L’oreille tendue de… François Hébert

François Hébert, Dans le noir du poème, 2007, couverture

«La question demeure : y a-t-il un lieu commun, un moyen de communication, un lien possible entre nous et les dieux (évidemment entendus au sens où ils existent), et qui ne se réduise pas soit à l’altérité radicale, soit à une familiarité poisseuse ? C’est assurément mettre bien haut la barre pour un modeste travail de critique littéraire et d’amicale lecture. Mais si le critique ou le lecteur ne tend pas l’oreille aussi bien que le poète, aussi loin que ce dernier dans les choses et les émotions, à quoi bon la poésie ? Et à plus forte raison, à quoi bon la critique…»

François Hébert, Dans le noir du poème. Les aléas de la transcendance, Montréal, Fides, coll. «Nouvelles études québécoises», hors série, 2007, 214 p., p. 140-141.

À l’aide !

Il était question avant-hier de Frédéric Lord. Rebelote.

Le 25 juin, pendant un match de l’Euro, Lord a évoqué un barbier, sans être sûr de savoir de qui ledit barbier avait coupé les cheveux. «On va mettre un homme là-dessus», conclut-il.

Dans le français populaire du Québec, qui dit vouloir mettre un homme là-dessus annonce, sur le mode plaisant, qu’il a besoin d’aide.

L’expression a donné son titre à une chanson de Richard Desjardins en 1993, «M’as mettre un homme là-dessus». Extrait :

Pour moi y s’est faite manger par la souffleuse
Ou par le gars d’l’autre bord de la rue.
Toute cette affaire est nébuleuse.
M’as mettre un homme
M’as mettre un homme
M’as mettre un homme là-dessus.

À votre service.

 

Fous du couvre-chef

L’Oreille tendue avec sa calotte Stihl

Soit les deux phrases suivantes :

«Mais après une dizaine d’années à faire la tournée des patinoires, je n’ai presque pas vu de cas de parents sautés de la calotte, d’entraîneurs qui voulaient en découdre avec un arbitre prépubère ou d’attaquants imberbes qui se prenaient pour Georges Laraque» (la Presse+, 1er octobre 2023);

«J’en ai vu en sainte-piété, des séries et des documentaires à propos de sectes d’illuminés et de leurs leaders chevelus et sautés de la calotte» (la Presse+, 9 juillet 2024).

Certaines personnes, donc, pourraient être sautées de la calotte.

Dans le français populaire du Québec et sur l’échelle de la bêtise, le sauté de la calotte est un fou. Il n’est pas fréquentable.

P.-S.—Ce sauté n’est pas équilibré.

P.-P.-S.—Cette calotte est la partie supérieure de la boîte crânienne et une casquette, la seconde protégeant la première.

Il faudrait vous en rapprocher

Deux flèches pour marquer le profit ou son absence

Quand il n’est pas en train de parler de roubignoles, l’excellent descripteur sportif Frédéric Lord est friand de l’expression loin de son profit. Il en fait souvent usage durant l’actuel Euro.

Dans le français populaire du Québec, loin de son profit marque l’insuffisance, l’objectif non atteint, la performance qui n’est pas à la hauteur, le manque de résultats.

Exemple tiré du journal la Voix de l’Est du 1er décembre 2022 :

Après avoir raté les séries éliminatoires la saison dernière, le Métal Pless de Plessisville s’est fixé des objectifs élevés en 2022-2023 : finir parmi les trois premiers au classement de la Ligue de hockey senior AAA.
Granby — Mais voilà, un coup d’œil au classement du circuit permet de constater que le Métal Pless est loin de son profit, lui qui est installé au sixième rang en vertu d’une fiche de quatre victoires et six défaites

À votre service.