Du qui qui, bis

Publicité télévisée de Bell, dans un club vidéo : «Qui qui sort pour louer des films ?»

Publicité télévisée de Bell, au bureau : «Qui qui a fini le café ?»

Qui qui engage des publicitaires aussi nuls ?

Chroniques du bilinguisme hexagonal 001

Les voyages ont des effets souvent imprévus. L’Oreille tendue, qui se croyait bilingue, débarquant à Paris, est prise de doutes. Devant cette publicité, par exemple.

Publicité pour Flunch, Paris, 2011

«Flunch» ? «Flunch in the USA» ? Non, elle doit le confesser : l’Oreille tendue, qui vient de découvrir l’existence de la chaîne de restauration rapide Flunch, n’est pas bilingue.

Demande de traduction

Vue dans le métro de Montréal il y a quelques semaines une nouvelle publicité, trilingue (français, anglais, espagnol), pour ce qui semble être un nouveau magazine, Vertice (la page «en construction» de son site annonce un lancement en juin… 2010).

Thème de la publicité : l’«intégration piquante».

Les bras de l’Oreille lui en tombent. De quoi peut-il bien s’agir ?

Faire la passe

David Desharnais, publicité, 2011

«“C’est la meilleure passe que j’ai faite.” — David Desharnais. #58 Canadiens de Montréal» : voilà la publicité que faisait paraître Boucherville Nissan dans la Presse du 15 mars (cahier Sports, p. 1).

Triple niveau de lecture pour cette annonce.

David Desharnais, le joueur de centre des Canadiens de Montréal — c’est du hockey —, est reconnu pour la qualité de ses passes (sur la glace). Il peut néanmoins en faire de «meilleures» que d’autres.

Faire la passe, au Québec, signifie aussi qu’on vient d’obtenir quelque chose à son propre avantage. Cet avantage est le plus souvent financier. Acheter sa voiture chez Boucherville Nissan, ce serait donc faire une (très) bonne affaire.

Une dernière chose, peut-être moins visible. Les amateurs de sport le savent : avant de jouer sur une base régulière pour les Canadiens cette année, le numéro 58 a longtemps galéré dans le monde du hockey mineur. Sur ce plan-là, promu à Montréal, il vient aussi de faire la passe.

C’est, foi d’Oreille tendue, joliment tourné.

 

[Complément du 10 mars 2022]

Grâce au magnifique site Wikia La BD de journal au Québec, l’Oreille découvre cette publicité illustrée parue dans la Presse du 18 novembre 1972. Ce n’est pas d’hier qu’on fait la passe au Québec.

Publicité pour Dulac et Frito-Lay, la Presse, 18 novembre 1972

 

[Complément du 1er août 2022]

On peut souhaiter éviter toute ambiguïté : «C’était pas à ça qu’elle se destinait, elle, l’hôtellerie, et elle avait jugé préférable de faire une passe d’argent pour mieux assir sa pratique de sage-femme» (la Bête creuse, p. 87). Il est clair, ici, que l’avantage est pécuniaire.

 

Référence

Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.