La clinique des phrases (ttt)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

Depuis l’affaire Verushka Lieutenant-Duval, la question de l’usage de certains mots par les professeurs d’université en classe a suscité jusqu’à maintenant une foule de débats contradictoires.

Temporellement, cela est bien confus :

Depuis l’affaire Verushka Lieutenant-Duval, la question de l’usage de certains mots par les professeurs d’université en classe a suscité une foule de débats contradictoires.

À votre service.

La clinique des phrases (qqq)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

Parlant du racisme aux États-Unis, je viens par exemple d’ajouter à ma banque de connaissances que certains, au XIXe siècle, mettaient tout en œuvre pour expliquer le génie de certains Noirs comme Douglass par le fait qu’ils avaient possiblement des ancêtres blancs, ou encore que leur crâne, je ne ris pas, avait des caractéristiques de crânes de Blancs.

Ajouter à ma banque de connaissances ?

Faisons plus simple :

Parlant du racisme aux États-Unis, je viens par exemple d’apprendre que certains, au XIXe siècle, mettaient tout en œuvre pour expliquer le génie de certains Noirs comme Douglass par le fait qu’ils avaient possiblement des ancêtres blancs, ou encore que leur crâne, je ne ris pas, avait des caractéristiques de crânes de Blancs.

À votre service.

P.-S.—Cela s’appelle la phrénologie.

La clinique des phrases (ppp)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

J’ai dans un livre proposé d’appeler ces autres facteurs l’ennemi intérieur […].

Ce «livre proposé» a de quoi étonner. Il aurait pourtant été simple de faire plus clair.

J’ai, dans un livre, proposé d’appeler ces autres facteurs l’ennemi intérieur […].

J’ai proposé, dans un livre, d’appeler ces autres facteurs l’ennemi intérieur […].

Dans un livre, j’ai proposé d’appeler ces autres facteurs l’ennemi intérieur […].

À votre service.

P.-S.—Donner le titre du livre ? Oui, ce n’aurait pas été plus mal.

Du sans-dessein

«Les sans-abri et les sans-dessein», titre, la Presse+, 23 janvier 2021

Lisant la Presse+ de samedi dernier, l’Oreille tendue a dû se rendre à l’évidence : sur son échelle de la bêtise, elle avait oublié le sans-dessein. Elle en rougit de tous ses lobes.

Le sans-dessein a pourtant sa place à côté de l’épais, du moron, du nono, du tarla, du toton, du twit, du deux de pique, du ti-coune, du ti-clin, du niaiseux, du niochon, du cave, de l’innocent et de l’insignifiant.

Définition de ce nom invariable dans le dictionnaire numérique Usito : «Personne irréfléchie, maladroite, stupide.» Le mot est attesté depuis 1894. Synonymes : idiot, épais, niaiseux. Pluriel selon les rectifications orthographiques : sans-desseins. (On notera que la Presse+ a choisi l’invariabilité.)

Exemple romanesque et adjectival, sans trait d’union : «son frère qu’elle trouvait sans dessein» (les Clefs du Paradise, p. 972).

En version plus vive : sans dess.

Collocation proposée par Pierre DesRuisseaux : «Être (un beau) sans-dessein» (p. 281).

 

Références

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.

Tremblay, Michel, les Clefs du Paradise, dans la Diaspora des Desrosiers, Montréal et Arles, Leméac et Actes sud, coll. «Thesaurus», 2017, 1393 p., p. 945-1099. Préface de Pierre Filion. Édition originale : 2013.

Les journalistes aussi

«Transparence totale», la Presse+, 27 novembre 2020

Dans une de ses aventures antérieures, l’Oreille tendue avait souligné combien la transparence était devenue chose essentielle chez les politiques.

Elle ne s’étonne pas de trouver la même exigence chez les journalistes, encore que certaine formulation lui paraisse poser problème. Dans le quotidien montréalais la Presse+, la transparence semble insuffisante; on s’y réclame régulièrement de la transparence totale.

On trouve l’expression chez plusieurs journalistes et chroniqueurs. Quelques exemples des deux dernières années (merci à Jean-Patrice Martel) : 16 décembre 2020, 27 novembre 2020, 16 septembre 2020, 27 avril 2019, 5 mars 2019.

Une demi-transparence, ou un quart de transparence, ou un tiers de transparence, serait-ce encore de la transparence ? Bref, pourquoi pas, plus simplement, transparence ?

Tant de questions, si peu de jours.