De la rétention de la crosse

Il y a actuellement, dit-on, des jeux Olympiques, en Russie. S’y tiendraient des matchs de hockey.

Le français étant une des langues officielles du mouvement olympique, on rend compte des matchs dans cette langue. Cela peut donner ceci :

Vocabulaire du hockey aux Olympiques

(Merci à @jougosselin.)

Palais est mis pour palet (la rondelle). C’est mignon et ça ne porte pas à conséquence.

Pour rétention de la crosse, c’est plus délicat.

La rétention, selon le Petit Robert (édition numérique de 2014), est le «Fait de retenir». La crosse, pour certains, est un synonyme de bâton de hockey. Si l’on s’en tient simplement au sport, la rétention de la crosse désignerait donc le fait de retenir le bâton d’un adversaire. Le joueur s’en rendant coupable est puni.

Mais la crosse, ce n’est pas seulement le hockey.

C’est aussi la fraude, à petite ou grande échelle : il est bon de savoir que sa rétention serait punie sur la glace olympique.

La crosse, c’est encore la «Pratique qui consiste à provoquer le plaisir sexuel par l’excitation manuelle des parties génitales (d’un partenaire ou de soi-même)» (le Petit Robert, à «masturbation»). Or, quand on lit, dans la définition de rétention que, médicalement, celle-ci est une «Accumulation dans une cavité ou un tissu (d’une substance qui devait en être évacuée). Rétention d’urine. Rétention d’eau dans les tissus», on ne peut que laisser vagabonder son imagination.

C’est dangereux.

 

[Complément du 26 février 2014]

Aujourd’hui, la Commission (québécoise) d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction — la Commission Charbonneau, du nom de la juge qui la préside — entendait le témoignage du syndicaliste Bernard «Rambo» Gauthier.

Souhaitant manifestement éviter l’emploi de mots à ses yeux trop vulgaires pour le contexte dans lequel il se trouvait, «Rambo» a déclaré : «Je l’ai traité de… masturbateur. Ça va ça, non ?» (Merci à @Ant_Robitaille.)

À défaut de rétention de la crosse, on peut parler de rétention du crosseur.

Syndicalonécrozoophilie

Les bénéficiaires de l’Oreille tendue connaissent les crosseurs : ceux qui s’autosatisfont, ceux qui trompent les autres, ceux qui se promènent à moto. Il en est d’autres espèces, plus spécialisées.

La semaine dernière, l’ancien président de la Fédération des travailleurs du Québec, Michel Arsenault, témoignait devant la Commission (québécoise) d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction — la Commission Charbonneau, du nom de la juge qui la préside. Son témoignage a entraîné le commentaire suivant de Lino Zambito, lui-même déjà entendu par la commission :

Crosseur de poules mortes

(Merci au tumblr de La soirée est (encore) jeune pour cette découverte.)

Il y aurait donc des gens, dont l’ex-président de la FTQ, qui branleraient des gallinacés décédés.

Cela entraîne nombre de questions. Pourquoi la poule et pas le coq ? Le gallinacé mort répond-il à ce genre de caresses ? Le pluriel de poules mortes est-il justifié ? Est-ce plus grave d’être un crosseur de poule(s) morte(s) qu’un crosseur de poule(s) vivante(s) ? Quels sont les traits qui permettent de repérer le crosseur de poules mortes (Michel Arsenault en a «l’air») ?

Tant d’interrogations, si peu d’heures.

 

[Complément du 24 octobre 2019]

Lu dans le Soleil du 21 octobre : «En ligne dès jeudi sur l’Extra d’ICI Tou.tv avant d’apparaître sur ICI Télé l’hiver prochain, Faits divers 3 conjugue deux thèmes inusités : le “crossage” de dindons — oui, oui, ça existe — et le kidnapping d’humains par des extraterrestres.»

Morts ou vivants, les dindons ?

Citation politique du jour

Il vient d’y avoir des élections en Thaïlande.

En 2009, l’Oreille tendue publiait un tout petit livre intitulé Bangkok. Notes de voyage.

Extrait (p. 24) :

Parmi les uniformes, il y a celui des militaires. L’armée n’est jamais loin. L’histoire politique récente en témoigne : dix-huit coups d’État depuis 1932, les plus récents en 1976, 1991 et 2006; la répression sanglante contre les communistes du Sud musulman. La menace est réelle, mais diffuse. Pour le dire avec Manuel Vázquez Montalbán : «Ils étaient en démocratie surveillée, en dictature démocratique, en monarchie constitutionnelle militarisée» (Les oiseaux de Bangkok).

Les choses ne paraissent pas beaucoup changer.

 

Références

Melançon, Benoît, Bangkok. Notes de voyage, Montréal, Del Busso éditeur, coll. «Passeport», 2009, 62 p. Quinze photographies en noir et blanc.

Montalbán, Manuel Vázquez, les Oiseaux de Bangkok, Paris, Seuil, coll. «10/18», série «Grands détectives», 2163, 1987, 360 p. Traduction de Michèle Gazier. Édition originale : 1983.

Benoît Melançon, Bangkok, 2009, couverture

Dieudonnismes du jour

L’humoriste Dieudonné, aussi appelé Dieudo, a des démêlés avec la justice hexagonale. Cela occupe l’espace médiatique.

La langue en profite pour créer dieudosphère, dieudonnien, dieudonniste, dieudonnesque et dieudonnisation (merci à @MFBazzo pour le lien vers l’article de Slate.fr où apparaissent tous ces mots). On peut s’attendre à d’autres dieudonnismes de la même souche.

On n’arrête pas le progrès (lexical).