Les clichés du temps des Fêtes

La période des fêtes de fin d’année se prête particulièrement bien aux lieux communs, notamment dans les médias. Cinq exemples.

1. «Le visage de la pauvreté a changé.»

2. «Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.» (Dans le Devoir, le 24 décembre 2012, le professeur André Gagné a réfléchi à cette formule, dans le cadre de la rubrique «Le devoir de philo».)

3. Tout est toujours pire «à quelques jours de Noël» (@OursMathieu).

4. «Constatation : la plupart des Noëls sont blancs, rock ou d’antan» (@machinaecrire).

5. Il faut «réinventer» Noël. (Le Devoir s’y est employé dans son édition des 21-22 décembre 2013, p. A6-A7.)

Vous en connaissez d’autres ? Les suggestions sont bienvenues.

Frivolité de l’Oreille

L’Oreille tendue l’a dit, redit et reredit : elle n’aime pas les rétrospectives. Elle n’est guère portée non plus sur les palmarès de fin d’année.

Pourtant, durant les jours qui viennent, elle participera à un projet mené par Patrick Lagacé de la Presse. Son objectif ? Pour 2013, choisir…

…la personne de l’année (une mairesse québécoise ? Un pape ? Un académicien ?).

…l’expression à proscrire (l’Oreille a déjà fait des suggestions ici).

…la personne pour laquelle on s’est senti mal (un maire ontarien ?).

…la citation de l’année («Ça leur dérange pas ?»).

…la vidéo virale de l’année (l’œuvre de Patrice Lemieux ?).

…le zéro de l’année (plein de maires québécois ?).

Vous pouvez participer à l’élaboration des listes de finalistes. Comment faire ? En déposant vos suggestions sur Twitter en utilisant le mot-clic #LaPresse2013. En laissant un commentaire sur cette page; l’Oreille fera suivre.

Pourquoi ce changement d’attitude ? Parce que, bien sûr.

 

[Complément du 31 décembre 2013]

La Presse+ et la Presse papier (p. A1-A2) publient aujourd’hui les résultats de l’opération. Sur le Web, c’est ici.

Cas de conscience

Le syndicaliste Michel Arsenault, qui préside la Fédération des travailleurs du Québec, passe à autre chose. Ce qu’on entend à son sujet à la Commission d’enquête sur l’industrie de la construction, dite Commission Charbonneau, l’a sûrement aidé à prendre sa décision. Ce n’est pas jojo.

Pourtant, il ne semble pas avoir de remords. C’est du moins ce que rapporte la Presse : «Arsenault quitte “la conscience libre”» (26 novembre 2013, p. A6).

Le journal, lui, en aura, des remords, dès le lendemain. La caricature de Serge Chapleau est en effet intitulée «Michel Arsenault part “la conscience libre”» (p. A26).

Le dessinateur sait qu’il ne faut pas confondre le verbe transitif quitter et le verbe partir; ce ne sont pas des synonymes. Malheureusement, les correcteurs de la Presse l’ignorent.

P.-S. — Autre lecture possible du même titre : il a quitté sa conscience ? Mais ça explique tout !

 

[Correction]

Grâce au commentaire ci-dessous, l’Oreille tendue apprend que les correcteurs de la Presse, après la mise en ligne de ce billet ce matin, ont décidé d’ajouter une faute à la caricature de Chapleau. Il avait écrit, correctement, «part». On a remplacé ce «part» par un «quitte» fautif. Beau travail, la Presse !

Le Devoir des écrivains : journal

Le quotidien montréalais le Devoir, depuis 2010, confie une de ses éditions à un groupe d’écrivains. Cette année, ils étaient trente-huit, dont l’Oreille tendue (merci encore de l’invitation, @JeanFrancoisNad). Journal.

18 novembre, 19 h 09

L’équipement est prêt pour demain.

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

19 novembre, 3 h 14 (heure de Montréal)

Certains des écrivains recrutés vivent Outre-Atlantique. C’est le cas de @MelAbdelmoumen. Sa journée commence plus tôt que celle des Montréalais. Au réveil, l’Oreille la salue.

19 novembre, 8 h 49

Bonne citoyenne, l’Oreille veut prendre le métro pour se rendre à son journal. Horreur ! «Ralentissement de service.» N’écoutant que son courage, elle saute dans un taxi. «Chauffeur, au Devoir. Et que ça saute !»

19 novembre, 9 h 15

Arrivée au journal. Alexis Martin a pris son inspiration à la même source que l’Oreille.

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

19 novembre, 9 h 30

Mot de bienvenue dans le hall du journal, par Bernard Descôteaux, Josée Boileau et Jean-François Nadeau (sur la photo).

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

19 novembre, 9 h 31

«À quelle heure on tue la une ?» demande l’Oreille. Personne ne lui répond. (Non, ce n’est pas vrai.)

19 novembre, 10 h 13

On a recruté l’Oreille pour une chronique, celle que tient habituellement Francine Pelletier. Elle aurait pu rester chez elle pour la rédiger. Non : pas question de louper une occasion comme celle-là.

Et heureusement. On vient de lui confier une nouvelle affectation : les choix télé du jour. Go. (Ironie du sort : sauf pour le sport, l’Oreille ne regarde jamais la télé.)

19 novembre, 10 h 30

On met en ligne les photos des participants. Horreur ! On a confondu l’Oreille et son éditeur. (La correction est faite en quelques secondes. L’Oreille squatte un bureau à côté de ceux de l’équipe Web.)

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

19 novembre, 11 h 10

Première affectation terminée. Chronique à écrire maintenant.

19 novembre, 11 h 21

Foi d’Oreille, une salle de rédaction, c’est bruyant, surtout lorsque Jean Dion est là.

19 novembre, 11 h 28

Les membres de l’équipe Web du journal viennent de s’apercevoir que l’Oreille les espionne.

19 novembre, 11 h 51

Petit creux. Plusieurs des journalistes-écrivains arpentent la ville.

19 novembre, 11 h 54

«Stéphane, y fait quoi ton écrivain ?»

19 novembre, 12 h 05

Réunion de production (ça s’appelle le «budget»). On commente l’édition de la veille et on prépare celle du jour (il y aura des scoops, dont on ne peut pas parler). L’Oreille apprend ce qu’est un «petit champagne» (un encadré tramé). Sa chronique apparaît sous la rubrique «KRO».

19 novembre, 13 h 38

Après une période d’accalmie, l’action reprend. Il semble que les journalistes aient à l’occasion besoin de se sustenter.

19 novembre, 14 h 09

«On n’est pas là pour regarder des films», décrète Stéphane Baillargeon. Tout le monde est d’accord. L’Oreille n’en regardera pas. (Stéphane Baillargeon, si.)

19 novembre, 14 h 57

Chronique télé envoyée.

19 novembre, 15 h

Chronique télé acceptée. Le métier rentre.

19 novembre, 15 h

Deuxième réunion de production. L’Oreille apprend deux nouveaux mots. Quand, entre la première et la deuxième édition, on déplace un texte, c’est un recast (ça vient du langage de la typographie). Un texte susceptible d’aller en une est dit unable.

Elle constate aussi que Jean Dion, le préposé à la «légèreté» et au «divertissement», notamment visuel, est meilleur en politique provinciale qu’en rhinocéros. C’est comme ça.

19 novembre, 16 h 15

L’Oreille vient d’envoyer sa chronique, «Laval, laboratoire social». Sa journée au bureau est finie. En route vers la maison.

19 novembre, 17 h

De retour chez elle, l’Oreille trouve un message téléphonique et un courriel : il faut raccourcir son texte de quelques signes. Les propositions du journal lui conviennent.

19 novembre, 19 h

Une question linguistique, par téléphone. Ça se règle en quelques secondes.

20 novembre

Les textes de l’Oreille sont en ligne, les choix télé et la chronique.

L’expérience aura été passionnante.

P.-S. — On peut aussi retrouver les tweets de la journée avec le mot-clic (hashtag) #DevoirÉcrivains. Et voir des photos .

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

Autopromotion 080

L’Oreille tendue est très honorée d’avoir été invitée à participer au Devoir des écrivains qui se déroule aujourd’hui. Pour être à la hauteur, elle s’est préparée très consciencieusement et elle a rassemblé tout son matériel.

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

Son texte paraîtra demain, si la rédaction le veut.