Anthony a tué quelqu’un. En prison, histoire de respecter son «plan correctionnel» (p. 40), il suit un cours de français.
Le cours est donné par une bénévole, Amaryllis, qui souhaite bonifier, par cette activité, son dossier de candidature à l’école de médecine.
Ils ne viennent pas du même milieu et ils n’ont pas tout à fait la même conception de la langue. Qu’Anthony ait des difficultés à écrire ne l’empêche pas de voir en quoi la langue peut servir des intérêts de classe.
J’écris comme d’la marde. J’ai toujours écrit comme d’la marde pis j’vas continuer d’écrire comme d’la marde. C’est ben plate, mais c’est d’même ! Bien écrire ça sert yinke à du monde comme toi. Les règles compliquées, les câlisses de ph qui se prennent pour des f ou les i avec deux points au-dessus au lieu d’un, ç’a été inventé pour que vous puissiez vous reconnaitre ent’vous aut’ ! Si le monde comme moi se mettait toute à ben écrire pis à ben parler, vous serriez fourrés en tabarnak… vous sauriez pu comment nous différencier ! (p. 22-23)
C’est à se demander qui est le maître et qui est l’élève.
Référence
De Palma-Duquet, Maud, Bénévolat, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 36, 2023, 99 p. Précédé d’un «Mot de l’autrise» et suivi de «Contrepoint. Le chanter ou le dire ?», par Mohamed Lotfi.