L’oreille tendue de… Jean-Baptiste Andrea

Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle, 2023, couverture

«J’attendis, l’oreille tendue, dans l’espoir de saisir quelque chose de Pietra d’Alba, le son de l’air dans les branches si la fenêtre était ouverte, puisque c’était août. Mais le vacarme du dehors, cloches, carillons, automobiles qui cornaient via della Posta, m’ancrait fermement à Rome.»

Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle, Paris, Éditions de l’iconoclaste, 2023, 580 p. Édition numérique.

L’oreille tendue de… Emmanuel Bouchard

Emmanuel Bouchard, Parallèle 45, 2024, couverture

«“Samoussa”. Surprise par la voix de Leonel, Marguerite avait bougé brusquement, et son mouvement avait suffi pour que l’homme se lève et marche vers elle, l’oreille tendue, intrigué par la chanson que sa femme fredonnait pourtant pour la millième fois. Près des chaudrons, dans ce coin de la case où il ne se rendait presque jamais, il avait levé la tête, s’était approché encore un peu. “De quoi tu parles, ma femme ?” Il avait saisi fermement le bras de Marguerite, puis il avait répété les mots en marquant chacune des syllabes et en serrant les dents “De. Quoi. Tu. Parles ?”, comme s’il connaissait déjà la réponse à sa question. Quand il s’était approché de son visage pour lui chuchoter quelque chose, Marguerite avait levé les talons, tirée vers le haut par la force de son mari, puis elle avait gémi en grimaçant.»

Emmanuel Bouchard, Parallèle 45, Montréal, Mains libres, 2024, 197 p., p. 92.

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, la Chambre bleue, éd. de 1964, couverture

«Dans l’escalier aux marches usées, l’ombre était plus fraîche et Tony, ses vêtements sur le bras, montait un étage, trouvait, au fond du couloir, une porte entrouverte, Françoise, en robe noire et tablier blanc, qui changeait les draps d’un lit. Elle le regarda de la tête aux pieds et commença par rire.

“Vous, alors, monsieur Tony !… Vous vous êtes disputés ?…

— Chut…

— Que se passe-t-il ?…

— Son mari…

— Il vous a surpris ?

— Pas encore… Il se dirige vers l’hôtel…”

Il se rhabillait fébrilement, l’oreille tendue, s’attendant à reconnaître le pas mou de Nicolas dans l’escalier.»

Georges Simenon, la Chambre bleue, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 1329-1438 et 1664-1674, p. 1337. Édition originale : 1964. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.