Le fumeur musical expérimenté

Publicité des cigarettes Buckingham avec le joueur de hockey Pit Lépine, la Presse, 11 février 1928

Dans la Presse+ d’hier, cette phrase : «Vivre avec une étiquette. Jonathan Sénécal connaît le tabac.» (Sénécal joue au football pour les Carabins de l’Université de Montréal.)

Au Québec, qui connaît le tabac est réputé avoir de l’expérience et tirer des leçons de celle-ci.

Autre exemple, chez Michel Tremblay : «C’est alors que Santuzza fit son entrée. Vêtue, elle, de noir, des pieds à la tête. La special guest connaissait le tabac !» (p. 84)

On l’aura compris : ce tabac est de même nature que la musique dans connaître la musique.

 

Référence

Tremblay, Michel, Offrandes musicales. Récits, Montréal et Arles, Leméac et Actes Sud, 2021, 165 p.

Le zeugme du dimanche matin et de Serge Bouchard

Bernard Arcand et Serge Bouchard, Quinze lieux communs, 1993, couverture

«D’abord, cela [le baseball] se joue en pyjama. Bien sûr, avec les années, la mode est passée au collant, pour le plus grand plaisir des voyeurs et des voyeuses qui ne tarissent pas d’éloges sur les fesses des frappeurs ou sur les cuisses des voltigeurs. Mais qu’à cela ne tienne, l’uniforme de ces athlètes n’a rien à voir avec les accoutrements guerriers des joueurs de football ou de hockey. C’est le chandail léger de la détente où rien, hormis la tradition, ne saurait vous intimider. Les Yankees, en effet, revêtent un pyjama sacré qui transcende les saisons ainsi que les mentalités.»

Serge Bouchard, dans Bernard Arcand et Serge Bouchard, «Le sport», dans Quinze lieux communs, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1993, p. 11-22, p. 20.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Il y a zigner et zigner

Le meilleur ami de l’homme
Le meilleur ami de l’homme

L’Oreille tendue vit dans une maison quasi centenaire. Au moment d’y emménager, elle s’est ouverte à son électricien favori d’un souci : l’intensité des appareils d’éclairage variait considérablement dans certaines pièces. «Les lumières zignent ? Je vais vous arranger ça.» Il le fit, au grand plaisir d’une maisonnée qui retrouva ses lumières chéries.

Ce n’est pas à ce sens du verbe zigner que pensait le critique de cinéma Marc Cassivi dans un article récent, quand il écrivait ceci : «Et la scène finale (avertissement au divulgâcheur) met en scène un chien incontinent qui zigne un pingouin sans défense. Vous avez bien lu.»

L’Oreille doit l’avouer : elle ne savait pas qu’il était possible de zigner un animal. Le Wiktionnaire est venu — Dieu merci — à sa rescousse : «Simuler l’accouplement, en parlant d’un animal, plus précisément un chien.» L’Oreille vous laisse aller apprécier les exemples; disons qu’ils ne correspondent pas tous à la définition donnée.

Avec son habituel sens de l’approximation, Léandre Bergeron propose deux fois une définition du verbe. En 1980 : «Se masturber» (p. 525). En 1981 : «Action de va-et-vient du bassin du mâle dans l’acte copulatoire. Ex. : Ton chien arrête pas de me zigner contre la jambe» (p. 168).

À votre service.

P.-S.—On ne confondra pas un chien qui zigne et fucker le chien.

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise précédé de la Charte de la langue québécoise. Supplément 1981, Montréal, VLB éditeur, 1981, 168 p.