Les zeugmes du dimanche matin et de Marie-Hélène Voyer

Marie-Hélène Voyer, Précieux sang, 2025, couverture

«après un mois
à chiquer d’la gomme
pis à se limer les ongles
derrière sa Singer
elle a monté en grade
est devenue surveillante de section
toujours en train
de mémérer au contremaître
qu’on allongeait nos pauses
qu’on levait la pédale
qu’on volait
des boutons du fil
deux trois secondes
au temps compté» (p. 140)

 

«dans l’atelier ça craquait de partout
pas juste entre nous

tout a toujours été de travers
dans cette réguine-là

les planchers croches
les murs qui plient
les regards louches
pis les mauvais calculs
du gars de la paye» (p. 143)

Marie-Hélène Voyer, Précieux sang suivi de Voir avec des yeux de chair, Saguenay, La Peuplade, coll. «Poésie», 2022, 196 p.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 1er octobre 2025.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Autopromotion 859

Les libraires, numéro 151, octobre-novembre 2025, couverture

La revue les Libraires vient de publier un dossier intitulé «Le français au Québec : se délier la langue». L’Oreille tendue y cause.

Le numéro complet est disponible ici en PDF.

Table des matières du dossier :

Isabelle Beaulieu, «Anne-Marie Beaudoin-Bégin. Pour en finir avec les complexes», p. 44-45. https://revue.leslibraires.ca/entrevues/essai-quebecois/anne-marie-beaudoin-begin-pour-en-finir-avec-les-complexes/

Benoît Melançon, «Le français, oui, mais quel français ?», p. 46-47. https://revue.leslibraires.ca/articles/sur-le-livre/le-francais-oui-mais-quel-francais/

Équipe de la Vitrine linguistique de l’Office québécois de la langue française, «Naissances, vies et renaissances langagières», p. 48-49. https://revue.leslibraires.ca/articles/sur-le-livre/naissances-vies-et-renaissances-langagieres/

Vicky Sanfaçon, «Entrevue. Guy Bertrand. Une langue en direct», p. 52-53. https://revue.leslibraires.ca/entrevues/essai-quebecois/guy-bertrand-une-langue-en-direct/

Vicky Sanfaçon, «Entrevue. Daniel Brouillette. Une langue qui a de la gueule», p. 54-55. https://revue.leslibraires.ca/entrevues/litterature-jeunesse/daniel-brouillette-une-langue-qui-a-de-la-gueule/

«Questions de langue», p. 57-59. https://revue.leslibraires.ca/articles/sur-le-livre/question-de-langue/

Isabelle Beaulieu, «Parlez-vous l’ado ? Faites le test !», p. 61-62. https://revue.leslibraires.ca/articles/sur-le-livre/parlez-vous-lado-faites-le-test/

Curiosité voltairienne (et british)

Anne Hébert, Kamouraska, éd. de 1973, couverture

«The Queen ! Toujours the Queen ! C’est à mourir de rire. Qu’est-ce que cela peut bien lui faire à Victoria-au-delà-des-mers qu’on commette l’adultère et le meurtre sur les quelques arpents de neige, cédés à l’Angleterre par la France ?»

Anne Hébert, Kamouraska. Roman, Paris, Seuil, 1973, 249 p., p. 44. Édition originale : 1970.

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Le zeugme du dimanche matin et de Samuel Mercier

Samuel Mercier, Les mauvais jours finiront, 2025, couverture

Steven Guilbault «s’est empressé d’avouer avoir goûté à la “désobéissance civile” dans son jeune temps, sans jamais avoir pour autant sombré dans la violence — il s’est bien gardé de préciser qu’il a depuis détruit son cœur d’enfant, ses rêves de jeunesse et la possibilité d’un monde meilleur».

Samuel Mercier, Les mauvais jours finiront. Hommage aux indésirables, Montréal, Lux, coll. «Lettres libres», 2025, 197 p., p. 82.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Chantons le hockey avec Les Mecs comiques

Les Mecs comiques, On chante toujours mieux dans not’ char, 2001, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Les Mecs comiques, «Le hockey est malade», On chante toujours mieux dans not’ char, 2001

 

[Musique de Lance et compte]

[Commentateur]
Michel Bergeron avouez qu’c’est un match qui manque d’ambiance

[Michel Bergeron]
Eh le match est à l’image de Claude Quenneville, monotone, redondant et pas très viril

[Commentateur]
T’ennuies-tu du temps où t’étais coach Michel ?

[Michel Bergeron]
Ben j’ai des p’tits frissons quand j’pense au jackstrap de Dale Hunter

[Commentateur]
Le hockey a bien changé
Les joueurs sont millionnaires et sourient à belles dents

[Michel Bergeron]
Oui dans l’temps les gars avaient même pas d’dents

[Commentateur]
L’époque où Patrick Roy fermait toujours la porte

[Michel Bergeron]
Aujourd’hui, la porte, il l’arrache, hé

Où est passé le hockey de mon enfance
Dans l’temps où Robinson jouait à’défense
Les Nordiques avaient les frères Stastny
Mais à Montréal on avait Mark [sic] McPhee

Où est passée la glorieuse époque
Où le monde s’battait pour avoir la puck ?
La moitié des joueurs portaient pas d’casque
Pis l’autre moitié portaient la moustache

[Annonceur]
Michel Gou Gou Gou Gou Goulet

Hockey, hockey, où cé qu’t’es passé ?
Es-tu parti pour Tampa Bay ?
Hockey, hockey, où cé qu’t’es passé ?
Es-tu mort avec Maurice Richard ?

[Imitation d’Oscar Thiffault]
C’est Maurice Richard qui score et pis qui score
C’est Maurice Richard qui score tout l’temps

[Annonceur]
La première étoile, the first star : Gaston Gingras

Asteure tu payes neuf millions pour un compteur
Pis trente-deux et cinquante pour avoir une liqueur
Les patins à tuyaux sont démodés
Pis la Vietnamienne s’est fait congédier

[La Vietnamienne]
Congédier ? Ok bye bye !

Vous souvenez-vous des années quatre-vingt
Quand Steve Penney était notre gardien ?
Les Kings de Los Angeles et leur chandail laitte
Les Whalers d’Hartford et leur baleine verte

Hockey, hockey, où cé qu’t’es passé ?
Es-tu parti pour Tampa Bay ?
Hockey, hockey, où cé qu’t’es passé ?
Es-tu au cim’tière avec Pierre Lambert ?

[Ginette]
Pierre, ah, Pierre…
[Pierre Lambert]
Sacrament Ginette !

[Commentateur]
D’ici c’est très difficile de savoir si le but de Alain Côté était bon
Michel Bergeron est debout sur le banc d’son équipe et il enguirlande l’arbitre

[Michel Bergeron]
Ce n’est pas un repas, c’est une soupe-repas qui n’est pas un repas mais qui est une soupe…

[Commentateur]
Réjean Houle, est-ce que tu regrettes les années quatre-vingt ?

[Réjean Houle]
Comment ? Les années quatre-vingt sont finies ?
Ben oui mais pourquoi personne me l’a dit ?

[Commentateur]
Mario Lemieux, un commentaire ?

[Mario Lemieux]
Ben he… j’pense que… c’est sûr que… j’pense que… c’pas mal ça !

Hockey, hockey, t’as quitté nos salons
Mais tu nous a laissé Jean Perron
Hockey, hockey, envoie-nous ton sauveur
S’il vous plaît un autre Guy Lafleur

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture