemblée nationale du Québec de Jacques Chagnon (Chapleau 2018, p. 19).

Dans l’œuvre de David, Chapleau a un faible pour le tableau «La mort de Marat» (1793). Il a remplacé la tête du révolutionnaire français par celles de l’ancien premier ministre canadien Paul Martin («Je n’ai rien à voir avec le scandale des commandites», Depuis mes débuts, p. 202), de Luc Ferrandez («Fuck you / Nous autres !», la Presse+, 16 mai 2019) et, hier, de Bernard Drainville («Je m’excuse / Je m’excuse / Je m’excuse / Je m’excuse / Je m’excuse / Je m’excuse / Je m’excuse / », la Presse+, 23 avril 2023).

Le Siècle des lumières est bien vivant.

P.-S.—En effet : ce n’est pas la première fois qu’il est question ici d’un caricaturiste de la Presse. En 2018, il s’agissait de Jean-Pierre Girerd.

 

[Complément du 14 mai 2023]

Autre recours à Goya, en 2009, au sujet du Bye bye, spectacle télévisuel annuel (l’Année Chapleau 2009, p. 29).

 

Références

Chapleau, Serge, l’Année Chapleau 2009, Montréal, Boréal, 2009, 118 p.

Chapleau, Serge, Chapleau 2017, Montréal, Éditions La Presse, 2017, 127 p.

Chapleau, Serge, Chapleau 2018, Montréal, Éditions La Presse, 2018, 109 p.

Chapleau, Serge, Chapleau. Depuis mes débuts, Montréal, Éditions La Presse, 2020, 303 p. Textes d’Yves Boisvert, Jean-René Dufort, Lucien Bouchard, Guy A. Lepage, Pauline Marois, Jean Chrétien, Justin Trudeau, Jean Charest, François Cardinal, François Legault et Gilles Duceppe.

La clinique des phrases (107)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit les deux phrases suivantes, tirées d’une chronique parue dans un quotidien montréalais :

Je soumets que cette prudence est l’attitude à adopter cette fois encore.

Une autre chose me semble s’imposer : donner aux élèves et aux étudiantes et étudiants une «littératie digitale» qui leur permettra de comprendre comment fonctionnent ces outils, quelles en sont les possibilités, mais aussi les limites et les dangers, et comment rester critique face à eux et en être un usager responsable.

Deux phrases, deux anglicismes juteux : soumettre que et digitale, à moins que «littératie digitale» ne renvoie au fait d’apprendre à compter sur ses doigts.

Donc :

Je crois que cette prudence est l’attitude à adopter cette fois encore.

Une autre chose me semble s’imposer : donner aux élèves et aux étudiantes et étudiants une «littératie numérique» qui leur permettra de comprendre comment fonctionnent ces outils, quelles en sont les possibilités, mais aussi les limites et les dangers, et comment rester critique face à eux et en être un usager responsable.

À votre service.

P.-S.—L’éducation est entre bonnes mains.