«D’origine inconnue, l’amusante locution [«lâche pas la patate»] a de la gueule, et même une chanson» (le Devoir, 8-9 mars 2014, p. F6).
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«D’origine inconnue, l’amusante locution [«lâche pas la patate»] a de la gueule, et même une chanson» (le Devoir, 8-9 mars 2014, p. F6).
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Sur Twitter, ce matin, @NieDesrochers indiquait la parution d’un article de Yannick Cochennec de slate.fr intitulé «Pourquoi les journalistes sportifs tutoient-ils les champions ?»
L’auteur s’interroge sur cette pratique en France, mais quiconque suit les sports dans les médias québécois (radio, télévision, Internet) s’est déjà posé la même question : pourquoi, en effet ?
Réponse du journaliste Guy Barbier :
Le journaliste fait partie du cercle intime, il l’affirme. Le tutoiement à la télé, c’est la même chose, mais puissance 10. Autrement dit : vous devant votre télé, sur votre canapé, vous n’êtes que spectateurs. Nous journalistes et «amis», nous sommes acteurs. Les champions et nous, c’est en quelque sorte un peu pareil. Et ça peut impressionner.
Il en faut parfois bien peu pour impressionner.
À intervalles parfaitement irréguliers (2009, 2010, 2011, 2013), l’Oreille tendue trie le contenu de sa corbeille de à saveur, cette obsession québécoise.
Ses trouvailles (façon de parler) ?
«USA : ce Satan avec les traits d’Obama finalement retranché d’une télésérie à saveur biblique» (@rdimatin).
«Nouveau blogue à saveur internationale : celui de @Ydb (Yanik Dumont Baron) à Washington» (@JeanFrederic_LT).
«Syrie : une révolution à saveur de crise humanitaire sans fin» (le Devoir, 26 août 2013, p. A7).
«projet d’adressage [numérique] à saveur géographique et culturelle» (le Devoir, 6 mai 2013, p. A2).
«Le documentaire à saveur écologique constitue un genre en soi […]» (le Devoir, 4-5 mai 2013, p. E10).
«Des chansons populaires à saveur country» (la Presse, 1er mai 2013, cahier Arts, p. 2).
«Affrontements et crise à saveur linguistique en Ukraine» (le Devoir, 5 juillet 2012, p. A5).
«Ouf, quelle intéressante Journée mondiale de la traduction, à saveur interassociative ! À l’année prochaine ?» (@patoudit)
Des heures de plaisir à saveur lexicale.
«Trop de doute rend toxico, alcoolo, ou alors vous vous perdez dans le cul, ou l’amour, ou le centre commercial» (David Desjardins, «Du vide», le Devoir, 8 février 2014).
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Les audiences de la Commission (québécoise) d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction — la Commission Charbonneau, du nom de la juge qui la préside — permettent d’apprendre des masses de choses, et pas seulement sur la corruption et le copinage.
L’autre jour, on a ainsi appris, grâce à l’écoute électronique, que l’ex-président d’un des plus gros syndicats du Québec, la Fédération des travailleurs du Québec, était à tu et à toi avec l’ex-premier ministre du Québec.
Extrait d’une conversation entre Michel Arsenault et Jean Charest : «La marde va frapper la fan tantôt, Monsieur le Premier Ministre» (le Devoir, 30 janvier 2014, p. A1).
Grâce à la commission Charbonneau, on apprend aussi des choses sur la conception de la langue du quotidien le Devoir.
La marde va frapper la fan est un calque de l’anglais The shit will hit the fan. On notera que le Devoir accepte marde comme un mot de la langue vernaculaire du Québec (il n’est pas mis en italique), mais pas fan (qui l’est).
La corruption mène à tout.
[Complément du 4 février 2014]
Contexte : cette façon de traiter la marde est nouvelle au Devoir; voir ici.