Les paris sont ouverts

Le premier ministre Jean Charest présentait hier, à l’Assemblée nationale, le discours inaugural de la 2e session de la 39e législature du Québec. On peut en retenir au moins deux choses.

Le gouvernement a un ambitieux «Plan nord» : «Ce Plan, qui sera réalisé en partenariat avec les Premières Nations et les Inuits, entraînera des investissements de milliards de dollars et la création de dizaines de milliers d’emplois.»

Le même gouvernement souhaite par ailleurs réintroduire le vouvoiement dans les écoles.

Si elle avait à parier, l’Oreille tendue, à regret et malgré son cynisme envers les annonces gouvernementales en matière d’économie, miserait tout sur le «Plan nord».

P.-S. — Merci à @Ant_Robitaille pour son compte rendu, sur Twitter et en temps réel, du discours du premier ministre.

Sentiments mêlés

Si l’on en croit le Devoir, l’ancienne ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport du gouvernement du Québec, Michelle Courchesne, qui est aujourd’hui présidente du Conseil du trésor, aurait déclaré ceci : «Maintenant que nous sommes sensibilisés à cette question, soyez assurés que je vais faire moi-même une vérification pour m’assurer que le citoyen sera répondu en français» (10 février 2011, p. A4).

D’une part, on peut se réjouir qu’elle ne soit plus ministre de l’Éducation : elle n’aura plus l’occasion de proposer aux élèves et étudiants son usage du verbe répondre. D’autre part, elle l’a déjà été.

Euphonie révolutionnaire

Sur Twitter et ailleurs, on s’est plaint, au cours des derniers semaines, de l’utilisation, notamment médiatique, de l’expression la rue arabe. C’est cette rue qui manifesterait en Tunisie et en Égypte.

Comme tous les clichés, celui-là a la vie dure. Seul motif de réjouissance : les Russes ne descendent pas en masse sur les places publiques. Imaginez : La rue russe rugit.

 

[Complément du 13 décembre 2011]

Dans la Presse, hier (p. A15), cette (autre) allitération : «La rue russe se rebelle.» L’Oreille tendue, malgré elle, aurait donc été prémonitoire ?

 

[Complément du 26 mars 2012]

La Presse, 26 mars 2012, p. A15 : «La rue sénégalaise exultait hier […].» On n’arrête pas le progrès.

 

[Complément du 21 novembre 2020]

Voyageons : «La rue péruvienne force une démission au sommet» (le Devoir, 16 novembre 2020, p. A1).

Tout est relatif

L’Oreille tendue rentre de voyage et elle découvre l’existence d’un scandale médiatico-politique à Québec. Le gouvernement du Parti libéral a payé 6329,46 $ pour un discours de 175 mots d’un de ses ministres. Quand on a déjà entendu le français de ce ministre, ce n’est pas trop cher payé.

Sauvé par une babouche

Dans Eh bien, dansez maintenant…, Marc Lambron se fait «menu chroniqueur des très riches heures de la sarkozye» (p. 174), en l’occurrence de la première année de la présidence de Nicolas S. Sa série de «croquis» (p. 231) — du prince lui-même, de ses épouses, de ses prédécesseurs, de ses sous-fifres, de ses adversaires — se laisse lire d’un œil distrait.

Puis, subitement, on tombe sur la phrase suivante : «Garant de la laïcité, n’allant d’ailleurs guère à la messe, [Nicolas Sarkozy] soutenait pourtant que la ferveur des croyants doit être mise au service de l’intérêt civique, prompt à baiser tactiquement la mule du pape, sinon la babouche de l’imam» (p. 90-91). Avant l’apparition de la babouche, on aurait pu s’interroger sur le rapport du président français aux animaux. Heureusement que cette babouche est là.

 

Référence

Lambron, Marc, Eh bien, dansez maintenant…, Paris, Grasset, 2008, 231 p.