Le zeugme du dimanche matin et de Chantal Thomas

Chantal Thomas, Cafés de la mémoire, éd. de 2017, couverture

«Son audace architecturale impressionnait. Moi aussi j’avais envie d’apprécier sa beauté, mais j’étais mal placée. À travers la transparence de ses baies vitrées se profilait, en même temps que les chênes et le pin du jardin, l’incertitude de l’avenir.»

Chantal Thomas, Cafés de la mémoire. Récit, Paris, Seuil, coll. «Points», P4657, 2017, 344 p., p. 107. Édition originale : 2008.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Chantal Thomas

Chantal Thomas, Cafés de la mémoire, éd. de 2017, couverture

«Les reines du Luxembourg n’avaient pas un regard pour moi. Elles restaient sourdes à mes demandes. Sous l’entrelacs de leurs tresses piquées de bijoux de pierre, elles semblaient tendre leur petites oreilles, à peine verdies à l’arrière du pavillon; en réalité, elles n’écoutaient rien.»

Chantal Thomas, Cafés de la mémoire. Récit, Paris, Seuil, coll. «Points», P4657, 2017, 344 p., p. 281. Édition originale : 2008.

Les zeugmes du dimanche matin et de Jacques Ferron

Jacques Ferron, l’Amélanchier, éd. de 1977, couverture

«Par ma mère Etna, ainsi nommée parce qu’elle se fâcha une fois, une seule, mais si fameusement que les jours et les ans, les semaines de résignation, de longanimité et de douceur, ne l’ont pas effacée des mémoires, j’ai deux gouttes de sang irlandais, de la malpropreté et de l’orgueil, je suis de race royale, ce qui n’a jamais été contesté dans le quartier Hochelaga où ma mère a grandi, puînée de trois frères résolus» (p. 21).

«pour semer de nouveau le blé, le mil et la gaudriole» (p. 111).

Jacques Ferron, l’Amélanchier. Récit, Montréal, VLB éditeur, 1977, 149 p. Édition originale : 1970.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Du sexe masculin

Bière Kékette, étiquette, 2020

Comme dans toutes les langues, l’appareil reproducteur masculin, entendu au sens large, a plusieurs synonymes dans le français du Québec : bizoune, poche, pissette, gosses, graine, fourche, pompe à l’eau, etc. etc. etc.

Comme en français de référence, les Québécois connaissent aussi la quéquette. Ils en ont même fait un proverbe : «Grosse Corvette, p’tite quéquette.»

Il y a donc lieu de penser qu’ils auraient hésité avant de commercialiser une bière sous l’étiquette Kékette.

Tous n’ont pas leurs scrupules.

(Merci à @ljodoin pour la photo.)

 

[Complément du 6 février 2021]

Autre synonyme dans l’Amélanchier (1970) de Jacques Ferron : «Il avait certes, une petite gueurlite, comme en ont tous les garçons, qui lui servait à faire la merveille du genre humain, c’est-à-dire pipi debout […]» (éd. de 1977, p. 61).

 

Référence

Ferron, Jacques, l’Amélanchier. Récit, Montréal, VLB éditeur, 1977, 149 p. Édition originale : 1970.

Le siège de la connaissance

Michel Tremblay, Conversations avec un enfant curieux, 2016, couverture

Avec quoi pense-t-on au Québec ? Avec sa bolle (sa tête). C’était avec elle que travaillaient, à l’Université de Montréal, les participants du jeu-questionnaire Bols & bolles.

Qui se sert de sa bolle est, bien sûr, une bolle.

Qui s’en sert beaucoup risque de se le faire reprocher : «Coudonc, t’es-tu bollée ?» (Ouvrir son cœur, p. 183) Une bollée, dans ce contexte, aurait aussi été acceptable, bollé(e) pouvant être une épithète ou un substantif.

Sur la bolle se trouvent aussi les cheveux (courts) : «Pis chus tanné d’avoir un rase-bol tous les étés» (Conversations avec un enfant curieux, p. 59).

Il est d’autres bol(le)s au Québec, mais ce sera pour un autre jour.

P.-S.—On voit aussi une bol et une bole, comme le montrent les exemples du Trésor des expressions québécoises (p. 47).

P.-P.-S.—On ne confondra pas le verbe de la connaissance et le siège de la connaissance.

 

[Complément du 3 avril 2024]

On voit aussi bolé : «Le jeune bolé qui sort de son labo à Québec (ou à Paris), peu importe sa langue maternelle, ne pensera pas à s’adresser à un passant en anglais, même s’il utilise l’anglais une bonne partie de son temps au travail» (la Presse+, 3 avril 2024).

 

Références

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.

Morin, Alexie, Ouvrir son cœur. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Écho», 29, 2020, 343 p. Édition originale : 2018.

Tremblay, Michel, Conversations avec un enfant curieux. Instantanés, Montréal et Arles, Leméac et Actes sud, 2016, 148 p.