Merci ?

Le fournisseur de services de télécommunication de l’Oreille tendue la remercie à la suite de travaux dans son quartier :

«Vidéotron vous remercie»

(Yapadkoi.)

Heureusement qu’il est meilleur en télécommunication qu’en grammaire («nous permettront de s’assurer» au lieu de «nous assurer»…).

Hein ?

Langue sauce piquante, le blogue des correcteurs du Monde.fr, offrait récemment un texte à partir de l’illustration suivante :

Publicité pour «Insurgé»

Pour une oreille de Québécois, brève hésitation : «un sur gé» ?

Hésitation de même nature à l’écoute de la chanson «Deutsche Grammophon» de Vincent Delerm : «Nous nous sommes embrassés / Sur une étude en ré / Trouvé des points communs / Dans une pièce pour clavecin.» Tiens donc : «commun» et «clavecin» riment.

Pourquoi ces hésitations ? Parce qu’au Québec lundi ne se dit pas lindi, ni brun, brin. Il faut donc y réfléchir avant de reconnaître insurgé dans 1 / g, ou de saisir la rime delermienne.

Le son un, remplacé par in, serait-il, dans l’Hexagone, une espèce en voie de disparition ?

 

[Complément du jour]

Des sources conjugales proches de l’Oreille tendue lui rappellent — ô mémoire défaillante ! — l’existence de cette note des «Principes de la transcription phonétique» de l’édition de 1993 du Petit Robert : «La distinction entre [?] [brin, plein, bain] et [œ] [lundi, brun, parfum] tend à disparaître au profit de [?]» (p. xxii). Pour le dire avec le vocabulaire de la télévision, «la tendance se maintient».

 

[Complément du 3 janvier 2016]

Autre exemple, tiré des Notules de Philippe Didion, livraison du jour. (Les Notules ? Par ici.)

«Invisible», Philippe Didion, 3 janvier 2016

Invisible comme dans 1visible, donc.

 

Référence

Delerm, Vincent, «Deutsche Grammophon», Kensington Square, 2004.

Postnéoyo ?

L’Oreille tendue a deux fils. Le premier l’avait introduite au yo. Le second vient de s’y mettre à son tour.

Le mot peut être une interjection, soit de salutation — «Yo ! Je m’appelle Stéphanie et je suis une ado pas mal colorée» (le Devoir, 4 août 2000) — soit de mise en garde — Yo ! Fais attention.

Substantif, il peut désigner celui qui l’emploie : «Elle a ressenti le climat particulièrement tendu de l’après-consultation, s’est fait suivre par “des jeunes yo !” munis de barres de fer qui voulaient lui faire un mauvais parti» (le Devoir, 5 août 2000).

Si l’on en croit certaines sources familiales, yo connaît maintenant un usage adjectival : T’es yo ! (Traduction approximative : T’es cool !)

Il y a plus fort encore. Selon le Devoir du 15 octobre, il existerait dorénavant un «style néo-Yo» (p. B10).

À quand le postyo, voire le postnéoyo ?