Avec ou sans bines

Yves Beauchemin, le Matou, éd. de 2007, couverture

Dans une aventure antérieure, nous avons croisé la binerie, cet endroit où l’on sert des bines (des fèves au lard). La plus célèbre, notamment grâce au roman le Matou (1981) d’Yves Beauchemin, est la Binerie Mont-Royal, qui est toujours en activité ici.

Le dictionnaire numérique Usito étend cette définition : «Familier. Commerce ou entreprise de petite taille, générant peu de revenus.»

La forme négative est fréquente : «L’accusation provient des Nations unies, qui n’est pas précisément la binerie d’à côté» (la Presse+, 10 juillet 2025).

À votre service.

 

Référence

Beauchemin, Yves, le Matou. Édition définitive, Montréal, Fides, 2007, 669 p. Édition originale : 1981.

Chantons le hockey avec Louis Bérubé

Louis Bérubé, Nos amours, 2009, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Louis Bérubé, «La game de hockey», Nos amours, 2009

 

[Bruits du Forum]
[Thème de la Soirée du hockey]
Le samedi souèr avec mes chums
On se retrouve tous les week-ends
Ça commence en même qu’l’automne
J’ai déjà hâte à la s’maine prochaine
En écoutant la game d’hockey
On boit d’la bière et des shooters
Si on veut gagner la coupe Stanley
Sont bien mieux d’changer de goaler
Mise au jeu mise en échec
Le puck de rubber et le gros check
Y a plus d’défense y a plus d’attaque
Les vacances sont après l’match
Le coup de sifflette de l’arbitre
Vient d’donner une punition
La glace est faite d’eau bénite
Car ça va même en prolongation
[Bruits du Forum]
[Musique de «Na Na Hey Hey Kiss Him Goodbye»]
Rendu dans la deuxième période
Avec trois buts d’reculons
Y ont décidé d’changer d’méthode
On peut revoir les vrais champions
En prenant l’contrôle d’la glace
Dans dix minutes y zont fait deux buts
Quand y est question d’gros signes de piasses
C’est pas l’temps d’s’asseoir sur son cul
Mise au jeu mise en échec
Le puck de rubber et le gros check
Y a plus d’défense y a plus d’attaque
Les vacances sont après l’match
Le coup de sifflette de l’arbitre
Vient d’donner une punition
La glace est faite d’eau bénite
Car ça va même en prolongation
Juste avant la fin du match
Y zont d’demandé un temps d’arrêt
La défense qui contre-attaque
Pendant c’temps-là j’fais un chapelet
C’est pas l’temps d’une punition
Pendant qu’je prie le p’tit Jésus
Sur une passe y a eu réception
Du revers y zont fait un aut’ but
Mise au jeu mise en échec
Le puck de rubber et le gros check
Y a plus d’défense y a plus d’attaque
Les vacances sont après l’match
Le coup de sifflette de l’arbitre
Vient d’donner une punition
La glace est faite d’eau bénite
Car ça va même en prolongation
[Musique de «Na Na Hey Hey Kiss Him Goodbye»]
[Bruits du Forum]

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Le zeugme du dimanche matin et de Camille Giguère-Côté

Camille Giguère-Côté, le Show beige, 2024, couverture

«Moi, je travaille de neuf à cinq à mon compte comme comptable agréé, j’ai un tunnel carpien, pis la mémoire tellement saturée de chiffres que je passe tous les prénoms des actrices qui ont joué Virginie avant de tomber sur le nom de mes enfants.»

Camille Giguère-Côté, le Show beige, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 40, 2024, 131 p., p. 70. Précédé d’un «Mot de l’autrice». Suivi de «Contrepoint. Une anthropologue colorée au pays du beige», par Jean-Philippe Pleau.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Curiosité voltairienne (et sédentaire)

Bixi et carré rouge, Montréal

«Ma vie manque d’aventure, de cabanes au Canada, de trappeurs, de grands espaces, d’arpents de neige, de carcajous, d’aurores boréales. Ma vie attend à un feu rouge, elle ne trouve pas de borne libre pour garer son vélo BIXI, elle constate avec dépit que ses céréales favorites sont en rupture de stock au supermarché. Ma vie ne se rend pas au pôle Nord en traîneau à chiens, elle fait de l’insomnie.»

Nicolas Guay, «Fragments par 5, numéro 54», blogue le Machin à écrire, 18 février 2024.

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Curiosité voltairienne (et sylvicole)

François Hébert, Homo plasticus, 1987, couverture

«Voici qu’on annonce le départ du Boeing d’Air Canada
Vers le pays nommé Canada par ce qu’il n’y a nada
Là, hormis des arpents d’épinettes et de rares bipèdes […]».

François Hébert, Homo plasticus, Québec, Éditions du Beffroi, 1987, 130 p., p. 68.

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

 

[Complément du 27 octobre 2025]

Le même François Hébert, les mêmes épinettes, mais dans un livre différent, Miniatures indiennes (2019) : «Ça le touchera, notre lecteur, le bazar indien, en le sortant de soi et son petit confort. De nos petites Rocheuses, nos arpents d’épinettes» (p. 51).

 

Référence

Hébert, François, Miniatures indiennes. Roman, Montréal, Leméac, 2019, 174 p.