Toujours pas

Dès sa naissance, l’Oreille tendue a déploré l’usage fréquent, au Québec, du verbe quitter sans complément d’objet direct, comme dans «J’ai quitté» mis pour «Je suis parti». C’est une de ses marottes. C’est comme ça. Elle lui a même consacré toute une rubrique.

Cela étant, elle ne se fait pas d’illusion : cet usage est là pour rester.

Elle n’en tique pas moins devant pareille publicité, tirée de la Presse+ du 23 juin :

«Déménager, ça veut aussi dire quitter», publicité pour Best Buy, 23 juin 2018

Quitter quoi ? Qui ?

 

[Complément du 2 juillet 2018]

L’Office québécois de la langue française trouverait à redire, pour sa part, à ce «disposer de», au sens de «jeter».

Jouons à la cachette avec Ikea

Ikea, publicité, juin 2017

Des sources conjugales proches de l’Oreille tendue lui font découvrir la publicité ci-dessus.

Au moment de se lancer à la recherche des autres, du temps où elle jouait à la cachette, l’Oreille criait, comme des générations d’enfants avant elle : «Prêts, pas prêts…» Ikea ne cache guère son emprunt : «Prêts… proprets…»

À signaler

La chose est publique : l’Oreille tendue a ses habitudes téléphoniques en matière de réponse (c’est expliqué ici).

On sait peut-être moins, cependant, que, quand elle était petite, il était fréquent de dire, autour d’elle, qu’on signalait un numéro, plutôt que de le composer. La chose devait (doit ?) être commune, si l’on en croit cette publicité récente.

Appel à la lutte contre le crime, Saint-Jérôme, Québec, juin 2017

On y demande de signaler une infraction, tout en laissant entendre qu’il suffit de signaler un numéro. C’est bien vu.

P.-S.—Exemple romanesque, chez Corinne Larochelle : «À partir de ce jour, elle me demandera de nombreuses fois de signaler le numéro des urgences. J’obéissais. Il fallait agir, c’est tout» (p. 66).

 

Référence

Larochelle, Corinne, le Parfum de Janis. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2015, 139 p.